Chapitre 15

1 0 0
                                    

Le lendemain matin, je suis réveillée aux aurores. Les enfants chahutent dehors et leurs cris me parviennent. Je sors de mon lit et de descends préparer le petit déjeuner pour tout le monde. Je me dirige vers la cuisine quand des bruits étranges m'interpellent. Ils viennent de l'extérieur. Je m'avance prudemment pour coller mon oreille sur la porte. J'entends du brouhaha et des parents demander à leurs enfants de rester sages puis... un hurlement de loup. Non ! Plusieurs hurlements... Personne ne semble s'affoler dehors, tout le monde discute calmement. Je décide alors d'en avoir le cœur net et ouvre la porte sans attendre. Je m'avance de quelques pas sous le perron sous le regard de quelques villageois surpris de me voir debout aussi tôt. Je tourne la tête vers les enfants quand... je vois le duo de la veille se transformer en... louveteaux. Ce n'est pas possible. J'ai dû rêver ! Estomaquée, je ne quitte pas du regard les animaux, non les enfants, enfin les... les quoi, d'ailleurs ? Cette vision est complètement folle ! Je dois être encore en train de dormir. C'est ça je ne me suis pas réveillée ! Tremblante, je me pince le bras et la douleur vive me confirme que je suis bien réveillée en me faisant sursauter. Je relève la tête vers les enfants et un éclair de lucidité me fait prendre conscience qu'il s'agit des louveteaux qui passaient leur temps à jouer dans mon jardin. Sous le choc, je tombe à genoux, la main agrippée à la barrière du perron. Je ne me suis pas rendue compte qu'un homme m'avait rejoint et retenue dans ma descente. Sa voix est lointaine, mais je parviens à percevoir quelques bribes.

« Lu... lie... Lux...lie.

Une main s'agite devant mes yeux sans que je ne la vois.

— Luxilie, regarde-moi.

La voix est douce, presque tendre. Surprenant, venant de Gatien. Gatien ? Je pivote mon regard vers lui en balbutiant.

— Luxilie, ça va ? Tu m'entends ?

Je lis son inquiétude dans son regard. Sonnée, je ne parviens qu'à laisser échapper quelques petits gémissements. Lorsque je commence à prononcer deux syllabes, mon esprit revient à la réalité et prend conscience de ce à quoi il vient d'assister. Aussitôt, mes yeux se voilent et je bascule dans le noir sans toucher le sol. Je crois que Gatien m'a rattrapée juste à temps.

Le cerveau totalement embrumé, j'émerge difficilement. Gatien s'en rend compte et me rejoint. Il m'aide à me redresser pour m'assoir. Je constate qu'il m'a déposée sur le canapé. Il me tend un verre d'eau que j'accepte.

« Tu vas bien ?

J'avale une gorgée et porte mon attention sur lui. Je suis encore un peu sonnée.

— Euh... Je crois. Que... Que s'est-il passé ?

L'homme me jauge un instant.

— Tu t'es évanouie.

— Evanouie ?

Il acquiesce.

— Tu veux dire que... je n'ai... pas rêvé et q-q-qu... qu-que...

Je bégaie, complètement déboussolée et pour mieux me faire comprendre, je désigne l'extérieur du doigt.

— Tu n'as pas rêvé de quoi ?

Je le fixe silencieusement. Je tente de déterminer s'il me prend pour une folle ou au contraire, essaye de me faire dire les choses de vive voix.

— Luxilie, dis-moi ce que tu as vu.

Son ton est doux, il se montre bien plus amical que d'habitude. Ce n'est pas normal, pas logique. Il me montre clairement que je le dérange depuis le début et là, il prend soin de moi. Qu'est-ce que ça veut dire ? Il pose une main sur mon genoux dans un geste tendre. Je me lève aussitôt et me dirige vers la fenêtre. Je me prends la tête entre les mains en faisant les cent pas. J'essaye de démêler ce que viens de découvrir.

Chimère - Luxilie de Ste SophieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant