Mackenzie, mars 2019 (rencontre n°2)
Le problème des soirées au Fitz, c'est qu'elles subissent leur réputation. Le repère le plus en vue de Vancouver ne désemplit jamais avant cinq heures du matin. Toutes les nuits, les étudiants de l'UBC s'y rendent pour se vautrer dans la décadence pure. Surmenés par le rythme élevé des cours ou simplement dans l'optique de profiter des fêtes et de la belle vie, tous ont une raison pour s'y rendre.
Les corps se mêlent avec joie, l'alcool coule à flots, quelques drogues se passent dans les toilettes. Jusque-là, un club normal. Non pas que j'apprécie cette ambiance, mais il m'arrive d'y venir avec Becca et Sofyia, lorsque ma tête devient trop compliquée à gérer.
Les idées noires, l'anxiété sociale, tout ça. C'est fou ce qu'un peu d'alcool peut anesthésier.
Aujourd'hui est l'un de ces jours où mon estomac se serre trop, où mon cœur bat trop vite. Je suis éreintée de me battre contre moi-même ; j'ai juste besoin d'oublier, et peut-être même de m'oublier. Alors, je laisse Sofyia me choisir des fringues. Je mets même des talons et un brin de maquillage avant de les suivre à l'entrée du Fitz. La foule se déchaîne quand on entre, et je repère immédiatement le couloir à l'abri des lumières. Ce couloir mène droit aux pièces secrètes tant prisées par les étudiants. Le cœur de la débauche, la pomme en or du Fitz.
Autant dire qu'on se croirait dans un bordel.
Autour de nous, les gens se collent les uns aux autres avec espoir et désir. Sofyia attrape ma main pour me rassurer et je la serre. Becca revient avec trois shooters et trois pintes de bière. La gorgée d'alcool fort, dont je ne cherche pas à connaître l'origine, me brûle dans une délicieuse caresse. La pinte de bière qui ne tarde pas à suivre devrait suffire à me détendre.
La musique paraît acceptable, alors je laisse l'alcool monter doucement et mon corps se mouvoir pour danser. Soyons bien clair dès le début : je ne sais pas danser, je n'ai pas le rythme dans la peau, et je ne cherche pas à draguer. Ma présence ici se résume à une envie de décompresser. De m'amuser, pour une fois.
Les heures défilent, la sueur s'accumule sur ma peau à force de danser, l'alcool m'embrume l'esprit. Sofyia et moi sommes déjà bien ivres, Becca étant la plus raisonnable, comme toujours.
— Je crève de chaud.
J'accompagne ma déclaration d'un geste de la main pour remonter mes longs cheveux en hauteur, afin de dégager ma nuque et de la laisser respirer. Sofyia, complètement enivrée, pose sa tête sur l'épaule d'un garçon qui l'a approchée un peu plus tôt. Les yeux fermés, elle danse contre lui avec une fluidité qui rendrait jalouse n'importe quelle femme.
— Je vais chercher de l'eau, crié-je à l'oreille de Becca pour me faire entendre. Garde un œil sur Sofyia.
Je me dirige vers le bar à l'autre bout de la pièce. Mon équilibre précaire sur mes talons me vaut plusieurs bousculades, notamment lorsque j'arrive à proximité du bar bondé. Plusieurs personnes traversent la foule sans s'inquiéter de ceux qui se trouvent sur leur passage. Je recule pour sortir du chemin et manque de tomber au moment où le remix de Love Tonight de David Guetta sort des enceintes. Les gens se mettent à hurler encore plus fort, à danser plus, et je panique de cette foule qui m'entoure et me bouscule quand une main se pose en bas de mon dos. Par réflexe, je recule d'un pas et heurte quelqu'un d'autre. La poigne se resserre, puissante, brûlante, apaisante.
— Doucement.
Le murmure à mon oreille déclenche un frisson sur ma peau et je me retourne pour croiser le regard de la personne qui me retient. Des yeux marron très foncés que je reconnaîtrai entre mille. Mes lèvres s'entrouvrent sous le choc.
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In your dreams (Broken Souls t.1)
RomantizmCroyez-vous au destin qui répare les cœurs brisés ? Il n'a fallu à Mackenzie qu'un regard pour s'enticher de May. Et ça n'a pas pris plus de temps à May pour succomber au charme de Louna. Blessures au cœur, blessures à l'âme, huit ans après ce jour...