Lune rousse

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Je me souviens d'un terrible moment,

Le froid agressif

Mâchait tous mes muscles. Peu réactif,

J'ondulais sur la neige rouge sang.


Pourquoi possédait-elle cette couleur ?

Je ne le sais point.

La blancheur coulait toujours plus loin.

Soudain j'ouïs quelques fragments de pleurs.


En effet au détour d'un arbre mort,

Je vis un enfant

Qui, à ma vue, disparût sur le champ.

J'errais, toujours peinant sous mes efforts.


Alors tout à coup, je vis devant moi

Des renards en liesse

Faisant preuve d'une certaine hardiesse,

Tous crocs saillants, sortir d'un petit bois.


Poursuivi, je me mis à galoper,

Mais au ralenti ;

Mes pas collaient, je n'ai pas compris

Le pourquoi. Haletant, je continuais.


Quand je sentis leur haleine sur moi,

Mes yeux se baissèrent.

Les premiers, à déguster s'apprêtèrent.

Mais, le sol se déroba sous mes pas.


La chute fût monotone, et sans gloire.

J'entendais encore

Leurs lointains hurlements lugubres, sonores.

Ici, tout était calme. Il faisait noir.


Combien étaient-ils ? Je ne m'en souviens.

Pourquoi tout cela ?

Et même leur couleur ne me marqua ;

Ils ont pu être vert, ou bleu prussien.


Toujours est-il que de ma chute

Je me levai, las,

Bien emmitouflé au fond de mes draps,

En ce printemps où les oiseaux turlutent.


Surpris de cet étrange cauchemar,

J'ouvre mes volets,

Stupéfait de voir la neige tombée,

Y remarque des empreintes de renards.


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