Nélio ou Linéo

Chapitre 16 : Ayden

Mardi 16 octobre

Affalé sur mon lit, je fourre ma tête dans mon oreiller.

Romy est dans la salle de bain.

Je sens la première larme couler et se répandre lentement sur le tissu.

Suis-je le seul à être englouti par ces sortes de limbes que sont l'adolescence ?

Cet endroit sombre et terrifiant qui m'aspire en lui comme un trou noir.

C'est comme s'il me dévorait et je sens que je sombre petit à petit dans son néant.

Je me débats pourtant continuellement et quelques fois j'arrive à remonter un peu vers la lumière.

Mais rapidement ce trou noir semble s'en rendre compte et sa puissance d'attraction augmente considérablement.

Et je sombre à nouveau.

Vais-je devoir supporter cet enfer toute ma vie ou n'est-ce qu'une épreuve pour déterminer si je suis digne d'être adulte ?

Mon seul bouclier est ma sociabilité. Je parle à beaucoup de gens, je rigole, je souris.

Je me cache derrière ce masque pour me protéger et me permettre de rester à la surface.

C'est mon seul moyen de survie. Même si ça ne suffit pas toujours.

Je n'ai parlé de cette chose infernale à personne.

Il n'y a que ma soeur qui sait ce que je vis. Elle l'a su d'elle-même, je n'ai jamais eu besoin de lui expliquer.

C'est pour ça qu'on est aussi proches, on se comprend sans même devoir prononcer un mot.

Je ne sais pas si c'est parce que nous sommes jumeaux mais il y a une sorte de connexion entre nous.

Elle est ma raison de continuer à vivre. Je ne peux pas l'abandonner.

Si jamais je la perdais, je doute pouvoir m'empêcher de sombrer à jamais dans les limbes.

-Tiens frérot, un mouchoir.

Perdu dans mes larmes, je n'ai pas entendu Romy entrer dans la chambre.

Je lève la tête.

Elle me tend un mouchoir en constatant l'oreiller trempé.

Je le saisis en la remerciant d'un hochement de tête.

Elle s'installe à côté de moi et m'invite à poser ma tête sur son ventre. Je m'exécute, reconnaissant.

Elle joue avec mes cheveux.

Au bout de quelques minutes, nous nous endormons, blottis l'un contre l'autre.