PROLOGUE

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Je dédie ce récit à toutes mes petites flammes éteintes. Des fois il nous suffit d'un peu d'oxygène pour raviver nos espoirs ⭐️

Noahm

— Peux-tu m'expliquer en quoi ceci te frustre ? 

Org, je n'en peux plus de cette séance qui n'en finit jamais... Il est à peine sept heures du matin et me voilà dans le bureau de mon psychiatre à déchiffrer des images, puis ensuite à venir comme un enfant de cinq me justifier sur mes choix et mes émotions.

— Je n'en sais rien, j'y arrive pas tout simplement, me vexais-je machinalement.

Le cinquantenaire me faisant face vient se masser les tempes une énième fois, sûrement déjà agacé par ma personne. Ses petites lunettes sont tachées par endroit, ne me permettant pas de me concentrer correctement sur l'exercice demandé.

— Noahm, fait un petit effort, je sais que le processus est fastidieux, mais nous croyons en toi.

Mon œil, oui !

Il attrape son carnet posé depuis le début de la séance sur la minuscule table à sa droite. Je n'aime pas que l'on prenne des notes lorsque je m'exprime, on se croirait comme une bête de laboratoire, suivie de près et observée sous toutes les coutures.

S'il écrit pendant que je parle : je me braque et si mes réponses sont : je ne sais pas, lui aussi va se braquer.

En bref, on n'avancera jamais à rien. C'est pour cela qu'il le garde en main, mais n'écrit jamais rien en ma présence. Bien sûr, il se dépêchera sûrement de le faire une fois que j'aurais posé un pied hors de son bureau.

Le Doc s'éclaircit la gorge avant de poursuivre :

— Bon, mon garçon, dis-moi plutôt comment tu vas ? Il me semble que c'est ta deuxième semaine de rentrée. 

Comme à mon habitude, ma première réponse serait de dire : « Je ne sais pas », mais depuis peu, j'essaie vraiment d'avancer, bien que cela m'agace fortement.

La pointe de son stylo tape frénétiquement et en rythme sur la page d'un blanc encore immaculé, tous ces bruits vont finir par m'achever.

— Je...Je suis constamment énervé pour ne pas changer, argumentais-je sardoniquement, mais à la maison, j'arrive à m'apaiser, c'est déjà ça... On dirait qu'à l'école le paysage est orageux et qu'une tempête risque d'arriver prochainement. Alors qu'à la maison il fait chaud, mais ce n'est pas lourd, la pluie bat sur les fenêtres et les nuages sont clairs.

Mes mains se serrent puis se relâchent, s'accordant sur la mélodie de ses tapotements, afin de me canaliser.     Mon médecin me sourit franchement, heureux que je mette en pratique son stupide exercice. Bon, il est vrai que celui-ci fonctionne bien, mais j'ai l'air d'être en maternelle ! 

C'est une méthode assez récente, mais ayant déjà porté ses fruits. Avec ma mère, nous l'utilisons fréquemment pour communiquer. Parfois, il faut faire des compromis pour avancer...

— C'est normal que tu te sentes sur les nerfs, pour pouvoir accueillir le reste, il faut que tu puisses libérer toutes les émotions néfastes ancrées au fond de toi. 

Toujours ses discours philosophiques et utopistes...

— D'accord Platon, je penserais à libérer mes chakras la prochaine fois... Ironisais-je.

Le Doc rit à ma réplique, ne prêtant plus attention à mon irritation. 

Il est huit heures, ma séance va se terminer.

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