Chapitre 12 : inconnu

48 2 1
                                    


L'aube se levait doucement, éclairant faiblement ma chambre. C'était une nouvelle journée, et les heures de sommeil que je n'avais pas eues se faisaient ressentir. Mon esprit était embrouillé, et pourtant, il fallait prendre une décision. Alors que je m'apprêtais à enfiler des vêtements pour aller à l'université, une vague de terreur m'a submergée. Je ne pouvais pas faire face à ce qui m'attendait là-bas, à la possibilité de le croiser. J'ai réalisé que la simple idée de le revoir m'anéantirait. La terreur était en moi, une compagne indésirable qui ne me quittait pas.

J'ai finalement décidé de ne pas me rendre à l'université. Je devais me protéger avant tout. Les heures s'étiraient comme un élastique, tendu par l'attente angoissante. J'ai relu le message, encore et encore, cherchant des réponses qui ne venaient pas. Comment avait-il pu me retrouver ? Était-ce lui qui m'avait suivie ? J'avais peur, une peur viscérale qui m'empêchait de réfléchir rationnellement.

Et puis, il y avait Kai. Celui que je haïssais après notre première rencontre. Pourtant, lors de ma crise d'angoisse, il avait été ma bouée de sauvetage. Sa voix compatissante et ses gestes rassurants m'avaient permis de reprendre pied. Pour un instant, j'avais ressenti de la gratitude envers lui. Il avait été là, alors que je me sentais seule et perdue. Mais cette gratitude avait été rapidement submergée par la colère. Colère de devoir réparer ma porte défoncée. Colère de devoir vivre dans un quartier malfamé.

Même si je savais que ma porte n'était plus un rempart, je suis restée chez moi, paralysée par la peur. L'appartement était vide, à l'image de ma vie, et la porte ouverte était une invitation aux ennuis. J'ai repassé la journée à errer chez moi, obsédée par l'incertitude qui m'entourait. Le temps semblait s'écouler au ralenti, le poids des heures qui passaient s'appuyant sur mes épaules.

Après une journée passée à errer dans le labyrinthe de mes pensées, l'envie de courir m'a envahie. Enfilant un short court et une brassière de sport, j'ai franchi la porte. Les rues de mon quartier semblaient différentes, comme si le monde avait changé en une nuit. Le vent balayait mon visage, m'emportant loin de mes préoccupations.

La musique dans mes oreilles me coupait du monde extérieur, et mes pieds battaient le rythme de la mélodie. J'ai couru sans but, laissant l'effort me vider l'esprit. Pendant un moment, j'ai réussi à échapper à ma peur, à me sentir légère. Mais je savais que cette légèreté était fragile, que la peur reviendrait tôt ou tard.

Finalement, je me suis retrouvée dans un parc en face de chez moi. Les rires d'enfants et les couples de personnes âgées se tenant la main semblaient apaiser l'atmosphère. Assise sur un banc, j'ai contemplé le monde. Le véritable amour était une chimère pour moi, une perte de temps que je ne pouvais pas me permettre.

Après une heure à observer les autres vivre, je suis retournée chez moi pour une douche chaude, espérant laver mes peurs et mes soucis. Les gouttes d'eau chaude coulaient sur ma peau, une caresse bienvenue.

Sur mon lit, j'ai réalisé que j'étais jeudi. Dans une semaine, j'aurais un travail, une lueur d'espoir qui brillait dans l'obscur.

Point de vu inconnu :

La journée à l'université avait été une épreuve interminable. Les cours avaient été ennuyeux, les professeurs n'avaient pas pu capter mon attention, et l'absence d'Athena dans l'amphithéâtre m'avait pris de court. Pourquoi est-ce que son absence m'avait tant perturbé ? Je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question. Après tout, nous n'étions pas amis, ni même proches, et nous avions plutôt entretenu une relation conflictuelle depuis notre première rencontre.

Cependant, il y avait cette inquiétude qui ne me lâchait pas. L'idée qu'elle pourrait être en danger ou souffrir m'obsédait. Je me sentais mal à l'aise à l'idée de ne pas la voir à son habitude, d'autant plus que je ne connaissais rien de sa vie en dehors de l'université. Pourquoi est-ce que je ressentais cela pour elle ? C'était perturbant, et je ne parvenais pas à comprendre pourquoi.

Les blessures qui ne cicatrisent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant