Romain et Morgane

Chapitre 2

Ça fait maintenant quinze jours que je bosse pour le groupe ICARE. J'ai vite pris le pli du trajet et de mon poste. Je vois enfin ce qu'est vraiment ICARE. Une énorme structure aux multiples ramifications dont le parfum n'est qu'un petit aperçu. Je suis d'ailleurs affectée à ce secteur. Je suis contente et apprécie beaucoup mon poste.

Dans les locaux réservés aux salariés, je me sens bien, j'ai trouvé mes marques et j'y évolue sans aucun souci. Les vestiaires sont simples mais efficace. J'y dépose on sac et enfile mon blaser de boulot. Sobre et à la coupe féminine, c'est le moyen de m'identifier aux yeux de la clientèle comme conseillère de vente. Dessus trône un badge doré avec mon prénom. Une fois prête, je descends pour rejoindre le magasin et le secteur parfumerie ou je travaille.

Comme tous les matins, je marque un temps d'arrêt devant l'affiche du palier. On y voit Adèle Duval qui est penché sur un flacon de parfum mais ce n'est pas pour ça que j'aime cette affiche. Je l'aime pour le paysage en arrière-plan. On y voit une rue pavée, bordée de maison en pierre typiques, dans les lumières du soleil couchant. Ça me fait penser à Madrid. Je retiens un petit soupire et baisse les yeux. Pour être honnête, ça me fait penser à Madrid oui, mais plus particulièrement à ma dernière soirée là-bas et à un homme bin particulier. Je me perds dans mes souvenirs.

"- Romain..." je lâche.

Le souvenir de ses yeux bleus magnétique m'envahit. Son visage me revient avec une précision incroyable. Nous n'avons passé que quelques heures ensemble et pourtant son image est gravée en moi. C'était un coup de de folie de suivre ce parfait inconnu à travers les rues de Madrid. Mais lorsqu'il avait posé son regard plein de mystère sur moi, j'en avait frissonné de la tête et aux pieds et je savais que si je refusais, je le regretterais.

"- Mademoiselle Martin !"

Je sursaute, tirée de ma rêverie et me retourne pour faire face à mon manager, Mr Durand. Il me dévisage avec un air froid et hautain.

"- Bonjour Mr Durand." je dis.

Il gère tout le magasin et s'assure que chacun soit à sa place quand il le faut. Pédant et macho au possible, il voudrait encore évoluer dans la société, sans succès. Ce n'est un secret pour personne et il est très souvent au cœur des conversations dans les vestiaires. C'est peut-être à cause de ses échecs qu'il est aussi aigri et désagréable avec ses employés. En tout cas, depuis que je lui, je n'ai jamais entendu un truc gentil sortir de sa bouche.

"- Vous avez vu l'heure ?" Il lance.

Oui, je sais exactement l'heure qu'il est et je sais pertinemment que je ne suis pas en retard. Il ne m'aura pas comme ça.

"- Le magasin n'a pas encore ouvert ses portes Mr." Je dis.

Je lui montre les allées désertes et les lumières encore éteintes. Vide le magasin me fait penser à une cathédrale abandonnée. Mais j'aime cette tranquillité avant le rush qu'il peut y a voir dans la journée.

"- Votre stand doit être impeccable. Dois-je vous rappelez que l'image du groupe passe par... Il commence.

- Non Mr, c'est inutile, j'ai une très bonne mémoire. A présent, je crois qu'il est effectivement l'heure d'aller prendre mon poste. Permettez que je vous laisse, je ne voudrais pas être en retard." Je dis.

Avant qu'il ne réplique quoi que ce soit, je m'éloigne un petit sourire aux lèvres. Je sais que je devrais éviter de le provoquer vu qu'il est susceptible mais il m'agace et je reste néanmoins toujours très courtoise avec lui. Il peut me faire une vie infernale ici alors je devrais prendre plus sur moi quand je le croise.

A mon poste, je vérifie que tout est bien place que l'alignement des produits est bon, que les testeurs sont toujours valables et j'en profite pour en remplacer certain. Tout est bon, il ne reste plus qu'à attendre les clients. Je me place dans le carrée central ou est ma place, vérifie le bon fonctionnement de la caisse, ainsi que les caisses d'échantillon soit pleine. Un tintement retentit et les lumières s'allument. Le magasin ouvre ces portes, c'est parti.