Chapitre 16 - Après la guerre (Partie 1)

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« 2 juillet.

J'ai encore fait le mur cette nuit, mais George m'a grillé. Cette petite fouine pose beaucoup de questions et j'ai peur qu'il en parle aux parents. Par chance, j'ai pu négocier son silence en échange du mien sur le fait que je l'ai surpris en train de fumer une des cigarettes de maman. Étant donné la tête qu'il a tiré en recrachant ses poumons, je doute que cette andouille ne devienne un consommateur régulier à l'avenir.

D'ailleurs, je me suis rendu compte avec cette histoire que j'ai beaucoup réduit ma consommation perso. William est très efficace lorsqu'il est au petit soin. Je ne savais pas que c'était même possible dans une relation. Que ce soit avec Drew ou un autre, je n'ai jamais eu cette sensation d'être en symbiose. Mais, malheureusement, je n'ose pas mettre le sujet de l'avenir sur la table. J'ai tellement hâte de partir, de m'envoler loin d'ici ! C'est viscéral, j'en ait tellement besoin. Sauf que je ne sais pas s'il me suivra jusqu'à San Francisco. Je ne connais même pas ses plans pour l'avenir. Il ne devait rester chez sa famille d'accueil que jusqu'à l'obtention de son diplôme de fin d'année, mais il est encore là. Je brûle d'envie de lui dire que je l'aime, mais si ses mots franchissent mes lèvres, alors je ne pourrais pas le laisser partir. »

(Fin du journal)



La main est experte, le geste habituel, une routine bien huilée, pourtant ce soir Thomas n'arrive pas à se détendre. Il se laisse tant bien que mal manipuler sous toutes les coutures sans décrocher ses yeux de la porte du vestiaire. C'était son point d'ancrage pour ne pas grimacer lorsque les doigts tâtèrent le début d'hématome sous sa mâchoire.

- Je ne sais pas comment tu te débrouilles pour n'avoir perdu aucune dent depuis le temps, gamin, déclara la voix naturellement enrouée de Lachlan qui ajouta une dernière annotation sur son calepin. Tu dois avoir la tête dure.

Thomas arrêta sa contemplation tourna son regard vers le médecin qui préparait déjà son matériel pour entamer les soins. C'était toujours comme ça que ça se passait. Après un combat, il devait toujours constater les dégâts et les répertorier avant de guérir, aussi douloureux cela puisse-t-il être. Et ce soir, l'examen était rapide.

- Elle est en colère ? demanda finalement le jeune homme, les poings serrés sur les cuisses.

- Tu le sauras bien assez tôt.

L'appréhension de Thomas ne diminuait pas. Cette soirée était une catastrophe. Tous les combats qui devaient suivre le sien avaient été annulés et toutes les mises de son duel allaient être restitué. Il avait raison d'avoir la trouille en ce moment même, craignant ce qui allait lui retomber dessus. Pourtant, une petite part de lui était soulagée. Car il avait bien compris son désavantage dans son face-à-face et il ne devait son salut qu'à une seule personne.

- Ils ont changé ton adversaire au dernier moment, il me semble, dit Lachlan en appliquant de la crème sur la mâchoire du jeune homme. Le planning t'avait remis contre Stark, comme le mois dernier. Lui au moins, il était à ton niveau, comparé à cette brute de Menta. Je ne comprends pas pourquoi Caligula a demandé ce changement.

Thomas non plus. Il eut mouvement de recul et une grimace lorsque la main du médecin appuya contre sa côte. Lachlan était un homme un peu bourrin, le jeune homme le savait. La première fois qu'il avait eu affaire à lui, il avait eu peur de finir en pire état que celui dans lequel l'avait mis son adversaire. Mais malgré sa carrure si large qu'il passait à peine les portes, il était doux comme un agneau.

Comme médecin, le quinquagénaire avait déjà fait ses preuves. Lors de son premier combat, Thomas s'était retrouvé avec une belle fracture du cubitus que le praticien avait été capable de réduire et de soigner en quelques semaines. Il fallait dire qu'il s'était jeté dans la fosse sans réfléchir, pensant pouvoir s'en tirer avec sa faculté, or, il avait été envoyé au tapis en moins de cinq minutes. Cela faisait déjà quatre mois et ça lui paraissait presque lointain.

Annabelle Storm - Les Oubliés de l'EmpireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant