La Voie des Anges - Partie Finale (A Supernatural Story)

Chapitre 13

Maeve est devant la porte 312, figée sur place malgré sa volonté. Elle voudrait avoir le courage de lever la main, de serrer le poing, de cogner contre la porte de la chambre et de tourner la poignée. Derrière elle, Dean fait mine de ne pas voir son hésitation et s'occupe comme il peut, regardant distraitement son téléphone à l'affut d'un message imaginaire qui permettrait à Maeve de se sentir moins observée.

- Dean, entend-elle dans son dos.

Celui-ci se retourne, baisse sa garde, sourit. Il prend son ami dans ses bras, sincèrement soulagé de le revoir après ces quelques jours d'absence. Maeve, en revanche, n'a pas besoin de se tourner : elle sait déjà que son père se tient derrière elle. Elle sent cette aura lumineuse et emplie de chaleur contre son dos.

- Viens, reprend Castiel, laissons-les discuter un peu.

La seconde suivante, le père de Maeve prend Dean par l'épaule et tous deux disparaissent. Cette fois, Maeve ne peut plus reculer. Dans un élan de courage elle toque contre la porte, anxieuse comme elle l'a rarement été, et entend des pas se diriger vers la porte.

- Dean, entend-elle d'une voix étouffée par les murs, t'as encore oublié ta clé ? Non mais franchement, tu... oh.

Alors, Sam la voit. Il voit Maeve se tenir là, les yeux fatigués d'une nuit éprouvante et sans sommeil, les bras et le visage parsemés de terre, de sang d'animal et de tatouages vaudous en tous genres. Maeve s'attend à tout : elle s'attend à ce qu'il crie, à ce qu'il boude, à ce qu'il lui tourne le dos et lui claque la porte au visage. Au lieu de ça, Sam avance vers elle et la serre contre lui, dans la chaleur de ses bras, les mains parcourant ses boucles ébouriffées.

- Oh, Maeve, souffle-t-il contre son oreille.

Il semble... soulagé. Oui, c'est ça. Il est soulagé de la revoir sur le pas de la porte, même si elle est sale, fatiguée et qu'il peut sentir son angoisse jusque dans son propre corps. Il la serre dans ses bras, encore, ne voulant plus la lâcher ; plus jamais.

- Je suis désolée d'être partie, lui dit-elle enfin, la tête contre son torse.

- Tout va bien. Tu es là, et tu vas bien, alors tout va bien. Je t'aime, Maeve. C'est tout ce qui compte.

- Moi aussi je t'aime, Sam Winchester.

Alors, Maeve et Sam quittent leur étreinte et ce dernier peut à nouveau la regarder, étudier les symboles sur son corps et tenter de deviner ce qui lui est arrivé.

- Le rituel de Reine s'est passé comme prévu ? lui demande-t-il.

- Je... oui. Oui, il s'est passé comme prévu.

- Bien.

Sam la regarde, penche un peu la tête et sourit. Derrière lui, endormi, Bunny met les pattes sur ses yeux comme pour empêcher de voir les événements qui vont suivre. Les animaux sentent quand quelque chose de spécial se produit, Maeve n'en doute pas. Et elle sait que les prochains moments vont être difficiles. Comme s'il lisait dans ses pensées, le sourire de Sam se rétracte et son air sérieux refait surface.

- Et maintenant ?

- Maintenant, répond-elle dans un soupir, je dois te demander ton aide. Vous demander votre aide, à tous les trois.

Alors, Maeve prie son père afin qu'il revienne et quelques secondes plus tard, Castiel et Dean apparaissent dans la chambre, prêts à faire ce qu'il faudra. Maeve assise sur le lit de Dean, Sam sur le sien, Bunny allongé dans son panier et Castiel et Dean debout devant tout ce beau monde, chacun prend conscience de sa présence dans cette petite piaule de ce petit hôtel de cette grande ville pleine de magie.

Après avoir fait le topo de ces dernières semaines, partant du jour de son départ de la maison du lac jusqu'au moment de tous les retrouver ici au petit matin, heureuse que personne ne surréagisse en apprenant la mort d'Hermogène aux Maldives, Maeve explique à sa famille ce que Reine lui a annoncé cette nuit, épuisée par les derniers événements.

- Reine pense avoir trouvé le moyen de m'aider, conclut-elle. De faire ressurgir la partie manquante de moi ; autrement dit... mon essence divine. Ma grâce angélique. Du moins, c'est ce qu'elle pense.

- Elle est certaine du résultat ? demande Dean, soucieux.

- Non, répond clairement Maeve. Elle n'a jamais pratiqué le rituel auparavant, en fait, personne de vivant ne l'a pratiqué et il donc difficile d'en connaître les vrais effets. Et... ce n'est pas tout.

Castiel se penche vers l'avant les sourcils froncés, Dean lève les yeux au ciel, pas étonné du tout par cette nouvelle et Sam, de son côté, s'efforce de sourire. Il tient à être la personne, dans cette pièce, capable d'aider Maeve à supporter ce qui devra se produire.

- Reine a été très claire : je vais souffrir le martyr. Physiquement, psychologiquement, le rituel va me faire du mal et m'affaiblir. C'est pour cette raison que je devais d'abord me retrouver sous l'emprise de son rituel de purification, afin que mon corps tienne le coup. C'est pour cette raison que j'aurai besoin de votre aide... si vous acceptez de me la confier.

- Bien sûr, répond Dean du tac-au-tac.

- Sans hésiter, continue Sam, oui.

- Maeve...

Oh, non. Maeve se tourne vers son père, lequel continue d'afficher cette mine sérieuse et concernée dont la jeune femme ne raffole pas. Il avance vers elle, touche sa joue, prend ses mains. Et alors, son visage morne se moue dans un air plus serein. Plus confiant.

- Tu es ma fille, et je... Je ferai tout ce qu'il faudra. Je resterai avec toi, toujours, je te l'ai promis. Alors si ce rituel, c'est vraiment ce que tu veux, oui. Je te suivrai. Nous le ferons tous.

Maeve sourit. Elle ne sait pas ce que l'avenir lui réserve. Elle ne sait pas si le rituel vaudou de la famille Laveau va fonctionner, si tout se déroulera comme prévu car en réalité, ça n'est quasiment jamais le cas. Pourtant, en cet instant, en regardant sa famille et en voyant comment eux la regardent, Maeve Clarke n'a peur de rien. Elle est prête, quoiqu'il arrive. Alors, elle hoche la tête, signe de remerciement, les yeux brillants par l'émotion ; puis, elle porte les mains vers ses cheveux qu'elle ramène en arrière et attache dans un chignon, ses belles boucles rousses glissant contre le bas de sa nuque.

- Dans ce cas, dit-elle finalement en se redressant, on a du travail.