31 décembre 2021, 18 : 14
Val et moi pénétrons dans l'appartement les bras chargés de feuilletés Picard tandis que nous découvrons un spectacle des plus saugrenus : Paul emberlificoté dans du film plastique de la tête aux pieds, les pieds et les mains liés, allongé par terre.
« C'est quoi tout ce bazar ? Aide-nous à préparer le buffet : les invités débarquent dans deux heures et toi tu ne trouves rien de mieux à faire que de te transformer en saucisson géant » lui adresse Val d'un air ahuri.Paul articule péniblement sa réponse :
« Les filles, enfin ! Ça fait 45 minutes que je suis coincé là ! J'ai voulu tester une technique de soins qui consiste à s'envelopper dans de l'huile d'olive mais là ça vire au drame : ça me brûle de partout, je crois que je suis en train de faire une réaction allergique ! Détachez-moi ! »
Val lui vient en aide tandis que je m'efforce de retenir mon fou rire : la scène est grotesque.« Quelle idée aussi ! Je sais pas comment t'as fait ton compte » ajoute Val, visiblement agacée par les initiatives farfelues de notre ami.
« Je me voyais déjà sur la une du journal dans la rubrique faits divers « décès tragique d'une icône de la mode : Paul Joffrin retrouvé mort après trois jours passé dans un bain d'huile » J'ai vu ma vie défiler devant mes yeux, la lumière au bout du tunnel presque » nous dit-il avec un air dramatique dont lui seul a le secret.
Je mets une playlist spéciale « ménage » pour nous motiver, et nous nous affairons avec fougue pour remettre le taudis qui nous sert d'appartement en état : les cartons de pizzas qui datent d'il y a au moins 3 semaines, un slip Superman retrouvé caché sous le canapé – ne me demandez pas par quel mystérieux hasard il a atterri là -, de la vaisselle sale qui s'empile jusqu'au plafond : il y a du boulot.
Après 1 heure 30 de travail, nous arrivons à un résultat à peu près convenable. Et puis de toute façon, le temps presse. Je me prépare en vitesse : pas la peine d'en faire des caisses, nous serons une petite quinzaine : une collègue de Val, des potes d'enfance de Paul, le club des pompiers et nous.
Je sors les quinze flûtes à champagne – en plastique, mais c'est l'intention qui compte – et Val me précise :« Tu peux en rajouter une autre ? Samuel vient accompagné. Il m'a demandé si ça nous dérangeait, j'ai dit que non »
Accompagné ? Est-ce que c'est bien ce que je crois ? Samuel a le culot de se pointer dans mon appartement avec sa nouvelle copine alors qu'il ne m'adresse plus la parole depuis 3 semaines ? J'hallucine, c'est de la provocation pure et simple.
Mais très bien, s'il veut jouer à ce petit jeu-là avec moi, il n'aura pas une seule réaction de ma part. Ce serait trop facile. Et puis de toute façon, il n'y a plus rien entre nous – s'il y a jamais eu la moindre alchimie d'ailleurs.
Cette nouvelle m'agace plus que je ne le voudrais, mais je garde un visage impassible devant Val qui, trop concentrée à faire ses petits toasts au surimi, n'a même pas remarquée mon mécontentement.
31 décembre 2021, 20 : 57Tous les invités sont déjà là sauf deux. Visiblement la ponctualité est optionnelle pour la nouvelle copine de Samuel. Déjà qu'elle s'invite chez nous, belle preuve de politesse. Je l'imagine déjà avec son air supérieur et méprisant, l'air de dire « je ne vais pas me presser pour vous ».
Ding. Dong. Quand on parle du loup.
J'aimerais ne pas avoir la lourde tâche d'aller leur ouvrir, mais Val étant aux toilettes et Paul occupé à construire une réplique de la tour de Pise avec des bouteilles de bières, je comprends vite que ce sera pour moi.
J'affiche le sourire le plus hypocrite que j'aie en stock et les fais entrer. La tant attendue accompagnatrice est une petite blonde – je dois l'avouer, plutôt jolie - et de surcroît qui a l'air assez sympathique, ce qui a le don de m'énerver d'autant plus. Elle s'excuse du retard en expliquant qu'ils se sont laissés « distraire » sur la route.
Je ne veux même pas essayer de comprendre de quel genre de sous-entendu il s'agit. Je suis écœurée.Samuel, quant à lui, m'adresse à peine un regard. Il se contente de me tendre une bouteille de vin blanc qu'il a apportée. C'est complètement ridicule. Il y a trois semaines, il s'enflammait pour moi et maintenant il fait mine de ne pas me connaître.
La soirée commence, nous enchaînons petits fours et jeux de société, ponctués par quelques démonstrations de danse assez hasardeuses. Samuel et Paula – elle ne pouvait pas s'appeler Gertrude plutôt ? – sont assis côte à côte et se lancent des regards mielleux tout à fait écœurants.
De mon côté, je suis avec ma solitude, fidèle amie qui ne me quitte pas d'une semelle. Le célibat m'a rarement autant pesé que ce soir. Ou peut-être est-ce la jalousie plutôt.
Je rêverais d'avoir un beau gosse à mon bras pour me sentir moins ridicule, et pour faire rager Samuel aussi un peu. Je sais, c'est un comportement puéril, immature, pathétique même. Mais j'ai comme l'impression d'avoir été trahie. C'est dire si je suis passée à autre chose.
Alors que je m'apitoie sur mon sort, la sonnerie retentit à nouveau. Bizarre, nous n'attendons plus personne. A moins que ce ne soit la voisine du dessous qui vient nous emmerder parce qu'on fait trop de bruit – même le 31 décembre on ne peut pas s'amuser avec elle !
Paul coupe la musique en prévention et tous les regards se tournent vers la porte d'entrée tandis que celle-ci s'ouvre sur : Fabio.Alors ça, je ne l'avais pas vu venir.
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N.A : Alors, votre avis sur la nouvelle copine de Samuel ? Comment vous pensez que ça va finir cette soirée, avec Fabio qui débarque ?
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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 29/10)
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Le hasard fait bien les choses
ChickLit« Mademoiselle Molino, ce que je vais vous annoncer risque de vous mettre en état de choc : vous êtes enceinte de 5 mois ». " J'entends encore résonner ces paroles dans ma tête, sans que je puisse vraiment leur donner un sens. Enceinte. Moi. Un béb...