Chapitre 18

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La sonnette résonna à travers la maison des Dubois, interrompant le joyeux brouhaha de la table. Beck se leva, laissant échapper un soupir amusé, et se dirigea vers la porte d'entrée. Thomas et Charlie se lancèrent un regard curieux.

Certains amours ressemblent à la drogue dure. On ne laisse pas tomber même quand c'est devenu une démolition. On est convaincue qu'en étant loyale, courageuse et capable d'obstination, les choses redeviendront comme elles étaient au début. Quand elles étaient extraordinaires. C'était ce qui se disait Charlie lorsqu'elle vit Gabe, là, dans son salon. Une silhouette familière surgissant du passé. Il était méconnaissable, vêtu d'une chemise blanche légèrement déboutonnée, dévoilant un torse hâlé marqué par le soleil et ses sessions de surf. Son haut était négligemment sortie de son pantalon beige, ajoutant une touche de désinvolture à son apparence pourtant impeccable.

«Désolé pour mon retard.», fit-il en passant une main dans ses cheveux châtains, les mèches désordonnées tombant devant ses yeux turquoise.

Thomas et Charlie se levèrent de table, mais leurs réactions étaient diamétralement opposées. Thomas s'élança directement vers Gabe, son visage rayonnant de joie à la vue de son meilleur ami. En revanche, Charlie restait figée. Immobile. Presque fascinée par l'apparition dans son salon.

Les boucles châtains de Gabe, à peine coiffées, volaient autour de son visage, exhalant une aura de liberté et de nonchalance. Elle rêvait, plus ou moins secrètement, de passer ses doigts dans ces boucles, de les accrocher tandis que son visage s'enfouirait dans le creux de son cou, ou entre ses-

«Charlie ?» l'appela sa mère, brisant les songes perverses qui la maintenaient captive.

«Oui ? Oui.» se râcla-t-elle la gorge en retrouva ses esprits. «Désolée» fit-elle pour cacher son embarras.

«Tu as changé d'avis ??» demanda Thomas à Gabe, en passant un bras accueillant autour de ses épaules.

«Je ne pouvais pas rater ton 25ème anniversaire.» rétorqua Gabe, un sourire malicieux dans les yeux.

«Assieds-toi, Gabe. Il y a de la place autour de la table.» offrit Beck.

«Oui, fais comme chez toi.» ajouta chaleureusement Alan.

Toute la famille prit son repas dans une animation entraînée par Thomas, qui semblait reprendre vie depuis que son ami était arrivé. Cependant, Charlie restait étonnamment silencieuse, toute son attention focalisée sur Gabe, assis en face d'elle.

Gabe remarqua son regard persistant et se pencha légèrement vers elle, ses lèvres formèrent un sourire complice. «Quoi ?» mima-t-il, la prenant sur le fait de l'observer.

Charlie haussa simplement les épaules et tenta de reporter son attention sur son assiette. Cependant, un contact inattendu sur sa cheville la fit sursauter. Son regard se tourna brusquement vers Gabe, qui ne la regardait même pas, son attention prétendument captivée par la conversation animée entre Eli et Alan. Charlie se dit presque que cette caresse était le fruit de son imagination.

Ça aurait pu être le cas si cette sensation ne remontait pas le long de son mollet. Un contact sensuel qui fit frissonner sa peau.

«Il me fait du pied ou je rêve ?»

Elle était sur le point de le repousser d'un coup sec lorsqu'elle ressentit une caresse plus audacieuse. Le contact de Gabe sous la table l'électrisa au point qu'elle laissa tomber sa fourchette dans son assiette. Le morceau de bœuf que sa mère avait tendrement (paraît-il) cuisinée fit gicler la sauce sur sa robe lilas, laissant une éclaboussure brune et grasse.

«Charlie ! Tu pourrais manger proprement !» gronda Beck pour la maladresse de sa fille.

Charlie se leva alors de table pour se rendre dans la salle de bain, déterminée à nettoyer ses tâches embarrassantes avec du savon de Marseille, un souvenir de leur dernier voyage en France.

A peine fut-elle dans le couloir, qu'elle entendit du salon : «Je vais aux toilettes». Dès qu'elle entra dans la salle d'eau, elle sentit, sans surprise, la présence de Gabe dans son dos.

«Qu'est ce qui te prend ? T'es malade ou quoi ?» chuchota-t-elle en espérant que personne ne l'entende du salon.

Gabe ne se souciait guère de la discrétion et répondit avec un volume normal. «Et toi alors ? On ne regarde pas un ami comme ça.»

«Et on ne fait pas du pied à ses amis !» paniqua Charlie.

«Oh...ça dépend des amis...» répliqua Gabe avec un sourire diabolique, lourd de sous-entendus.

Charlie secoua la tête, perturbée par cette étrange tension installée entre eux. Pour chasser cette boule dans le creux de son ventre qui venait de se former, elle décida de se concentrer sur sa tâche en prenant un gant de toilette humide afin de frotter sa robe à l'endroit où elle était salie.

Sans prévenir, Gabe se déplaça, pressant son torse musclé contre le dos de la jeune femme. Ses lèvres se rapprochèrent de son oreille, sa voix devenant rauque.

«Le lilas te va toujours aussi bien...» murmura-t-il, sa respiration chaude caressant sa nuque délicate.

Charlie tenta un mouvement de recul, mais Gabe la pressa davantage, enfonçant les hanches de la jeune femme contre le rebord du lavabo. Il avait un sourire mutin sur les lèvres, comme s'il se livrait à un jeu secret dont lui seul connaissait les règles.

Les joues de Charlie s'empourprèrent, son pouls s'accéléra, et elle avait du mal à trouver ses mots qui se perdirent dans ses soupirs. Son cœur battait la chamade, à la fois excitée et troublée.

«Je t'en prie, dis quelque chose.»

Leurs regards se croisèrent dans le miroir en face d'eux, qui reflétait leur image, à la fois déconcertante et captivante.

Gabe, tout en étant un géant parmi les hommes, semblait prêt à l'engloutir entièrement. Ses épaules larges semblaient prêtes à la couvrir d'une ombre protectrice mais brûlante. Pourtant, il y avait une tension palpable dans l'air, un désir obscur qui électrifiait l'atmosphère.

Les yeux de Gabe, autrefois clairs comme le ciel d'été, étaient devenus sombres, chargés de désir. Le cœur de Charlie s'emballa, ses joues s'empourprèrent, et elle sentit son pouls s'affoler, comme un animal en cage ou sur le point d'être consumer par un prédateur.

«Dis le.», grogna-t-il à son oreille.

Il glissa sa main sur les hanches de Charlie, la remontant lentement le long de sa taille, puis de son épaules, jusqu'à ses clavicules. Il écarta délicatement ses boucles brunes d'un côté de son cou, son souffle chaud effleurant la peau fine de sa nuque. Un frisson d'excitation parcourut Charlie alors qu'elle réprimait un gémissement involontaire.

«Que tu me veux.» finit Gabe, ses lèvres frôlant son oreille.

Leurs regardes se croisèrent une dernière fois dans le miroir, la tension entre eux devenant presque insupportable. Charlie sentait une pression entre ses cuisses sur le point d'exploser. Elle avait l'impression d'être en enfer tant elle avait chaud. Peut-être qu'elle l'était après tout. Et que son enfer s'appelait Gabe Hale.

Gabe se décolla doucement de Charlie, l'abandonnant à un état pantelant et essoufflé.

«On se retrouve dans le salon...petite étoile.»

Et il sortir de la salle de bain, laissant Charlie seule, les sens en émoi, les deux mains contre le lavabo pour retenir son poids.

«Putain, c'était quoi ça ???»

Untitled [Mature] {EN COURS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant