Chapitre 2

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Comme tous les débuts de semaine, nous sommes en salle de conférence, une pièce située dans le château, sombre et austère éclairée par une lumière tamisée. Nous patientons autour d'une grande table en bois massif attendant l'arrivée d'Annabelle pour savoir ce que nous devons accomplir pour les prochains jours, généralement, il s'agit de quelqu'un que nous devons conduire à la mort pour le compte de l'entité mystérieuse pour laquelle nous travaillons. Parfois, il s'agit simplement de quelqu'un mal jugé sur ses façons de se comporter chez les mortels, un individu dont le destin a été scellé par des règles et des lois. Pour être honnête, je ne compte plus vraiment le nombre de personnes que j'ai dû tuer depuis des années maintenant, c'est une existence troublante, mais elle est devenue ma réalité quotidienne et c'est bien pour ça que, par ennui et lassitude, j'attends à côté d'Alicia, l'une des filles de Annabelle.

Elle entre avec son aura habituelle de mystère, attirant l'attention de tous. Je me redresse, consciente de son regard scrutateur. Elle s'appuie sur la table et annonce d'une voix ferme :

- Cette semaine, mes chers collaborateurs, nous avons beaucoup de boulot.

D'une main, elle affiche par magie un grand tableau où figure plusieurs visages ainsi que nos noms, où chacun se voit attribué une tâche. Une grimace traverse celui de Alicia, qui me regarde dégouter :

- C'est toujours les mêmes qui ont les garçons mignons.

- Tu as vraiment des goûts de merde.

- Cela suffit, clame Annabelle, Est-ce vous voyez où se situe vos cibles ?

- Pourquoi je me tape toujours les jeunes puceaux ! S'exclame Ava, la sœur de Alicia.

Sa bouche se tord, émettant un soufflement alors qu'un mec au visage de poupin est affiché au-dessus de son prénom. Sa mère serre le poing de sa main libre, lançant un regard meurtrier à sa fille qui ferme sa bouche instantanément. Si j'étais à leur place, je n'aimerais pas m'attirer les foudres de Annabelle, la chef de notre clan.

Avec un sourire, je dépose mes yeux sur les différents lieux qui nous sont imposés et m'adosse un peu plus sur ma chaise en remarquant que le mien est un night-club. Je m'exclame, ne cachant pas ma joie :

- J'adore ce genre d'endroit !

- Vicky, je t'interdis de faire n'importe quoi, hurle Annabelle en pointant son doigt sur moi.

- Je suis toujours sage.

Sans attendre, Alicia commence à pouffer à mes côtés, je la fixe en lui demandant :

- Tu as quelque chose à ajouter, Alicia ?

- Oh, moi je pense qu'après avoir fait ta part du travail, tu n'hésiteras pas une seule seconde à profiter du monde qui t'entoure.

- Je ne fais jamais cela.

- Menteuse.

- Je t'en prie, Vicky, nous savons tous à quel point tu adores les humains, se moque Ava, à l'opposé.

- Je ne rentrerais pas dans le débat, ajoute Andrew.

Un rictus apparaît sur ses lèvres, sachant parfaitement, en tant que fossoyeur, à combien s'élève le nombre de mes partenaires humains pour lesquels je l'ai abandonné à son travail.

- Ce n'est pas ma faute si cette espèce est faible.

- Tu ne te plains pas quand tu retrouves dans leur lit, crache Alicia.

Du coin l'œil, j'aperçois Annabelle se masser les tempes, murmurant :

- Oh, Lucifer, qu'ai-je fais pour avoir des filles pareilles ?

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