Nélio ou Linéo

Chapitre 18 : Ayden

Mercredi 17 octobre

-Aaahh ! Ayden, il est gay ! s'écrie Amadou.

Son regard débordant de dégoût me transperce le coeur et je ne peux m'empêcher de baisser la tête.

Pourquoi aimer les garçons est si répugnant aux yeux des autres ? Je ne comprends pas pourquoi ça me rend différent.

J'aime de la même façon que si j'aimais les filles, alors pourquoi est-ce devenu aussi horrible d'aimer ?

Nélio se lève brusquement et me ramène à la réalité.

Je vois à nouveau dans ses yeux ces flammes dorées. Mais elles sont différentes de la dernière fois.

Elles sont beaucoup plus ardentes et flamboyantes. Comme si une énorme colère les nourrissait.

J'écarquille les yeux. Nélio se place entre Amadou et moi.

Sa main se lève et sa paume frappe de plein fouet la joue d'Amadou. Le claquement résonne dans mes tympans.

-T'es qui pour le regarder comme ça ?! s'exclame le rouquin.

Mes joues se retrouvent soudainement trempées de larmes.

Amadou se tient la joue et fixe Nélio d'un regard noir. Il bouillonne de rage.

Des gens se sont rapprochés pour savoir ce qui se passe. Les chuchotements se font de plus en plus nombreux.

-D'où tu me frappes ! s'écrie Amadou.

Son poing se lève et atterrit dans la mâchoire de Nélio. Quelques gouttes de sang tombent sur le sol.

Des exclamations retentissent du flot d'élèves.

Nélio se tient au mur, chancelant.

Furieux, je balance mon pied dans l'entre-jambe d'Amadou. Il pousse un cri et se tortille de douleur.

Nouvelles exclamations choquées.

Je me lève et rejoint Nélio. Il saigne de la bouche. J'essuie avec ma manche le sang qui coule sur son menton.

Amélie soutient Amadou.

-Je suis désolé de t'avoir embarqué là-dedans, dis-je en dégageant ses cheveux de son visage.

-C'est moi qui l'ai frappé, pas toi. Et je regrette pas, répond-il, souriant.

Ses flammes dorées brûlent encore un peu dans ses yeux. Je ne sais toujours pas ce qu'elles sont mais actuellement, ça n'a pas d'importance.

Je lui souris, une larme commençant sa descente sur ma joue. Il l'essuie.

-Pleure pas, ça va aller, chuchote Nélio.

C'est comme s'il avait deux personnalités différentes.

La première étant renfermée, timide et dénudée de confiance en soi alors que la deuxième est sans peur, extravertie et très confiante.

Découvrir ses deux facettes me rend dingue. J'en perds mes repères.

-Qu'est-ce qui se passe ici ? s'exclame un surveillant (M. Tolba) en traversant la foule d'élèves.

-Nélio et Ayden m'ont frappé ! dit immédiatement Amadou en repoussant Amélie.

-Il s'est moqué d'Ayden et m'a aussi frappé monsieur ! renchérit le rouquin.

-On va s'expliquer chez la CPE, suivez-moi, tranche M. Tolba.

Nous le suivons, contraints de passer devant la soif de ragots des élèves.

Amélie se fait tout de suite entourer et bombarder de questions par les élèves.

En attendant devant le bureau de Mme Vagnair (la CPE), je jette un oeil à Nélio.

Ses flammes ont disparu et il fixe le sol d'un regard paniqué. Il n'est plus le Nélio extraverti.

La CPE nous fait entrer et nous nous asseyons. Le surveillant repart.

Il ne me reste plus qu'à espérer qu'elle n'appelle pas ma mère...