Chapitre 18 : RACLETTE ET JALOUSIE

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12 janvier 2022, 7 : 34

La douce voix de Mariah Carey - qui visiblement est bloquée dans une faille temporelle de Noël depuis 25 ans - me sort de mes songes. J'entrouvre les paupières de façon fébrile pour découvrir un paysage de montagne enneigé. Est-ce que ça valait le coup de se réveiller à 4h du matin pour autant ? Ça se discute.

"Ah, une revenante ! Ça y est, tu as fini de râler ? On va enfin pouvoir profiter de la musique !" s'écrie Paul à un volume qui agresse mes tympans, qui plus est à une heure si matinale.

Je lui adresse une mine renfrognée en guise de réponse.

"All I want for christmas is you je veux bien, mais on est mi-janvier, il serait temps qu'elle passe à autre chose notre amie Mariah" se plaint Erwan assis sur le siège passager.

"Ah non ! Je peux pas te laisser dire ça. Là tu vas trop loin" renchérit Paul qui paraîtrait presque personnellement offusqué par cette remarque.

Que la fête commence ! J'avoue que, lorsque Val et Paul m'ont parlé de faire un weekend ski dans le châlet des parents de Samuel, l'idée ne m'a pas vraiment enchantée. Etant enceinte jusqu'au cou, la perspective de monter sur des skis me paraissait quelque peu inquiétante. Sauf que mes amis, qui connaissent mon point faible pour la gastronomie savoyarde, ont eu raison de moi quand ils ont invoqué l'argument "charcuterie et raclette à volonté".

C'est donc pour cette raison que je me trouve entassée à l'arrière d'une Peugeot 205 qui n'a sans doute pas passé le contrôle technique depuis belle lurette, à une heure aussi indécente.

1 heure et quatre embrouilles au sujet de la musique plus tard, nous voici arrivés à destination. Samuel, Paula et Harry sont déjà là, ils ont pris la route hier soir.

Les chambres sont assignées et la troupe s'apprête à gagner les pistes, tandis que de mon côté j'envisage un programme cooconing à base de chocolat chaud et comédies romantiques au coin du feu.

Val culpabilise de me laisser seule au châlet mais je la rassure. Un dernier passage aux toilettes avant de partir, tandis qu'Harry s'exclame :

"Oh la merde, c'est normal la fuite dans la salle de bain ?"

Oui oui, c'est bien connu que l'eau qui coule du plafond c'est fait exprès, pour créer une petite ambiance fontaine naturelle.

Panique générale, Samuel appelle le plombier mais celui-ci ne sera pas là avant 3 heures.

"Allez-y sans moi, tant pis. Il faut que je reste pour gérer les dégâts"

À croire que le karma s'abat sur moi. Je m'efforce tant bien que mal d'oublier Sam et voilà que je vais me le colletiner en tête à tête improvisé. Génial.
Tout le monde s'en va, avec un air un peu coupable et nous restons plantés sur le seuil de la porte, comme deux idiots.

Samuel va prendre une douche dans la salle de bains encore fonctionnelle, tandis que je m'affaire à regarder le programme télé. Impossible de trouver la télécommande du chauffage, il fait un froid de canard dans ce maudit salon !
J'entreprends de fouiller le châlet de A à Z à la recherche de l'objet en question. Ce lieu est un véritable labyrinthe, les couloirs se suivent et se ressemblent. Rien dans le bureau, ni dans la cuisine.
J'entrouvre une énième porte sans savoir ce qui se cache derrière quand soudain je tombe nez à nez avec : Samuel. Nu comme un ver.

"Ah ! Mais ça va pas de te balader à poil comme ça !" je m'écrie d'effroi, cachant mes yeux pour tenter d'oublier la scène traumatisante à laquelle je viens d'assister.

"C'est-à-dire que - je ne sais pas comment tu te douches de ton côté et je ne veux pas le savoir - mais généralement quand on se lave ce n'est pas tout habillé" répond-il, visiblement amusé par ma gêne.

Effectivement, nous sommes dans une salle de bains. Jusqu'ici son raisonnement tient la route.

"Et puis n'exagère pas non plus ! À en voir ta tête on dirait que tu viens d'avoir une vision d'horreur ! Ou alors c'est mon corps de dieu grec qui te met dans cet état ? C'est vrai que t'as pas dû en voir souvent des comme ça" ajoute t il en contractant des abdos pour toujours plus de modestie.

Je m'en vais en pestant. Le culot du mec, à croire que je suis abonnée aux thons, c'est vexant. Bon, ceci étant dit, en toute transparence, il est sacrément bien foutu. Rien d'étonnant pour un pompier mais l'effet est tout de même au rendez-vous. C'est Paula qui doit se régaler.

Toutes ces pensées me font monter le feu aux joues. Je décide de m'éclipser du chalet pour ne pas avoir à recroiser Sam tout de suite, prétextant avoir besoin d'un renseignement à l'accueil de la station.

Arrivée sur place, non sans difficultés - satanées marches d'escalier - je me dirige vers la réceptionniste pour m'enquérir des horaires d'ouverture du spa. Tout ça pour m'entendre dire qu'il est en travaux.

Un homme d'une trentaine d'années, blond, pas très grand mais joli minois s'avance vers moi :

"Excusez-moi, ça va vous paraître un peu indiscret mais je vous ai entendu parler du spa, et sachez qu'il y en a un dans la station à 15 minutes en voiture"

"C'est gentil mais je ne peux pas vraiment me déplacer..."

"Aujourd'hui je ne peux pas mais je vous y emmène demain si vous voulez ! J'avais prévu d'y aller de toute façon !"

J'ai un mouvement d'hésitation. Un bon jacuzzi ne me ferait pas de mal, mais je ne sais pas dans quelle mesure il est bien judicieux d'accepter une telle proposition d'un parfait inconnu, aussi charmant soit-il.

Finalement, nous papotons davantage autour d'un café et j'accepte de lui laisser mon numéro pour en rediscuter. Au moment où je lui dicte les chiffres, qui vois-je débouler en furie ? Samuel.

"Sasha ! Ça fait 1 heure que je te cherche, je me suis fait un sang d'encre ! Pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu sortais ?"

Terriblement gênée par cette crise de nerfs ridicule, je m'éclipse en m'excusant auprès de Georges, puisque c'est son prénom.

J'adresse un regard meurtrier à Samuel.

"Ne t'avise plus jamais de me parler de la sorte. Je ne suis pas une gamine, je fais ce que je veux et je n'attends certainement pas ta permission"

"Excuse-moi de veiller sur toi ! Je ne pouvais pas deviner que tu étais déjà accompagnée..." me lance-t-il d'un ton accusateur.

Nous regagnons le châlet à pied, en silence. Je fulmine de l'intérieur.

Finalement, les autres reviennent peu après le départ du pompier, enchantés de leur journée. J'aimerais pouvoir en dire autant.

"Alors, vous ne vous êtes pas trop ennuyés de vôtre côté ?" nous demande Val

"Oh non, Sasha était bien occupée à se faire draguer. N'est-ce pas Sasha ?" répond Sam sur un ton provocateur.

Je ne réponds pas, mais à en juger par leur air interrogateur et avide de potins, je vais devoir me justifier.

"Rien, juste un mec attentionné - car ça existe" j'appuie volontairement sur cette partie pour signifier mon mécontentement à Samuel "qui m'a proposé de me conduire au spa demain"

"Oh, quel gentleman ! C'est adorable" s'exclame Val.

"Adorable mon cul ! Il veut juste faire des cochonneries avec elle dans le sauna" tranche Harry, toujours aussi subtil et délicat.

"Nan mais tu comprends pas, Georges est un surhomme qui n'a aucun défaut. On ne fait pas le poids" se moque Samuel d'un ton ironique empreint d'agacement.

Mais c'est qu'il est lourd à la longue ! C'est quoi son problème à la fin ? Il est jaloux ?

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N.A : Alors, votre avis sur ce Georges et sa proposition saugrenue ? Et le week-end au ski, comment vous le sentez ? (Un troisième pour la route : 12 janvier, Mariah Carey ça passe encore ou c'est à bannir ?)

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 15/11)

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