Chapitre 11 : FRIENDZONE

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8 décembre 2021, 21 : 20

Je me réfugie au balcon tandis que la fête bat son plein. J'ai honte de m'être comportée ainsi, Samuel doit me prendre pour une folle. Un coup je me jette dans ses bras, celui d'après je m'échappe sans donner d'explications. C'est à n'y rien comprendre.

A vrai dire j'ai moi-même du mal à décrypter mes propres pensées sur ce coup. Ou peut-être est-ce simplement parce que je pense trop ? Je n'arrive pas à lâcher prise, arrêter de tout intellectualiser et me laisser porter par l'instant présent sans anticiper la catastrophe à venir.

Foutue anxiété. Qu'est-ce que j'ai fait pour te mériter ? Parfois, je me dis que je paierais cher pour passer ne serait-ce qu'une heure dans la tête de Val, elle qui ne connaît pas la définition du mot « stress ». Ce doit être tellement reposant de ne penser à rien. De profiter de la vie, finalement.

Mais moi, Sasha Molino, je suis née avec le gêne « panique » en plusieurs exemplaires. Et une fois de plus, ce soir, il s'est manifesté.
J'ai vu Samuel m'enlacer et me sourire, je me suis surprise à aimer ça, et aussitôt à peine, la petite voix dans ma tête a dit « Mais enfin, Sasha, qu'est-ce que tu t'imagines exactement ? Qu'il va tomber amoureux de toi et que vous allez vivre une belle histoire comme dans les comédies romantiques à deux balles ? Ne sois pas ridicule. »

Alors plutôt que de chasser ces vilaines pensées et de gérer mes émotions comme une adulte mature et responsable, j'ai préféré fuir lamentablement. Cela porte un nom : la lâcheté.

Toc, toc. On frappe sur la porte vitrée. Je me retourne et découvre sans surprise la silhouette de Samuel qui s'engouffre dans le froid de décembre. Et oui ma vieille, c'est le moment d'assumer tes conneries.

« Tout va bien ? T'es partie d'un coup alors je me demandais si j'avais fait quelque chose de travers » m'interroge-t-il.

« Non, excuse-moi. Tu n'as rien fait de mal, c'est moi qui suis un peu paumée »

Je laisse volontairement un flou dans ma réponse, ne souhaitant pas donner plus de détails et espérant naïvement qu'il s'en contenterait.

« Comment ça ? » insiste-t-il, visiblement pas décidé à lâcher le morceau.

Difficile à expliquer.

« Tu vas trouver ça bête. Pendant un moment, quand on dansait, ça m'a paru un peu ambigu et je me suis sentie déstabilisée. Ne vas pas t'imaginer que je fantasme sur toi hein, je te rassure ! Je te considère comme un bon pote » je m'efforce d'expliquer sans trop me trahir.

Par mégarde, je rajoute un petit clin d'œil pseudo-complice – surtout maladroit- à la fin de ma phrase, histoire de donner un côté faussement détendu à tout cela.

« Rassuré de savoir que je ne te plais pas du tout ! J'ai failli croire que j'étais séduisant, t'imagines comme je me voilais la face ? » me répond-il, ironique mais presque un peu vexé.

Je lui souris en retour, lui signifiant qu'il ne faut pas jouer à celui qui ne comprend pas avec moi.

« Plus sérieusement, moi je ne trouve pas ça bête puisque j'ai pensé exactement la même chose que toi. Il y a eu un truc tout à l'heure. Enfin, du moins, c'est ce que je croyais jusqu'au moment où tu m'as annoncé que j'étais bel et bien dans ta friendzone » précise-t-il, l'air vraiment déçu.

Alors, ça, je ne l'avais pas vu venir. Et pourtant Dieu sait que je suis la spécialiste pour prévoir les pires scénarios dans ma tête.

« Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire. Simplement, c'est compliqué pour moi en ce moment.», je lui réponds, tentant d'apaiser les choses.

Samuel doit déceler ma détresse puisqu'il s'approche de moi et prend ma main, comme pour me rassurer.

« Ecoute Samuel, soyons honnêtes envers nous-mêmes et faisons preuve d'un peu de lucidité. Tu me plais, certes, et à t'entendre c'est réciproque. Seulement voilà, je suis enceinte d'un enfant qui va naître dans trois mois. On ne va pas démarrer quoi que ce soit maintenant. Ça n'aurait aucun sens. Et crois-mois, je dis ça pour te rendre service. Tu n'as pas envie de t'embarquer dans une histoire bancale avec une fille en pleine crise existentielle qui n'a rien à t'offrir. Je n'existe plus toute seule, mon bébé et moi on vient en duo indissociable maintenant. Tu ne peux pas être avec moi sans être avec lui. Tu comprends ?

Alors ce que je peux te conseiller de mieux, c'est de te trouver une fille sympa, mignonne, drôle, intelligente, qui n'est pas sur le point de devenir mère et avec laquelle tu auras le loisir de faire tout ce que tu veux »


Je vois le visage de Samuel se durcir à mesure qu'il m'écoute débiter ma tirade. Son regard est vide, sa mâchoire crispée. Ce n'est plus du tout le Samuel tendre et protecteur auquel je suis habituée.

« Ok, si c'est vraiment ce que tu veux. À 26 ans, je pensais être enfin assez âgé pour savoir et décider par moi-même de ce qui pouvait me rendre heureux ou non. Mais visiblement tu as fait ce choix pour nous deux sans prendre la peine de me demander ce que j'en pensais. Dommage »

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N.A : Alors, votre avis sur la décision prise par Sasha et la réaction de Samuel ? Qu'est-ce que vous imaginez pour la suite ? 

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 18/10)

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