11- L'escape real

2 0 0
                                    

" Ma solitude est la base de mon idylle "

Une fois, les pieds dans le hall, les chuchotements se font plus nombreux. Au fur et à mesure j'avance et on me pointe du doigt. Les chuchotements deviennent des bavardages et les bavardages des moqueries.

Je ne sais pas à qui m'en prendre à part Kevin.

Cette histoire était déjà de trop en me tournant autour et il en a rajouté une dose en s'immisçant. Il est presque 9 heures et mon cours va bientôt débuter mais il faudrait que je vois Kevin avant tout, quitte à arriver en retard.
Je longe le couloir et me trouve devant les vestiaires des garçons. Généralement il a entraînement le mardi matin alors je frappe et j'entre. Je me tiens près de l'embrasure de la porte regardant de travers pour ne pas risquer de tomber sur des mecs à moitié ou totalement nus.

Kevin, j'ai besoin de te parler... Je-

— Dehors! Je reconnais cette voix que trop bien et je n'ose même pas imaginer le regard qui va avec. Je sors.

Tu fous quoi dans les vestiaires des garçons?

— J'avais besoin de te parler.

— Les textos existent. Ils allaient commencer par tous te mater!

— Si c'est le prix à payer pour te parler.

— Qu'est-ce que tu veux?

— Je te retourne la question! A quoi bon te dire quelque chose si c'est pour que tu envenimes la situation ?

— De quoi tu parles?

— Je parle de tout ce qui se passe actuellement. Marc me trompe, Sabrina ment, toi tu te bats avec lui et après quoi? Lydia sort avec lui? Tu ne peux pas te tenir à carreaux un instant? Tu fais tout pour que je sois le centre du sujet apparemment. Pourquoi?

J'inspire et je me sens complètement à bout de souffle.

Pourquoi? Dis-moi... rajouté-je à voix basse.

Il agit en salopard avec toi, il est même pas capable de tenir sa chienne et tu penses que je vais le laisser le faire!?

— Oui bah tu aurais dû!! Je t'ai rien demandé, je gérais ça très bien avant que tu ne puisses intervenir! Ça prolongera juste le temps que je passerai en tant que sujet principal du lycée merci!!

Je fais volte face et me retrouve né à né avec lui. Kevin me tient et me place derrière lui avant de lancer un regard glacial à celui en face de lui. Je me défais de sa poigne et prends le même chemin qu'à mon arrivée afin d'aller en cours.

Mademoiselle Sims, vous êtes en retard.

—  Je vous prie de m'excuser Monsieur ça ne se reproduira plus.

— Prenez place.

Monsieur Nirkoff est très gentil. De plus j'aime bien son cours d'art oratoire. Je suis régulière et assidue donc il prend facilement mon excuse.

Je me dirige tête baissée vers le seul bureau complètement vide. Tous les regards sont fixés sur moi. Non pas comme une célébrité mais comme un sac d'ordures en plein milieu d'une salle de fête.

Les minutes passent mais il est à peine 9h et demi. Monsieur Nirkoff nous explique comment percuter un public à partir dès première phrase lors d'une présentation. Mais je ne suis pas très avec lui aujourd'hui. Autres choses me tracassent.

Je prends mon cahier d'exercices et commence à dessiner des papillons sur les pages vierges. Ils sont si libres. Je les envie.
Je voudrais bien écrire quelque chose mais ici et maintenant ne sont ni l'endroit ni le moment adéquats.

Le cours de ce soir est annulé, à cause de la météo, le professeur ne pourra pas venir alors je profite de cette permanence pour rentrer rapidement.

Lydia n'avait pas cours ou du moins elle est arrivée en retard au cours d'un professeur qui n'en accepte pas et a pris sa journée.

En y pensant un peu plus, je ne rentrerai pas directement. Je vais faire un tour au parc.

C'est un petit espace à dix minutes de chez moi.  Il y a une balançoire, un toboggan, un banc pas très loin et quelques arbres. J'adore cet endroit. Il m'aide à me libérer des mauvaises ondes et à prendre un nouveau depart. Là, je peux me poser et écrire correctement.

Mardi 17 novembre 2020.
16h03 GMT.

Qu'est-ce qu'il m'arrive encore?  Tout ce qui me dépasse je commence à l'oublier. En vérité, m'en souvenir serait un grand mal.  Je dois chercher à m'occuper sinon je ne trouve aucun moyen de ne pas y penser. Comment tout cela a pu arriver ? Je me suis laissée si vite tentée que je me demande si c'était de l'amour ou de l'aventure. Je ne referai plus cette erreur, mais pour avancer, je dois me pardonner.

Ce n'est pas très facile. Les larmes me viennent toujours en public ou dans les lieux publics et là je me retiens. Quand je suis seule je ne sens aucune émotion à part celle qui m'encourage à me séparer de la vie. À quand mon changement et ma croissance?

Je ferme mes yeux et je m'imagine un paysage. J'ai lu quelque part sur le net que se projeter dans un endroit qui nous inspire la paix aide à se sentir mieux. Alors, je m'imagine une idylle pendant cinq minutes chrono.

Une petite île avec des palmiers et des cocotiers. Des tables décorées d'amuses bouches et de patisseries. Je suis allongée là, sur le sable chaud, seule. Les oiseaux dans le ciel sont magnifiques et les nuages couvrent parfaitement le soleil. Le temps est agréable. Le moment est mémorable. Il n'y a rien ni personne pour me troubler et tout ce dont j'ai envie est prêt de moi.

La brise balaie la mer et vient me frapper de plein fouet et une musique douce me passe dans les oreilles: Everything I wanted de Billie Eilish. Elle passe en boucle et je me sens bien.

J'oublie tout et je me sens bien.

Mon chronomètre me sort de mes pensées et je range mes affaires pour rentrer. Ce genre de petit moment solo m'aide toujours à me remettre les idées en place. Je peux mieux réfléchir et essayer d'arranger les choses. Je rentre me reposer et j'espère après ça trouver un moyen de ne plus être le centre de l'attention.

Amour sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant