Chapitre 23 : UN PAS VERS L'INCONNU

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31 janvier 2022, 18 : 12

Je manque de m'évanouir en apercevant la silhouette de Samuel s'avancer au loin. 3 jours que j'attends ce moment. 3 jours que j'essaie de m'imaginer quelle tournure notre petite entrevue risque de prendre : dispute dramatique, retrouvailles torrides ?

Je ne sais plus quoi penser, je deviens folle. Je ne dors pas à cause de cette histoire. Je m'en veux terriblement pour la pauvre Paula qui n'avait rien demandé...je me sens coupable, ce que nous avons fait est mal.

J'ai passé ces trois derniers jours à me lamenter, à tout de rôle auprès de Val ou de Paul, mais je sens que je suis arrivée à bout de leur patience. J'entends encore la voix de Paul, exaspéré, qui résonne dans mes oreilles : « Personne n'est jamais allé en enfer pour un bisou volé dans les toilettes, ma vieille ! On est plus en CE2. Et si jamais ça devait arriver, crois-moi je serai le premier sur la liste : on se tiendra compagnie ».

Merci pour ces paroles pleines de sagesse. Malheureusement elles n'ont pas eu l'effet escompté puisque je suis actuellement à deux doigts de la crise de tachycardie.
Et en même temps, ne serait-ce pas ultra romantique ? Moi qui frôle la mort, Samuel qui vole à mon secours, me prend dans ses bras sous une pluie battante, le tee-shirt trempé laissant entrevoir ses abdominaux...oups, je m'égare. Ravale ta bave, ma grande.

Sa voix grave me sort de mon imagination :

« Hello ! Désolé du retard, on a fini plus tard que prévu. Une sale histoire : un appareil à raclette qui a explosé... et ce n'est pas la première fois que ça nous arrive ! Ça devient dangereux, ces trucs-là »

J'apprécie sa tentative humoristique mais je ne suis pas venue pour parler charcuterie et pomme de terre. Il semble à peu près aussi mal à l'aise que moi : il faut dire que nous n'avons pas reparlé depuis notre moment d'égarement à la 50 nuances de Grey samedi dernier. J'en ai le feu aux joues rien qui d'y penser.

Le serveur se dirige vers nous pour passer commande. Sauvée par le gong ! Je porte mon choix sur un mojito.

« Virgin, le mojito ? » me demande-t-il.

Ah non, tout sauf Virgin. De l'alcool, s'il vous plaît. L'heure de l'apéro est déjà passée et ça me donnera un peu de courage pour affronter la discussion qui nous attend. Quitte à passer pour une ivrogne, tant pis !

Samuel se contente d'un jus d'abricot. Il risque pas de finir bourré lui, au moins.

Une fois le serveur reparti, le sujet tant redouté devient inévitable. Nous nous regardons dans le blanc des yeux, en silence, ne sachant par quoi commencer. On doit avoir l'air de deux beaux imbéciles.

Je m'apprête à mettre les deux pieds dans le plat, avec toute la diplomatie dont je sais faire preuve, mais Samuel me devance :

« Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Ce qui s'est passé samedi, j'aurais pu m'en douter. J'aurais dû, d'ailleurs. Je savais très bien que tôt ou tard, ça finirait par sortir. J'aurais préféré que ce ne soit pas dans de telles circonstances. Mais on ne peut pas changer ce qui est passé. J'ai tenté du mieux que j'ai pu de recoller les pots cassés dès le lendemain : j'ai tout avoué à Paula, et la suite, tu la connais »

Il semble tellement assuré, imperturbable, que c'en est déconcertant. Moi qui suis traversée par un tourbillon d'émotions toutes plus incompréhensibles les unes que les autres, je ne sais comment réagir.

« Qu'est-ce que tu as dit à Paula, au juste ? »

« La vérité. Que nous nous étions embrassés. Que j'en avais envie, depuis longtemps déjà. Que j'étais désolé de la faire souffrir mais que je ne regrettais pas que ce soit arrivé. Que je ne me voyais plus continuer avec elle alors même qu'une autre hante mes pensées ».

Il faut qu'il arrête avec les déclarations dignes d'un roman de Jane Austen parce que je ne vais plus pouvoir tenir longtemps.

« Alors, maintenant que je suis à nouveau libre, j'aimerais savoir : qu'est-ce que tu veux ? » ajoute-t-il.

Ce que je veux. Bonne question. Depuis toute petite, je suis incapable de prendre la moindre décision sans hésiter pendant des heures. Glace vanille ou chocolat ? Natation ou gymnastique ? Ma vie a toujours été ponctuée par des choix faits par défaut, faute de vraiment connaître mes préférences.

Alors quand il s'agit de faire des choix amoureux, je ne vous en parle même pas ! L'épisode Fabio en est la parfaite illustration : je ne suis pas douée pour la vie à deux.

« Difficile à dire, j'espérais que notre discussion allait m'éclairer sur la question. Disons que je tiens à toi, que j'ai envie de voir où tout cela peut nous mener mais je ne veux pas qu'on se précipite. Et surtout, ça doit rester entre nous. Au début, au moins. Je n'ai pas envie d'avoir la pression des questionnements incessants, on y va à notre rythme »

Je suis moi-même assez impressionnée par la facilité avec laquelle les mots sortent de ma bouche. Je ne sais pas ce que je raconte, rien de tout cela n'est calculé. Mais visiblement, ma réponse semble ravir Samuel qui affiche le même sourire émerveillé qu'un enfant qui verrait le traineau du Père Noël virevolter dans le ciel.

« Ok, ça me va. Mais alors, la question fatidique c'est...

Il maintient volontairement un suspense insoutenable. Je m'attends au pire, qu'est-ce qu'il va me demander encore ?

...est-ce qu'on peut dire que je suis ton mec ? »

Il me nargue avec un sourire provocateur : il sait très bien ce que je pense de toutes ces niaiseries. 

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N.A : Alors, à votre avis, le couple secret, ça va marcher ? Et vous, vous êtes plutôt team cucul ou surtout pas ? 

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 06/12)

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