Chapitre 20

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Quelques jours s'étaient écoulés depuis la dernière interaction sociale de Nina, hormis bien sûr ses patients. Elle adorait son métier, mais il existait une certaine redondance à sa situation. Les personnes à qui elle venait en aide avaient besoin d'elle. Elle devait donc être rassurante, souriante et surtout, qualifiée. Alors, les mêmes mots sortaient inlassablement de sa bouche. Des mots simples mais efficaces et consolateurs, spécialement car les trois-quarts de ses patients sont des gens âgés. 

Mais personne ne lui prononçait ces mots à son égard. Jamais. Et, si ce constat l'avait attristée à l'origine, l'amenant à pleurer des soirées entières en remettant en question son choix de carrière, elle avait fini par comprendre que ce n'était que son métier. Aider les autres l'animait, mais cela ne la définissait pas. 

Alors, elle avait osé vivre pleinement une vie parallèle, parfois bien loin de l'image qu'une infirmière pourrait porter. Elle avait fait la fête, beaucoup, avait rencontré des gens, des hommes, elle s'était lâchée. Plus ou moins encore aujourd'hui. Elle avait appris à se faire plaisir et à chercher l'attention par elle-même. 

Mais jamais elle n'avait rencontré quelqu'un comme lui. Quelqu'un pour qui elle éprouvait une telle attirance physique mais surtout quelqu'un d'aussi compliqué. 

Si l'excitation l'avait animée lorsqu'elle avait quitté la maison de Matthieu, l'inquiétude la gagna rapidement ensuite. Effectivement, depuis cet épisode, elle n'avait plus eu de nouvelles de sa part. Et, au vu de la tournure de leur dernière discussion, il devrait être celui qui la recontacte, et non l'inverse. 

Avait-il mal pris sa dernière provocation ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, et elle se sentait soudainement bien ridicule d'avoir eu une telle poussée de confiance alors même qu'elle n'est toujours personne pour lui. Elle devait même être facilement remplaçable, pensait-elle. 

Elle n'était pas du genre à se considérer de la sorte, considérer la femme comme un jouet déposable pour un homme comme lui, mais elle avait soudainement perdue en confiance en elle. Comme quoi, chaque victoire était maigre et difficile à concrétiser. Autrement dit, elle avait le sentiment d'avoir fait dix pas en arrière, car ce silence était lourd. Lourd à constater et lourd de sens. 

Si seulement les choses pouvaient être plus simples. 

Ainsi, l'hésitation se lisait désormais sans ses yeux. Devait-elle à nouveau être celle qui fait les efforts pour lui, celle qui revient inlassablement ? Après tout, ce manque d'implication devait probablement lui faire comprendre quelque chose. Ses paroles étaient donc si fiables ? La preuve, ses actions ne suivent pas réellement. Elle avait voulu jouer car, oui, elle avait craqué, malgré ce que sa fierté avait bien voulu montrer ce jour-là. Elle avait craqué et avait succombé à l'envie d'être proche de lui, dans tous les sens du terme. 

Mais le temps devenait long et l'attente insoutenable. 

Son téléphone affichait déjà presque 21h et, malgré la fatigue, cette préoccupation la maintenait éveillée. Alors, c'est d'un bond sur son canapé qu'elle réagit à la sonnerie de son appartement qui retentit. 

Qui cela pouvait bien être à une telle heure ? Sans attendre, elle se précipita à l'entrée et glissa son œil devant le judas de sa porte pour constater l'origine de ce dérangement. Lorsqu'elle vit une tête blonde qu'elle connaissait, son esprit retint la joie alors que son visage marqua la surprise. 

-Matthieu ? Dit-elle une fois la porte ouverte 

-Salut. Répondit-il avec un faible sourire 

D'un geste de la main, elle l'invita à pénétrer son appartement, ce qu'il fit sans attendre, prenant ainsi sa suite pour rejoindre le salon de la jeune femme. 

I walk to rememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant