Chapitre 18

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Cette nuit avait été particulièrement difficile pour Nina. Elle n'avait pas arrêté de tourner dans tous les sens dans son lit, alternant entre chaleur trop importante et froid envahissant. Mais la température n'était pas vraiment sa principale préoccupation.

Non, ses pensées étaient occupées par les évènements de la veille. D'abord, elle avait été submergé par ce moment d'embarras. Un instant d'anthologie tant il était grandiose. Elle n'avait cessé de ressasser sa chute, se souvenant de chaque détails, mais surtout du regard pesant des gens qui s'étaient entassés autour d'elle. Ces gens qui l'avaient jugée, s'étaient ouvertement moqués et n'avaient même pas essayé de l'aider.

Sauf lui.

Lui qui n'avait pas hésite à déposer ses lèvres sur les siennes dans un baiser bien trop court à son goût. Elle aurait aimé qu'il dure, et même qu'il aille plus loin. Mais ce n'était pas raisonnable, et il avait eu raison de s'éloigner, s'était-elle convaincue. Spécialement, car ils n'avaient même pas pris le temps de réellement discuter.

Finalement, il l'avait faite taire avec ce baiser. Et ça avait merveilleusement bien fonctionné puisqu'elle n'avait plus su quoi dire. Seulement, encore une fois, il avait fui et choisi la solution de facilité. Autrement dit, elle avait rêvé de ce baiser, mais il ne valait rien.

Rien, car il manquait d'explication. Elle avait besoin de mot à mettre sur ce qu'il s'était produit, et ne parvenait pas à se satisfaire de cette seule action et de ses seuls ressentis.

Ainsi, malgré la fatigue, elle fut surprise mais heureuse de constater la notification qui venait d'apparaître sur son téléphone.

Une notification Instagram qu'elle attendait depuis longtemps, qu'elle ne comprenait pas, mais de laquelle elle ne pouvait que se réjouir.

Matthieu la suivait enfin en retour.

Elle n'expliquait pas comment il l'avait trouvée sur Instagram, mais qu'importe, elle accepta sa demande. Et, quelques minutes plus tard seulement, elle reçut un message.

Salut Nina, j'espère que tu vas bien. Je crois qu'il serait bien que l'on discute tous les deux, est-ce que par hasard tu serais disponible en fin d'après-midi ?

Le message était simple, mais la réponse compliquée. Ou plutôt, c'était son esprit qui la rendait compliquée. Elle avait envie de lui faire mal comme il lui avait fait mal, car elle voyait bien l'importance qu'il accordait au fait de la revoir. Mais son cœur était tellement dévoué qu'il l'en empêcha.

Salut. Je suis disponible. Tu peux me rejoindre vers 17h30, je t'envoie l'adresse.

Elle ne traîna pas pour répondre. Elle avait voulu le faire patienter, l'ignorer. Mais après tout, s'ils voulaient bien se voir en cette fin de journée, ils devaient rapidement se mettre d'accord. Elle avait choisi un lieu proche de chez elle, le forçant à se déplacer lui et non pas elle. Et il accepta dans la foulée.

Ainsi, ce n'est qu'appréhension qui anima le reste de sa journée. Elle ne pouvait cesser de penser à ça. Tellement, qu'aucune pensée cohérente ne parvenait à se former. Et, sa journée de repos se transforma en perte de temps extrême.

Alors, c'est avec plusieurs minutes d'avance qu'elle se présenta au point de rendez-vous, un stress tout particulier la guettant. Son regard s'égarait dans tous les recoins du parc, cherchant plus ou moins consciemment l'homme qu'elle attendait. Elle avait l'impression d'être une enfant qui vivait sa première histoire d'amour. Sauf que elle, elle était bien loin d'être une enfant désormais, et elle ne l'aimait pas. Non, elle ne l'aimait pas, mais son corps ne cessait de lui envoyer les signaux d'une attirance irrémédiable.

I walk to rememberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant