Entre nous

Chapitre 10

Une semaine plus tard, Gia rentrait de son cours, c'était le début de soirée, elle avait fini assez tôt, elle était aussi, assez fatiguée donc elle était très heureuse de rentrer tôt pour pouvoir manger et aller dormir. De plus, après l'annonce de Vincenzo et Sofia elle avait passé pas mal de temps avec Sofia pour pouvoir discuter des préparatifs avec elle, elle était très excitée de pouvoir participer aux préparatifs du mariage. Elle n'avait d'ailleurs pas pu s'empêcher de penser à Antonio cette semaine, elle se disait qu'elle avait sûrement tout gâché lors du bal et que sa famille devait maintenant se poser beaucoup de question car pour eux, tout s'était bien passé au bal.
De toute la semaine, Gia n'avait à nouveau pas croisé Antonio, une des mamans lui avait dit qu'il travaillait mais elle ne s'avait pas où car contrairement à la plupart des hommes italiens de la ville, il ne travaillait pas au port.
En revoyant Sofia elles avaient à nouveau parlé de lui, Sofia y croyait encore beaucoup, « Je sens que l'amour va venir à toi très bientôt » elle avait dit mais Gia préférait en rire car elle n'attendait pas vraiment l'amour et elle doutait que cela se produise avec Antonio.

Elle venait tout juste de passer la porte, elle enleva directement ses chaussures pour se sentir plus à l'aise et suivi l'odeur qui émanait de la cuisine.
- Ciao ! Dit-elle en entrant dans la cuisine.
- Oh Gia ! Tu es là ! Dit sa mère qui était aux fourneaux.
Gia lui fit une bise puis entendit des rires venant de la terrasse, elle se pencha vers la fenêtre pour essayer de voir qui était là.
- William est encore venu manger avec Vincenzo ?
- Va donc te refaire une petite beauté Gia tu es toute débraillée ! C'était Renata qui venait d'entrer dans la cuisine à son tour.
- Juste parce que les garçons sont là ? Elle avait tournée la tête vers sa tante, perplexe.
- Rita ! Tu ne lui as rien dit !
Rita se retourna brusquement.
- Pour qu'elle ne rentre pas à la maison après son cours ! Non ! J'ai préféré ne rien dire.
Gia commençait à paniquer, elle ne comprenait rien à ce qu'il se passait.
- Mais de quoi vous parlez ? Je ne comprends absolument rien !
- Ma chérie, ta tante à raison, va te refaire une petite beauté. Elle agrippa le bras de sa fille.
- Mais mamma tu me fais mal ! Qui est là ! Dites moi ! Gia se dégagea de sa mère pour à nouveau se pencher par la fenêtre pour voir qui était là.
Elle mit quelques secondes avant d'enfin réussir à apercevoir qui était là. Un garçon, même assis on pouvait voir qu'il était grand, des cheveux presque noirs coiffés en arrière, il était de profil par rapport à elle.
- Quoi ? Elle chuchota, mais pas assez doucement, le garçon se tourna vers elle, c'était Antonio, il l'avait vu. Elle se redressa brusquement. Mamma quoi ? Qu'est-ce qu'il fait ici ?
- Ma chérie, tu m'avais dit que vous n'aviez pas eu le temps de vous voir ! J'ai pensé que...
- Mais... Oh ! Elle poussa presque un grognement d'agacement avant de monter en courant dans sa chambre.
Rita et Renata restèrent là à se regarder, sans rien dire, elles espéraient juste que Gia allait redescendre et ne pas rester enfermé dans sa chambre.

Gia se regardait dans le miroir de sa coiffeuse, elle ne savait pas quoi faire, rester enfermée dans sa chambre ? Descendre ?
Sans même y penser, elle était entrain de se recoiffer pour paraître plus présentable. Elle décida de garder sa robe du jour, de toute façon, elle ne voyait pas quoi elle pouvait mettre d'autre. Elle rajouta seulement ses petites créoles en or, des bijoux de famille qui venaient de son arrière-grand-mère qu'elle n'avait même pas connu. Se regarda une dernière fois dans le miroir avant de descendre.
En bas des escaliers elle remit ses chaussures et alla dans la chambre de ses parents avant d'emprunter le parfum de sa mère qu'elle aimait beaucoup.

Enfin, elle prit son courage à deux mains pour ouvrir la porte qui menait à la terrasse. Tout le monde était là, la regardant. Sa mère et sa tante avaient chacune un sourire jusqu'aux oreilles. Les parents d'Antonio et lui-même se levèrent pour la saluer. Marco et Giovanni eux, étaient cigarettes en bouche, admirant la scène, satisfaits de cette rencontre.
- Ciao bella ! La mère d'Antonio lui fit une bise des plus chaleureuse, son père fit de même.
- C'est donc toi la professeure d'anglais de ma femme, elle a... nous avons beaucoup appris grâce à toi car à son retour de cours, elle nous apprend à son tour !
- Oh... Elle regarda la mère d'Antonio, c'est super de faire ça...
- Antonio vient donc dire bonsoir. Elle se poussa pour laisser place à Antonio qui était tout juste derrière elle, il se pencha à son tour pour lui faire une bise.
Tout le monde s'était assis sauf Antonio et Gia. Il se retournèrent sans se dire un mot vers les autres. Tous avaient un énorme sourire. Gia allait s'asseoir quand sa mère, l'arrêta.
- Oh mais vous n'allez pas rester avec nous ! Le repas n'est pas encore prêt vous devriez aller vous balader tous les deux !
- Ah bon ? Gia regardait son père qui acquiesça de la tête. Elle regarda autour d'elle un peu perdue. Et si je croise Vincenzo ?
- Ne t'inquiète pas pour lui, il ne va rien dire. Disait Renata avec un signe de main.
- Bon... Elle se tourna vers Antonio, il lui souriait timidement.
Et sans rien dire, les deux partirent à l'intérieur de la maison, chacun prit sa veste avant de sortir. Une fois devant la maison, Gia prit une grande inspiration. Ils commencèrent à marcher, sans savoir où ils allaient.
- Tu vas bien ? Il était le premier à parler.
- Oui, elle avait les bras croisés sur sa poitrine, et toi ?
- Oui, il riait doucement, merci.
- Tu étais au courant ? Elle le regardait.
- Pour ce soir ? Absolument pas, il la regarda en retour, un guet-apens en rentrant du travail.
- Pareil pour moi.
Ils riaient tous les deux.
- Tu peux juste me confirmer quelque chose ?
- Oui ? Elle fronçait les sourcils.
- Tu as dansé avec un garçon au bal...
- William ?
- Je suppose, oui.
- Oui c'était lui.
- Ce n'est pas ton petit copain ?
- Quoi ? Non du tout ! Elle agitait ses mains comme pour affirmer sa réponse.
- Oh ! Tu me rassures ! Il paraissait tout à coup beaucoup moins tendu, je pensais que tu avais un petit copain, je veux dire, ça aurait été gênant...
- Oh oui ne m'en parle pas ! Elle l'avait coupé.
Ils riaient à nouveau.
- Qui est William alors ?
- Tu ne te souviens pas ? Lorsque que tu m'avais raccompagné, il était là aussi.
- Oh ! Il essayait de se souvenir, oui je me souviens ! Vous êtes proches ?
- Oh non du tout, elle regardait ses pieds, c'est juste le meilleur ami de Vincenzo, mon frère.
- Tu danses avec le meilleur ami de ton frère ? Il regardait la rue en face de lui, les mains dans les poches.
- Oh ! Pas en temps normal ! Je veux dire... Il était le seul anglais, Vincenzo était avec Sofia, donc pour être gentille...
Elle avait préféré garder la vérité pour elle, elle ne voulait pas qu'Antonio sache qu'elle avait simplement eu peur de devoir lui parler ou danser avec lui.
- Sofia ? La fiancée de Vincenzo ?
- Oui exactement ! Elle était soulagée de changer de sujet. Comment...
- Oh ils ont en parlé avant que tu arrives, ils sont très heureux qu'ils se marient...
- Oh si tu savais ! Je crois que ma mère n'a pas dormi depuis une semaine à cause de l'excitation !
Antonio la regardait en souriant, sans lui répondre.
- Quoi ? Elle mit immédiatement sa main sur sa joue. J'ai quelque chose sur le visage ?
- Non pas du tout ! Il riait.
- Alors quoi ?
- Tu es belle. Il était aussi rouge qu'elle, comme si enfin, il avait pris son courage à deux mains pour lui dire ce qu'il pensait.
- Oh... Merci. Sa réponse fût assez froide, elle n'avait réussi qu'à lui rendre un minuscule sourire, tout aussi rouge que lui elle regardait droit devant elle.
- Tu penses que...
- Gia !
Un garçon se rapprocha d'eux, il était à contrejour du coucher de soleil, elle ne voyait donc qu'une silhouette. Elle pensait « non pas encore ».
- Oui ? Oh Vincenzo !
Il avait un grand sourire, il embrassa sa sœur avant de serrer, vigoureusement, la main d'Antonio, qu'il rencontrait pour la toute première fois.
- Ciao, je suis Vincenzo, le grand frère.
- Antonio. Il lui serra la main en retour avant de la remettre en poche, plus gêné qu'auparavant.
- Alors tout se passe comme vous voulez ? Vincenzo avait posé la question à sa sœur mais elle ne lui répondait pas, elle regardait derrière lui, William était là mais ne venait pas les saluer, ils ne les regardaient même pas.
- Gia ?
- Quoi ? Oui pardon ! Oui tout se passe bien, nous allions rentrer. Elle regardait Antonio qui acquiesça à son tour. Vous venez manger à la maison ?
- Non du tout, ne nous attendez pas. Il lui fit un clin d'œil en allumant sa cigarette avant de serrer à nouveau la main d'Antonio.
- Bonne soirée, faites attention. Dit-il avant de partir à nouveau vers William.
Gia reprit une grande inspiration.
- Ça va ? Il la regardait.
- Oui, oui, Vincenzo aime bien se montrer, il croit faire peur. Dit-elle sous un ton moqueur.
- Je vois ça. Il riait.
- On devrait rentrer non ? Ils parlaient en marchant depuis tout à l'heure, elle se retourna pour prendre le même chemin à l'envers.
- Oui, il vaut mieux.
Ils commencèrent à marcher dans le silence.