Chapitre 17 - Ne pas les oublier

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Sa jambe le lançait, mais Jude n'en avait rien à faire. Ne pas avoir pu localiser Thomas partout où ils avaient cherché l'avait déjà suffisamment épuisé, surtout parce que la population de Melbourne était relativement dense et beaucoup plus peuplée en Classés qu'à San Francisco.

Puis il y avait eu l'appel de Leag et Solaria avait subitement changé de direction, sous les coups de klaxons désapprobateurs autour d'eux. Il ne s'attendait pas à ce que son ami décide de lui-même de se présenter au domicile de ses deux sœurs. Son radar confirma sa présence lorsqu'ils arrivèrent dans le quartier et son rythme cardiaque s'emballa. Il ne savait pas à quoi s'attendre.

Il quitta la voiture mal garée dans l'allée et fit un faux pas qui raviva sa douleur, mais il serra les dents et remarqua immédiatement Leag et Evan, assis sur la pelouse devant la maison. Il les interrogea du regard, se retenant de lire leurs pensées.

- Qu'est-ce que vous fichez dehors ? demanda Solaria en verrouillant la voiture.

- On constate que vous avez une bonne isolation phonique, répondit Leag avec un morceau de réglisse entre les dents.

Ne comprenant pas son ironie, la grande blonde amorça quelques pas vers la maison mais Jude l'arrêta. Il parvenait à ressentir toute la tension, les mouvements rapides, les sentiments exacerbés.

- Quoi ? Ils s'envoient en l'air dans le salon ?

- Sol, t'es dégueu ! répliqua Heira avec une grimace dégoûtée.

- Je préfère ça au fait qu'ils soient en train de s'étriper.

- On ne serait pas dehors si ça avait été le cas, dit Evan qui épousseta son short une fois debout. Au début, ils ont pas décroché un mot et on pensait qu'on devrait vous attendre. Mais quand ils ont commencé à parler, c'est vite parti en vrille.

Comprenant la gravité de la situation, Jude prit les devant, la main sur sa cuisse pour contenir la pression de sa jambe et franchit la porte après l'avoir ouverte mentalement. Il ressentait tellement d'animosité qu'il avait l'impression de plonger dans un nuage de chaos et de hurlements.

- Ce que tu as fait était complètement irresponsable !

- Oh, pardon, Monsieur l'Ingrat, d'avoir sauvé votre peau d'une mort atroce.

- Est-ce que tu as la moindre idée de la situation complètement merdique dans laquelle tu t'es fourrée ?

- Tu t'es toi-même mis dans cette situation ! Regarde ta tronche ! Tu ferais peur à des enfants !

- Je n'ai pas à me justifier. C'est toi qui as fait empirer les choses.

- Bien sûr, ça va être totalement de ma faute. La prochaine fois, je commanderai un soda pendant que tu te videras de ton sang.

- Mais écoute-moi, bordel !

- Non, toi, tu m'écoutes ! Je me suis faite un sang d'encre durant des semaines parce que tu ne réponds plus aux messages.

- J'avais besoin de faire un break.

- Non, j'ai vu que tu avais plutôt besoin de te faire casser la gueule. Visiblement, ce qui nous est arrivé n'était pas suffisant.

- Je t'interdis de me faire la morale alors que tu es tombée dans la gueule du loup comme une débutante. La mort de Bejörk ne t'a pas servi de leçon ?

Pour la première fois depuis plusieurs minutes, Annabelle ne parvint pas à répliquer. Elle chercha ses mots, tenta de réorienter ses remarques, mais sa bouche demeura scellée. Il avait réussi à l'atteindre.

Jude arriva vers eux, a la grande surprise de Thomas qui eut un mouvement de recul en l'apercevant boutillier jusqu'à la table. Il vit Annabelle tempéré sa colère et encaisser les mots particulièrement blessants que son ami lui avait lancé. Elle serrait les poings et les dents.

Annabelle Storm - Les Oubliés de l'EmpireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant