Chapitre 14

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Seule accoudée à une barrière, Nina admirait la vue qui s'offrait à elle. 

Ce n'est pas tous les jours qu'elle allait voir un entraînement de rugby. De ces moments là se dégageait une ambiance singulière que la brune appréciait particulièrement. 

Une atmosphère plus légère régnait puisque la compétition n'était pas d'actualité. Les joueurs riaient, prenaient du plaisir et laissaient leur talent individuel s'exprimaient, tout en révisant leur stratégie et leurs lancements de jeu collectifs. 

Les corps s'activaient et le ballon fusait dans tous les sens sous un soleil bordelais qui donnait chaud aux joueurs, en témoignaient les gouttes de sueur qui perlaient le long de leurs fronts. L'effort rendait également leurs muscles bien visibles, contractés par l'activité qu'ils menaient. Leurs maillots volaient au vent tant la vitesse de jeu était importante. Le ballon n'était effectivement pas ralenti puisque l'ordre du jour était de véritablement jouer et enchaîner les passes à haute vitesse. 

Les temps morts étaient rares et elle pouvait voir au souffle des joueurs que la séance n'était pas évidente. Mais ils étaient là pour se faire mal, et quelque part, ils aimaient ça. 

Et elle se délectait de ce spectacle, particulièrement de celui qu'offrait un joueur. Toujours le même en réalité. Celui qu'elle avait admiré dès la première minute où elle avait commencé à suivre son club. Celui qu'elle avait détesté lorsqu'elle l'avait rencontré. Et celui qu'elle avait apprécié lorsqu'elle avait appris à le connaître. 

Malgré ses efforts pour se concentrer sur le jeu, son regard finissait toujours pas dériver vers lui, mille questions lui passant en tête. Effectivement, cela faisait plusieurs jours qu'elle ressassait les évènements récents à ses côtés, tentant inlassablement d'y trouver un sens mais n'y parvenant pas. 

Après tout, il ne semblait pas y avoir d'explication. Du moins, aucun ne parvenait à en trouver une. Alors, comme lui, elle avait décidé de se laisser porter et de laisser le temps définir les bornes de leur relation.

Et, si son esprit ne cessait d'être préoccupé par ces problématiques qui n'auront pas de réponse dans l'immédiat, devenant ainsi futiles, ses yeux profitaient de son corps en action. Il est vrai qu'à l'origine elle l'avait trouvé physiquement attirant. Mais elle ne l'avait plus vu de la même manière depuis qu'elle avait eu à le soigner. Elle ne pouvait s'empêcher de le voir encore comme son patient, même si ce n'était plus le cas depuis longtemps. 

Cependant, aujourd'hui était différent. Aujourd'hui, elle avait le droit de l'observer, elle ne serait pas remarquée. Ainsi, elle ne s'était pas gênée. 

D'abord, elle avait vu en lui le leader d'équipe, le leader d'hommes. Celui qui était écouté, respecté et admiré. Il était évident que son retour au sein du collectif était attendu et apprécié, sauf peut-être par quelques rivalités peu productives et immatures de joueurs convoitant son poste. 

En outre, le capitaine. 

Puis, elle avait vu l'athlète à l'effort. Et, sa proximité avec le terrain lui offrait un nouvel angle qu'elle n'avait encore jamais observé. Son débardeur dévoilait ses bras forts renvoyant ballon après ballon comme son rôle de chef d'orchestre l'exigeait. De même, son short laissait voir ses jambes puissantes capables d'enchaîner les changements d'appuis. Sous ce tee-shirt, elle imaginait bien ses abdominaux finement sculptés qu'elle avait pu admirer quelques fois. 

Non, les choses n'avaient pas changé en réalité, elle le trouvait toujours aussi attirant. Mais son adolescence était loin derrière elle, et il y a bien longtemps qu'elle avait appris à distinguer le réel de l'irréel. Il y a bien longtemps qu'elle ne laissait plus les physiques attrayants des stars qu'elle voyait à la télévision avoir de l'influence sur elle. 

I walk to rememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant