chapitre 3

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Je me retrouvais dans la chambre de Lisa. Celle-ci était simple, mais spacieuse et agréable. Son matelas était grand, mais à même le sol, cela devait lui donner un mal de dos.
Elle disposait aussi d'un grand bureau sur le mur du fond, et à sa gauche, il y avait un chevalet ainsi que la peinture sur une grande feuille. Elle avait une fenêtre qui était ouverte, celle-ci donnait sur le jardin. C'était agréable étant donné qu'un rosier donnait sur celle-ci, et que si le plaisir lui prenait, elle pouvait se tirer une fleur à conserver dans une jatte d'eau. Cela sentait incroyablement bon, ce qui me donnait une bouchée d'air frais.
Il y avait aussi le soleil qui donnait en fin de journée dans sa chambre, il n'y a pas de doute, malgré son état et sans doute la précarité de Lisa, on sentait qu'il faisait bon d'y vivre.
Lisa entrait en première et prenait la direction du lit, sur lequel elle s'affalait de toutes ses forces. Je la suivais timidement, mais je n'osais pas m'asseoir avec elle, ce qui fit apparaître un petit sourire sur son visage.
- Viens, installe toi sur le lit, tu seras mieux !
Je l'écoutais et suivais ce qu'elle me disait. Son lit sentait son odeur, et j'étais l'obligée de lui résister.

Elle me regardait pendant plusieurs longues minutes au début. Je ne faisais rien, sous son regard insistant, j'avais simplement baissé la tête. Ce qui, sans doute au bout d'un moment, la faisait rire, de par son éclat qui se dégageait d'elle.
- Tu sais Jennie, je suis un peu nerveuse, alors discutons un peu, tu fais quoi d'autre dans la vie ?
J'hésitais à lui répondre, mais à vrai dire, est ce que j'avais la quelque chose à perdre ?
- J'ai terminé mes études en droit pénal, mais je n'ai pas trouvé d'emploi, j'ai voulu continuer, mais avec la pression cela m'a vite décourager. Alors j'ai poursuivi mon job étudiant, dans cette épicerie, mais j'y travail encore qu'à mi-temps, ce n'est donc pas toujours facile.
En entendant ça, Lisa se redressait, il y avait des étoiles dans les yeux, elle semblait heureuse de par le sourire qu'elle me laissait paraître.
- Tu ne travailles qu'à mi-temps ? Super, je pourrais te voir plus souvent !
Je ne m'attendais pas à ça, surtout pas à être embarqué de la sorte de part des idées qui fusaient à toute vitesse dans sa tête.
- Heu oui, si tu veux...
Je baissais la tête rouge de honte alors que Lisa elle, était pleine d'énergie et ne s'en souciait même pas.
- Dit Jennie ! Et si tu restais dormir ici cette nuit ?
Je relevais la tête, elle n'a quand même pas osé ?
- Non, je dois rentrer chez moi.
Je me levais brusquement, et prise de panique, je commençais à partir.
- Pourquoi ça ? Tu ne travailles même pas demain ?
Je me retournais choquée.
- Comment tu sais ça ?
Je le voyais, elle baissait la tête honteuse.
- Je... Ça fait quelque temps que j'avais envie de t'inviter, mais je n'osais jamais...
Cela me choquait, l'envie de dire « il suffisait de le faire » alors que je savais moi-même que je n'aurai jamais osé.
Je commençais réellement à partir, sans rien dire, Lisa m'arrêtait en prenant mon bras.
- On se reverra hein ?
Je la regardais, elle semblait inquiète, ce qui me troublait et, en même temps me faisait plaisir.
- Donne-moi ton numéro, et on se retrouve en ville demain après-midi ?
Un sourire illuminait son visage, elle était, magnifique. Elle sortait un bout de papier et un crayon, comme si elle avait préparé cela depuis le début. Elle me le tendait avec un grand sourire, alors, sans même savoir pourquoi et en me sentant rougir, j'avançais vers elle, lui prenait tout en prenant le temps de lui faire une bise sur la joue. Puis je retournais chez moi.

Mon appartement est un peu plus loin de chez elle, je dirai à une bonne vingtaine de minutes en transport en commun. À pied ? Le double sans doute. Malheureusement, en rentrant chez moi, je sentais les problèmes me revenir, le stress, l'angoisse même. Je me suis rapidement retrouvé dans une zone mal desservie, avec des appartements qui ne sont pas toujours en bon état. Autre signe, il y avait peu de monde, ce qui ne me faisait pas plaisir.
J'entrais dans l'un des immeubles, je montais quatre longs étages, puis j'ouvrais la première porte.
Mon appartement était bien simple, un studio de 18 mètres carrés en une seule pièce. Première porte sur la droite, 2 mètres carrés pour les toilettes, juste après, un placard, des plaques de cuisson, un évier et un mini frigo. Ensuite la pièce principale, une bibliothèque sur le côté, un bureau qui me sert de table, un canapé convertible en lit. Et sur encore la droite, dans un renfoncement, un lavabo sur lequel repose un évier et une douche.
Depuis le temps que je me trouvais là-dedans, j'en souffrais bien assez, et c'était à force assez désespérant.
Je me marchais dessus, dès que je voulais faire quelque chose, j'étais obligé de refermer mon canapé. Mon frigo était si petit que j'étais obligé d'aller en course tous les jours si je voulais avoir du frais, mais je suis là au milieu de rien, donc c'est tout de suite plus compliqué.
Je m'installais sur le lit et je commençais à attendre, l'ennui me venait vite. Bien sûr, je pensais à Lisa, elle avait tout ce que je recherchais, un cercle social de plusieurs amies, un bon appartement, elle était sportive et dynamique, prête à faire plein de sortie. En somme, l'exact opposé de moi.

J'entendais un bruit sur mon téléphone, c'était un message de Lisa, elle me demandait si j'étais bien rentré. Je trouvais ça mignon, mais ce qui l'était encore plus c'était la suite du message « j'ai hâte de te voir demain ».
J'avais répondu que moi aussi. La conversation continuait en parlant un peu plus de nous, jusqu'à ce qu'elle demande des photos de mon appartement.
J'avais d'abord, hésiter à lui en envoyer. Mais après tout, pourquoi lui cacher des choses ? Cela est un peu ridicule et sans importance.
Alors, je l'avais fait, et, après une bonne dizaine de minutes sans réponse, elle avait simplement ajouté : « Mmmm, on va devoir trouver une solution ». Puis un, « a demain » avait fait son apparition.

Deux heures plus tard, à 23 heures passées, alors que j'allais essayer de m'endormir, je recevais un coup de téléphone. Je prenais bien le temps de regarder, il s'agissait de ma mère. C'était étonnant, étant donné qu'elle venait rarement prendre des nouvelles.
- Allô maman ?
- Jennie ? Comment ça va ?
Je baillais pour lui montrer ma fatigue.
- Tu m'appelles un peu tard non ?
- Oh oui excuse moi, je voulais depuis plusieurs jours, mais je ne faisais qu'oublier ahah.
À ses mots-là, je sentais mon cœur souffrir.
- Tu es venue pour prendre des nouvelles ?
- Bien sur ma chérie.
Je prenais le temps de répondre. À vrai dire, même si on ne se donnait pas souvent des nouvelles, je n'avais pas grand-chose à lui dire.
- Écoute, dernièrement, il ne s'est pas passé grand-chose. Le boulot me prend du temps.
Elle laissait, à chaque fois un peu de temps avant de répondre, elle faisait ça à chaque fois, et j'en avais horreur, car c'était pour moi un grand moment d'angoisse.
- Mmmm, il faudrait que tu sortes en effet, mais trouve toi un autre boulot aussi, tu pourrais faire cet effort.
Vu la direction que ça prenait, forcément, ça me coinçait un peu plus.
- Maman, on en a déjà parlé, je ne fais que de recevoir des lettres de refus ou des non réponses. C'est épuisant à force.
- Oui, mais il faut te forcer.
Encore une fois, elle appuyait là où ça faisait mal.
- Écoute maman, j'ai des choses de prévu demain, alors je vais te laisser ok ?
Mais elle m'arrêtait, comme elle aimait si bien le faire.
- Attends, tu n'as toujours trouvé personne ? À quand j'aurai une descendance ?
Elle se lançait sur ce terrain à chaque fois, elle ne savait pas encore pour un mon homosexualité, je savais que ça pouvait porter problème et que ça ne m'aiderait pas.
- Non personne, au revoir maman.
Après cela, je pouvais enfin être tranquille pour m'endormir.

La lumière (Jenlisa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant