Chapitre 30

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Entrer dans ce magnifique stade de Murrayfield en dernier n'était pas la place qu'espérait Matthieu. Mais c'était la sienne, et cela n'allait pas changer. Il devait s'y faire. 

Devant lui, ses coéquipiers titulaires s'alignèrent devant la tribune principale pour les hymnes nationaux. Lui aussi y avait droit, mais il n'avait pas le droit de démarrer le match, lui allait le regarder depuis le banc des remplacements. Il devait s'y faire. Après tout, faire parti de ce groupe était déjà fantastique, tentait-il pour relativiser. Mais il était évident que cela n'avait rien de simple de passer de star dans une équipe à second rôle dans une autre. 

Chanter la Marseillaise lui fit temporairement oublier ses états d'âme tant le moment était fort. Même si évidemment il n'y avait pas beaucoup de Français présent en Ecosse, cela restait un immense honneur pour le blond que de pouvoir représenter son pays, de pouvoir faire parti de cette incroyable aventure. 

Cependant, Matthieu avait beau être très fier d'être Français, il ne trouvait pas d'égal à l'hymne écossais, le Flower of Scotland, spécialement lorsqu'il était entonné dans le plus grand stade du pays. Voir un peuple entrer à ce point en communion était rare, mais c'était aussi ça la beauté du rugby, surtout de l'autre côté de la Manche. Certes, il s'agissait de créer la cohésion entre l'équipe et son public, mais il n'y avait rien à dire, le moment était clairement impressionnant pour l'équipe adverse. A cet instant précis, l'ensemble de la délégation française avait l'impression de jouer contre soixante-dix mille écossais. 

Mais en réalité, peu importe. La Coupe du Monde se profilant, le XV de France se devait d'être capable de gagner aujourd'hui s'il voulait ne serait-ce qu'avoir une chance de l'emporter en novembre. Il se devait, tout en gardant des atouts dans sa manche, de montrer au monde entier qu'il devait être craint et pris au sérieux en vu du plus grand évènement du rugby mondial. 

Ainsi, dès le coup d'envoi du match, les joueurs français commencèrent à imprimer leur rythme. Les intentions étaient là, mais le manque de précision et de discipline leur coûtaient cher en ce début de match. Certes, la France s'était faite une place parmi l'élite, mais le chemin était encore long afin d'être prêt pour le grand jour. 

En tribune, les chants écossais commencèrent à retentir pour soutenir leur équipe visiblement déjà bien inspirée. Perdue dans la foule, une jeune femme brune suivait les tentatives françaises de faire un peu de bruit dans l'immensité de ce stade recouvert des couleurs bleues de l'Ecosse. A ses côtés, Emma. 

Effectivement, Nina avait pu faire la connaissance des proches des autres joueurs, de leurs copines à leurs amis sans oublier leurs parents et frères et sœurs. Matthieu avait tout prévu pour elle, et toutes ces attentions l'avaient réellement touchée. Elle avait bien compris au début de leur relation que ce n'était pas son genre de faire dans le romantisme. Alors, elle s'étonnait de jour en jour lorsqu'elle avait l'occasion de constater ces petites pensées qu'il avait pour elle. Peut-être aussi avait-elle été mal habituée dans ses précédentes relations, se demandait-elle. 

Ainsi, Nina avait pris l'avion aux côtés des proches d'Antoine Dupont, de Damian Penaud et de Maxime Lucu. C'est de cette manière qu'elle pu sympathiser grandement avec Emma, la copine d'Antoine, avec qui elle partageait de nombreuses choses, de leur métier dans la santé à leurs passions diverses et variées. Cependant, lorsque leur groupe était arrivé au stade pour rejoindre le reste des familles, l'ensemble des regards s'étaient tournés vers Nina. 

Effectivement, aucun d'entre eux, mêmes les copines les plus anciennes et les parents les plus assidus, n'avait jamais vu Matthieu inviter sa copine dans son clan, en tribune. Certains s'étaient même demandés si le blond avait déjà eu une femme dans sa vie quand d'autres s'étaient questionnés sur l'étrangeté de la vie privée du blond, lui qui n'avaient jamais ses parents en tribune. Autrement dit, certains s'étaient demandés si le blond n'avait pas plutôt un copain dans sa vie, alors même que cela ne les regardait pas du tout, gardant ainsi cette considération pour eux, quand d'autres s'étaient questionnés sur un décès éventuel de ses deux parents. 

I walk to rememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant