Chapitre 23

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Hélios

Flashback il y a 9 ans...

Je me lève et comme d'habitude j'appréhende de me lever et de me retrouver face à mon père. Ça fait des années qu'il ne travaille plus et ma mère se démène pour nous maintenir en vie. Je déteste mon père, et si je le pouvais j'emmènerai loin ma mère et on pourrait enfin vivre en sécurité.

Je me lève et prends une douche rapide. Je ne cherche même plus à me regarder dans le miroir. Il doit me rester encore un bleu sur le visage et je ne parle même pas de mon torse. Remplis de brûlures. Merci à mon père pour ces jolies cicatrices qui ne s'effaceront jamais. À cause de lui. De cet enfoiré.

Je descends et entends mon père aboyer sur ma mère. Ça non plus ça ne change pas. Il ne s'en est jamais pris à elle physiquement non, monsieur pense avoir des valeurs et ne frappe pas les femmes. Alors que par contre frapper son fils, c'est tout à fait normal. Et c'est moi qui prenais dès que ma mère faisait quelque chose qu'il ne lui plaisait pas.

-Toi viens me servir un café. Tout de suite ! Me crie-t-il à peine sur le seuil du salon.

Je ferme les yeux et respire. Ne pas lui répondre, sinon je me prendrais un coup et plus j'avance dans l'âge, plus il frappe fort. Jusqu'à ce que je m'évanouisse. C'est déjà arrivé plusieurs fois.

Je vais lui servir.

-Et voilà ton café, père.

J'évite le plus possible le sarcasme mais des fois ça sort tout seul. Il m'attrape par la nuque et la serre. Fort. Je grimace mais ne réplique pas.

-Te moque pas de moi ou je te jure que je te le fais regretter.

Je déglutit difficilement et essaie de hocher la tête.

-Oui. Pardon.

Il me lâche et je me masse ma nuque. Ma mère comme à son habitude nous regarde et ne dit rien. Elle baisse les yeux quand mon père la regarde.

-Allez casse toi je n'ai pas envie de voir ta sale gueule. Va dehors avec tes potes et ne me fais pas chier. Je ne veux pas te voir traîner par ici.

Le seul ami qui je ma jamais laissé tomber, c'est Ange. Lui et moi sommes dans la même fac. Moi spécialisée dans l'architecture et lui dans la charpente. Je ne sais pas si c'est exactement ça, ce qu'il veut faire plus tard mais je crois qu'il ne veut pas m'abandonner. Et je lui en suis très reconnaissant.

Ce sont les vacances et comme chaque vacance quand je rentre à la maison c'est toujours la même chose. Il me tape dessus sans que je ne comprenne vraiment. Il veut avoir tout le pouvoir et s'en prend à plus faible que lui. Une honte.

Et j'ai une idée pour ne pas rater près d'ici toute la journée. J'ai vu une annonce et une chambre d'hôtes pas très loin d'ici cherchait du personnel. Je n'ai aucune expression de travail mais je suis motivée. Si j'arrive à décrocher un travail avec lui, je mettrais l'argent de côté et je partirai avec ma mère. Comment voudrait-elle rester avec ce type ?

Je sors de la maison sans répliquer et ma mère me suit. Elle va aller au travail, dans le supermarché d'à côté.

-Bonne journée maman.

-A toi aussi mon chéri. Fais attention dans les rues. Il y a des gens pas très fréquentables.

Je souris légèrement et hausse les épaules.

-Ne t'inquiète pas maman. J'ai l'habitude.

Elle sourit tristement et embrasse ma joue.

-N'en veux pas à ton père, tu sais il a du mal à se contenir. Il t'aime au fond de lui.

Je ris amèrement et secoue la tête négativement.

-Non maman, il sait ce qu'il fait. Vas-ys, tu vas être en retard maman.

Elle me fixe durant de longues secondes et hoche la tête.

-Désolé mon chéri.

Et puis elle s'en va sur ses paroles. Ce n'est pas elle le problème. Non c'est lui, ce connard sans cœur. Ça fait bien longtemps que je ne le considère plus comme mon père. Un père ne doit pas frapper son enfant, surtout aussi régulièrement et sans aucune raison.

J'attrape mon vélo et me dirige vers les lieux de ce fameux travail. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de faire ça dans le dos de mes parents et surtout avec les bleus que j'ai sur le visage. Jamais je ne serai pris car il va penser que je me bagarre à longueur de journée.

Ange est avec une de ses nombreuses conquêtes et je préfère le laisser un peu tranquille. Il a le droit de profiter au lieu de m'entendre broyer du noir sur mon père. Il a le droit de vivre.

Arrivé à la chambre d'hôtes, je pose mon vélo contre un mur et voit un homme, dans la quarantaine, faire rouler une brouette remplie de quelque chose qui n'a pas l'air de sentir très bon.

Je m'avance vers lui et n'ose pas l'interrompre. Il m'a l'air bien occupé. Il se tourne vers moi d'un froncement de sourcils.

-Bonjour jeune homme, besoin de quelque chose ?

Je me gratte la nuque face à ses yeux qui m'analyse comme s'il me connaissait par cœur.

-Je...J'ai vu votre annonce en ville que vous recherchez des employés pour vous aider.

Il hoche la tête et laisse la brouette ici.

-Moi c'est René et toi jeune homme ?

-Moi c'est Hélios.

-Tu sais faire quoi ? As-tu déjà travaillé ?

Il se frotte les mains mais je ne montre aucune expression faciale pour l'instant. Je ne sais pas ce qu'il en pense.

-Non je n'ai jamais travaillé et je m'occupe de temps en temps de notre jardin. Je suis motivé et prêt à tout pour venir travailler ici.

Il se frotte la barbe en pleine réflexion.

-C'est quoi les bleus sur ton visage ? Tu te bagarres ?

Je savais qu'on allait en venir à ça. Il a peur que je foute la pagaille dans sa chambre d'hôtes et je le comprends. Je ne veux pas lui dire. Il ne doit pas savoir où ça pourrait mal finir pour moi.

-Laissez tomber. Je vais m'en aller.

Je me retourne et commence à retourner à mon vélo.

-Mon grand, je veux bien te laisser une journée d'essai. Je ne t'obligerai pas à me dire d'où viennent ces bleus. Ça te va et bien entendu même si je ne t'engage pas au bout de cette journée, tu seras payé.

Je me retourne vers lui rempli d'espoir. Et si c'était mon salut, ce travail ?

Un amour un MontaubanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant