Chapitre 17 : INCATATION DÉLIRANTE

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4 janvier 2022, 11 : 08

Après le fiasco du nouvel an, je tente péniblement de me remettre de mes émotions. Entre mon échange avec Samuel que je ne cesse de me repasser en boucle en essayant de comprendre ce qu'il sous-entendait et mon quart d'heure collé serré avec Fabio, tout s'embrouille dans ma tête.

En attendant, j'ai rendez-vous avec le bel argentin au café. Quand je me suis réveillée le premier janvier, il n'était déjà plus là. Mais il a quand même pris la peine de m'envoyer un message m'expliquant qu'il était à Paris pour une dizaine de jours et qu'il logeait chez une amie de la tante de son cousin Carlos. J'ai fait semblant de comprendre, n'ayant pas la curiosité d'investiguer davantage l'arbre généalogique de Fabio.

Nous avons convenu de nous retrouver ce matin pour discuter de l'avenir de notre relation et surtout, du rôle qu'il veut jouer ou non en tant que géniteur de cet enfant.

Alors me voilà, à peine réveillée, qui m'assieds à une table de la terrasse chauffée. Comme à son habitude, Fabio est en retard. Et pourtant j'avais anticipé en le conviant à 10h30, tout en sachant que je n'arriverai moi-même qu'à 11 heures.

Dix, quinze, puis vingt minutes s'écoulent sans le moindre signe de vie de la part de l'intéressé. Je commence à m'impatienter, prête à partir quand j'aperçois sa gueule d'ange, tout sourire, qui s'avance vers moi sans afficher une once de culpabilité.

Nous commandons un chocolat chaud puis échangeons quelques nouvelles brièvement. Fabio m'explique qu'il fait une pause dans ses études et a pris une année sabbatique pour voyager et - je cite - « découvrir de nouvelles énergies venues d'ailleurs ». Il a fait une retraite spirituelle cet été qui a visiblement bouleversé sa vie, et depuis il veut s'éloigner du consumérisme pour adopter un mode de vie plus en communion avec la nature.

Autant vous dire que j'ai l'impression d'avoir le dalaï lama en face de moi. Un peu plus et il va m'annoncer que désormais il se lave avec de la bouse de vache car elle a de formidables vertus pour la peau.

Pour couronner le tout, il a quitté son appart à Buenos Aires pour habiter dans une communauté au fin fond des montagnes où ils récitent des incantations douteuses qui sont censées leur apporter sagesse et sérénité.

Tout ça a des allures presque sectaires. Je ne reconnais plus le Fabio que j'ai fréquenté il y a un peu plus de six mois. Je crois que je le préférais encore en bombe latine sans cervelle.

Je lui fais part de mon quotidien, beaucoup plus tranquille, et arrive sur le tapis le fameux sujet pour lequel nous nous sommes retrouvés initialement. Je m'attends au pire.

« Écoute, cet enfant cé oune incarnation céleste. Nous sommes les élous. Madre natoure nous a confié cette mission. Viens en Argentina avec moi. Il y a dé la place dans ma cabane pour vous : tous verras, ça va être formidablé »

Je rêve où il s'imagine que je vais quitter ma petite vie paisible, mes amis et ma famille pour le rejoindre dans son trou à rats et embrasser son délire sectaire à deux balles ?

On nage en plein délire là. Enfin surtout lui, en l'occurrence. Je suis à deux doigts de contacter les urgences psychiatriques pour le faire interner tellement c'est lunaire comme proposition.

« Ecoute Fabio, c'est bien gentil ton engouement autour de mère nature et tout le tralala, mais tu nous laisses en dehors de tout ça. Franchement, c'est n'importe quoi. Je ne sais même pas pourquoi je suis venue, je crois qu'il vaut mieux qu'on en reste là » je lui lâche d'un ton sec laissant transparaître mon énervement.

« Né lé prends pas coumme ça ! Tous dis ça maintenant porqué tous vis dans l'ignorance dé ta destiné ! »

Mais il a été frappé par la foudre cet énergumène, c'est pas possible !

Je quitte le café à grandes enjambées pour m'éloigner au plus vite possible de ce grand fou.

Quand je rentre à l'appart et que je raconte la scène à mes colocataires, ils s'esclaffent :

« Franchement Sasha, je te trouve super fermée d'esprit ! Moi à ta place j'adorerais dormir sur du fumier et manger des pousses de cactus au petit-déjeuner » ironise Paul.

« Bah ouais j'avoue, avec une petite sauce à la crotte de pigeon...miam ! » renchérit Val.

Seule contre tous, même mes amis ne compatissent pas à mon chagrin.

« Cé bébé ést lé méssi, lé prince dé la natoure Sasha » se moque Paul, imitant l'accent quelque peu désastreux de Fabio.

Je finis par rire avec eux de l'absurdité de la situation. La bonne nouvelle c'est que le dilemme qui me torturait l'esprit pas plus tard que ce matin s'est envolé : Fabio n'est définitivement plus une option sur le plan amoureux. Ni sur aucun plan, d'ailleurs.

Comme quoi, être taillé comme un mannequin et savoir rouler du cul sur une bachata, ça ne fait pas tout mesdames.

Pour me remettre de mes émotions, je commande une pizza – mea culpa, je dois manger pour deux maintenant, donc finalement c'est comme si la moitié des calories allaient directement dans l'estomac du bébé. Ne cherchez pas la logique mathématique derrière, je dis ça simplement pour me rassurer face à l'apparition imminente des vergetures et des bourrelets.

Il faut bien qu'il y ait des aspects positifs à cette grossesse tout de même ! 

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N.A. : Alors, votre avis sur la proposition de Fabio ? Et sur la réaction de Paul et Val ?

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 08/11)

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