Chapitre 16 : DEUX POUR LE PRIX D'UN

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31 décembre 2021, 23 : 52

"Je ne savais pas que tu voyais quelqu'un".

À en juger par le regard noir qu'il me lance, j'ai l'impression d'avoir lâché une bombe. Désolée de ne pas vouloir continuer plus longtemps ce petit manège de faux semblants et politesses. Contrairement à Samuel, je refuse de m'auto-persuader que tout va bien entre nous. Parce que ce n'est pas le cas. Et il faut y remédier.

Une partie de moi sait que c'est aussi de ma faute si on en est arrivé là aujourd'hui. Ça partait sur de bonnes bases et j'ai tout envoyé paître. Il m'en veut encore, c'est évident.

"C'est encore très récent. Et puis je vois que tu as vite tourné la page aussi de ton côté" me rétorque-t-il d'un ton sec en désignant Fabio.

Alors là c'est culotté. Il se ramène avec sa Paula à ma propre fête et après il ose me donner des leçons, c'est la meilleure !

"Pas exactement. C'est Fabio, tu sais..." je dis, timidement.

À croire qu'il le fait exprès, il me laisse galérer sans chercher à deviner ce que je veux lui dire.

"...le père quoi"

Il affiche un air ébahi, visiblement surpris par ma révélation. Il faut dire qu'imaginer Fabio père est difficilement concevable quand on le voit pioncer comme un bienheureux sous un plaid Dragon Ball Z.

" T'es en train de me dire que cet espèce de guignol éméché est le père de ton enfant ? Mais enfin Sasha tu déconnes là ? Qu'est-ce qui t'a pris ?" me lâche-t-il d'un ton qui trahit son incompréhension mêlée à une pointe d'agacement.

J'ai l'impression d'être une gamine qui se fait enguirlander parce qu'elle a cassé le vase préféré de mamie. Si je regrette déjà certains de mes choix passés, je n'ai certainement pas besoin qu'il remue le couteau dans la plaie. 

Ma frustration se transforme en tristesse et bientôt j'ai les yeux embués de larmes. C'est pathétique, je ne sais pas quoi répondre pour plaider ma cause. Samuel comprend à ma réaction qu'il y est sans doute allé un peu trop fort et se confond en excuses :

"Désolé, je ne voulais pas dire ça. Tu avais sûrement tes raisons et je n'ai pas à m'en mêler. Mais quand je vois comme ce mec a l'air fiable, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi"

Son attention à mon égard serait presque attendrissante s'il n'était pas déjà prisé par une autre.

"Tu n'as pas à veiller sur moi. Et puis je ne pense pas que Paula apprécierait" le provoquai-je.

"Ce n'est pas la question. C'est entre toi et moi et puis ce n'est pas comme si je le faisais exprès"

Cette conversation prend une tournure tout à fait inattendue, non pas que ça me déplaise. Mais je me retrouve comme prise au dépourvu, ne sachant que répondre à cela.

Soudain, brisant le silence que je peinais à combler, une silhouette fait son apparition dans l'encolure de la porte :

"Chachou ? Ah, désolée de vous interrompre. Tu as trouvé l'adaptateur ? C'est bientôt l'heure du décompte alors je t'attends dans le salon !"

Quand on parle du loup : Paula.

Samuel s'empresse de lui emboîter le pas sans rien ajouter. Il se retourne tout de même brièvement, guettant ma réaction. Je me contente de le taquiner pour détendre l'atmosphère :

"Chachou ? Sérieusement ?", indiquant à quel point je trouve ce surnom ridicule et que je m'étonne que Samuel s'en accommode, lui qui a horreur de tout ce qui est cucul.

Il lève les yeux au ciel d'un air de dire "laisse tomber".

Il y a comme un goût d'interdit à tout cela, comme si on nous avait pris en flagrant délit alors que nous ne faisions que discuter. Dans le noir. Dans ma chambre. Tous les deux.

Bon, j'avoue, je me sens coupable. J'ai l'impression de jouer à celle qui essaie de piquer le mec de Paula malgré moi. Le petit diable sur mon épaule me sussure que j'étais là avant elle, mais ma morale le rattrape en lui assénant que j'ai laissé passer ma chance.

Et au milieu de tout ce merdier, je suis finalement un peu déçue qu'elle nous ait interrompus. Pour une fois qu'on se disait les choses. Enfin, surtout pour une fois qu'IL me disait les choses. Je reste sur ma faim.

Quand j'arrive au salon, je découvre Paul et Harry en pleine bataille de confettis. On va s'amuser pour nettoyer l'appart demain (note pour moi-même : c'est Paul qui passera l'aspi - ça lui apprendra !)

Arrive l'heure du célèbre et tant attendu décompte du Nouvel An.

"10...9...8...7...6...5...4...3...2...1...BONNE ANNÉE !"

Les cris fusent dans l'engouement général, des sourires et des accodales de tous les côtés. Paul a pour premier réflexe de s'enquiller une flûte de mousseux en cul sec : en voilà un qui garde ses bonnes résolutions d'année en année.

Me concernant, j'embrasse Val et nous nous dandinons sur "Single ladies" de Beyoncé. Ironie du sort, Samuel et Paula sont au même instant en train de s'embrasser fougueusement dans un coin de la pièce. Je vais faire ma vieille rabat-joie de service mais il y a des chambres pour faire ce genre de choses sans l'imposer à la vue de tous ! Et de préférence pas la mienne.

Le voir avec elle me provoque un petit pincement au cœur. Moi qui croyais être passée à autre chose, que ce n'était qu'un petit flirt sans avenir : j'ai clairement sous-estimé l'effet qu'il a sur moi.

Quand chacun a fini de distribuer ses vœux de bonheur et de succès, je me précipite sur la piste de danse - autrement dit les 5 mètres carrés d'espace à peu près désencombré que nous sommes parvenus à dénicher dans tout ce bordel.

Soudain, une apparition divine. Ah non, faux espoir, ce n'est que Fabio qui sort de ma chambre tel un ours en fin d'hibernation. Il semble un peu confus face à toute cette effervescence mais en entendant la douce voix d'Enrique Iglesias qui fredonne "Bailando" dans les haut-parleurs, ses racines latinos semblent se réveiller brusquement.

Il s'avance vers moi, déboutonne un bouton de sa chemise pour laisser apparaître ses pectoraux saillants et m'attrape par les hanches en faisant onduler son bassin au contact du mien. Si on peut lui reconnaître un talent, c'est bien la bachata. Cette danse sensuelle qui lui a valu beaucoup de succès auprès de la gent féminine, moi comprise.

Et une fois de plus, ça ne rate pas puisque la collègue de Val nous lance :

"Que calor ! Où est-ce que je peux m'en trouver un comme ça, moi aussi ?"

Je ris et me laisser aller au rythme de la musique, guidée par mon partenaire. Je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool ou l'euphorie suscitée par Fabio mais je passe presque un bon moment en sa compagnie. Qui l'eût cru ?

Celui qui semble un peu moins apprécier notre spectacle c'est Samuel. Il fait mine de nous ignorer mais je le vois nous lancer des regards laissant paraître son agacement. Chacun son tour, monsieur !

Finalement peut-être que Fabio n'est pas un si mauvais choix.

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N.A : Alors, votre avis sur ce triangle amoureux qui se dessine ? Plutôt team Fabio le danseur enflammé ou Samuel le pompier romantique ? 

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 05/11)

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