10 février 2022, 19 : 45
Voilà dix jours que je file le parfait amour avec mon dulciné. Comme des adolescents, en cachette, nous nous retrouvons pratiquement chaque soir après notre journée de travail. Je commence à y prendre goût, à la vie de couple.
Mais mon petit cœur me somme tout de même de ne pas aller trop vite en besogne. Je sais d’expérience que l’effervescence des premières semaines ne dure pas éternellement, et que bientôt le filtre rose bisounours au travers duquel le monde me semble si formidable – j’ai quand même réussi à m’extasier dix minutes sur des tasses portant l’inscription « félins pour l’autre » hier chez Carrefour, kitsch au possible, à ce stade faut peut-être consulter directement - disparaîtra pour laisser place à une réalité beaucoup plus brutale.
Car oui, la vraie vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille en matière d'amour. J'en connais un rayon sur le sujet. Mais pour l'instant laissez-moi savourer encore quelques instants de déni.
Je toque à la porte de l'appartement de Samuel. Surexcitée à l'idée de pouvoir bientôt le serrer dans mes bras, j'ai l'impression d'être une collégienne en pleine explosion hormonale. Je ne me suis pas sentie comme ça depuis mon premier bisou avec Dimitri en 3eme (bisou soit dit en passant plus gluant qu'autre chose, mais à l'époque il faut croire qu'un appareil dentaire plein de bave ça paraissait sexy).
Ah, c'est beau l'amour !
Samuel m'ouvre avec un grand sourire et m'embrasse passionnément à peine ai-je franchi le pas de sa porte. Quel accueil !
Ça sent divinement bon : il faut dire qu'en plus d'être doté d'une beauté renversante et d'un sens de l'humour des plus raffinés, mon homme est aussi un cuisto hors pair ! Moi, pas objective ? Mais non, voyons.
"Et pour vous Madame, ce soir le chef vous a personnellement concocté une de ses spécialités : effiloché de poisson sur son lit de pâtes" me présente-t-il fièrement sa création.
"Des lasagnes au saumon en gros" le taquinai-je
"Oh la la, tu as l'art et la manière de tuer mon enthousiasme. T'es trop terre à terre : ce ne sont pas de vulgaires lasagnes au saumon, c'est le fruit d'un travail acharné. Je dirais même le projet d'une vie" ironise-t-il en retour.
"Au temps pour moi messire, toutes mes excuses"
Je rentre dans son jeu et accompagne ma remarque d'une révérence volontairement exagérée.
Nous rions ensemble.
"Je ne sais pas si tu mérites que j'accepte tes excuses, je suis terriblement vexé"
Il en rajoute des caisses pour faire exprès.
"Oh la la, pauvre chou. Que puis-je faire pour me faire pardonner ?" lui dis-je avec une moue désolée pour l'amadouer
"Je sais pas...peut-être qu'un petit massage des pieds tout à l'heure pourrait faire l'affaire" suggère-t-il
"Alors là mon coco, si tu crois que je vais toucher tes panards qui sentent le gruyère râpé, tu te mets le doigt dans l'œil" je lui rétorque
"Je rêve ! Mes pieds sont parfaitement propres, je te signale. Les tiens en revanche, qui macèrent depuis une heure dans tes chaussettes de sport, permets-moi d'en douter !" me balance-t-il sans retenue.
Il n'y va pas de main morte, celui-là ! Bon, ceci dit, c'est moi qui ai commencé. Je l'ai peut-être un peu mériter. Mais pour l'embêter, je fais mine de bouder et obtiens un bisou en lot de consolation.
Admirez le travail.
Soudain, en plein étreinte, nous sommes interrompus par la sonnette. Je toise Samuel l'air de dire : "tu attendais un invité ?", mais à en juger par sa mine déconcertée, il n'a aucune idée de qui peut bien se pointer à l'improviste.
Il jette un coup d'œil à travers le judas de porte et me dit :
"C'est Harry"
Je panique : que va-t-il penser s'il me découvre chez Samuel un soir de semaine en tête à tête et sans raison apparente ? Nous qui sommes sensés se la jouer discrets, c'est raté.
Face à mon désarroi, mon copain propose :
"Tu n'as qu'à te cacher dans la salle de bain en attendant. Je vais prétexter que j'ai du travail pour l'expédier rapidement"
"Chut" je chuchote en mettant mon doigt devant ma bouche "je te rappelle qu'il peut nous entendre, il n'est pas encore sourd à ma connaissance !"
Puis j'enchaîne : "La salle de bain ? Et s'il lui prend une envie de pisser ? J'aurais l'air maligne ! Non, je vais me mettre dans ton dressing, là au moins il n'y a pas de risques qu'il vienne fouiller"
"Comme tu préfères, mais dépêche toi parce que là ça va faire louche"
Je m'éclipse dans ma super cachette : il fait noir et je suffoque sous une pile de chemises, géniale cette soirée en amoureux !
J'entrevois Harry et Samuel qui discutent.
"Bah alors mec, t'en as mis du temps à m'ouvrir : t'étais en train de poser une pêche ou quoi ?"
Classe légendaire, merci Harry. Non, tout le monde ne passe pas ses journées sur le trône à jouer à Candy Crush, certains ont d'autres façon d'occuper leur temps libre.
"T'es con ! Bon, qu'est-ce qui t'amène ? Je veux pas te chasser mais je suis un peu occupé en fait" répond simplement Samuel
"Comment ça, occupé ? T'as plus de temps à consacrer à ton meilleur ami ?" le taquine Harry
Samuel sourit et se gratte la nuque sans rien ajouter, espérant que cela incitera son ami à déguerpir plus vite.
"Bah alors, t'es tout gêné ! Qu'est-ce qui t'arrive ? T'attends une nana, c'est ça ? Tu peux me le dire hein, pas de secret entre nous ! Et puis t'as bien le droit de profiter, les plans cul c'est fait pour ça"
Samuel rougit :
"Tu dis n'importe quoi mec, t'as trop d'imagination ! Je suis juste fatigué et je voudrais terminer un truc que j'étais en train de faire sur mon ordi"
Bon, niveau excuses improvisées on a connu plus crédible.
"Arrête, tu sais pas mentir !" insiste Harry, très amusé par la gêne de son pote "Me dis pas que c'est la nouvelle recrue ? Clara, c'est ça ?Oh j'en étais sûr, elle te tournait autour depuis des semaines. Mais bon, je te comprends, c'est une bombe atomique cette fille !" dit-il tout fier, avec un clin d'oeil de pseudo-complicité.
Je fulmine intérieurement. C'est qui cette Clara ? Il s'est bien gardé de m'en parler.
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N.A : Alors, vos suppositions sur cette nouvelle Clara ? Et le comportement d'Harry, vous en pensez quoi ?
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A SUIVRE... (prochain chapitre publié le 10/12)
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ChickLit« Mademoiselle Molino, ce que je vais vous annoncer risque de vous mettre en état de choc : vous êtes enceinte de 5 mois ». " J'entends encore résonner ces paroles dans ma tête, sans que je puisse vraiment leur donner un sens. Enceinte. Moi. Un béb...
