La cantatrice

3 1 0
                                    

Et, s'allumait en paix

Un tout jeune éphémère.


Un vieux pâtre attendait

Paisible sa bergère ;

Et déjà gravissait

Sous le ciel couvert

Le voile lumineux

D'un espoir attendu,

Implorant sous les cieux

Le cri des disparus.


Le spectre blanc glissait,

Fantôme de lumière,

Puis, calme, se hissait

Au sommet de la pierre.

Alors l'on vit deux yeux

D'un regard perdu

Sur le ventre rocheux

Réclamant le salut.


Répondant à l'appel,

Le vent tumultueux

Réveilla les mortels

Pour ce ballet des dieux.

Une voix s'éleva

Craquelant de toutes parts

Le terrible magma

Tracé d'un gris épars.


Alors, toujours plus haut,

Embrassant le tonnerre

Qui de sanglants échos

Arrachait les suaires,

L'armée de nuages

Roulant dans la poussière,

Sales mutants des âges,

Gâtaient d'un vert austère.


Les plaines s'embrassaient

D'une vibration amère,

Où l'hymne se mêlait

Aux sanglots du calvaire.

Emballés, tous les feux

Déchirèrent, violents,

Le son victorieux

D'un ascète relent.


Enfin, le glas dément

Se joignit au retour,

Vers les temps anciens

Des fidèles balourds.

La crête dégagée

D'un combat propice

Rêve encore, gênée

De la cantatrice.


Puis, s'éteignait en paix

Un ultime éphémère.



Sur le toit du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant