Chapitre 31

387 21 9
                                    

Une semaine de vacances était tout ce que les joueurs du XV de France avaient pu obtenir. Et encore, une quelconque activité physique ne devant jamais être loin d'eux.

La préparation à leur Coupe du monde s'était soldée par beaucoup de choses positives. L'intensité avait été grande, la fatigue presque omniprésente mais cela en valait la peine car ils étaient désormais prêts. Prêts à gagner, et ceci dès leur premier match contre la Nouvelle-Zélande. C'était l'objectif clairement affiché : ne pas laisser place à la chance, dès le début. Être incisif, même contre l'équipe la plus redoutée du monde. Être les plus forts tout simplement.

Mais le comble de cette préparation est que Fabien Galthié n'avait même pas encore publié la liste des joueurs sélectionnés pour le grand événement. Et, si Matthieu se voyait rassuré par la répétition de ses titularisations depuis la blessure de son rival toulousain, il n'en demeurait pas moins angoissé en cette soirée de vendredi.

Effectivement, le journal de 20h allait démarrer dans quelques minutes. A l'écran, le sélectionneur national allait apparaître, et avec lui, une précieuse liste allait être enfin dévoilée. Après tous ces mois de préparation, de sacrifices et de dévotion totale à cet unique objectif.

A ses côtés, Nina était présente pendant ce qui devait être un grand moment. Qu'il soit heureux ou non, elle sera là, et Matthieu le savait pertinemment. Là pour le soutenir en cas de besoin ou là pour célébrer avec lui si l'occasion se présente.

Assis côtes à côtes, Matthieu ne parvient pas à quitter du regard le grand écran plat de son salon. Nina, elle, est moins attentive, ses yeux rivés sur son téléphone, sachant qu'il était préférable de se taire en ce moment d'intense stress, une quelconque conversation ne pouvant probablement pas dépasser les deux ou trois mots.

L'atmosphère est légère en cette fin d'été, malgré la tension que le blond faisait régner dans la pièce. La chaleur bordelaise pénétrait dans la pièce grâce aux fenêtres ouvertes de la maison. Au pied du canapé, Owen, le chien du rugbyman, cherchait la fraîcheur sur le carrelage froid. En outre, la scène montrait une soirée banale d'août, une soirée emplit d'une certaine forme de routine, la brune passant désormais une large partie de son temps dans la grande maison de son copain, qu'il soit là ou non.

Effectivement, alors qu'elle dormait chez lui la veille de son départ pour un nouveau rassemblement en bleu, après quelques jours de repos, elle avait eu la surprise de retrouver à son réveil un petit mot sur la table de la salle à manger, accompagné d'une clé. Cette petite note stipulait alors que cette clé était sienne si elle le souhaitait. Et, la brune n'avait pas réfléchi longtemps.

Ainsi, oui, une routine s'était bel et bien installée entre eux, synonyme d'une relation saine, stable et sereine, tous les deux regardant vers un avenir commun. Matthieu avait alors dû promettre à la brune qu'il n'était pas prêt de quitter son club de l'UBB, et donc de changer de ville, et Nina avait dû lui assurer que les trois-quarts des personnes qu'elle était amenée à soigner avaient plus de quarante ans, et que la possibilité de nouer un lien était donc minime. Ces élans de tendresse et de jalousie avaient touché l'un et l'autre, chacun ne s'imaginant plus sans l'autre.

Alors, lorsque Fabien Galthié commença à prendre la parole, d'abord pour quelques banalités, le temps sembla s'arrêter. Même le chien semblait avoir compris l'enjeu du moment puisque son regard était tourné vers la télévision.

Nina avait abandonné son lèche-vitrine virtuel sur des sites de prêt-à-porter et Matthieu s'était avancé sur le canapé. Ses coudes reposaient désormais sur ses genoux, soutenant sa tête et ses yeux qui avaient visiblement besoin d'être les plus proches possibles de la source de ses angoisses.

I walk to rememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant