Chapitre 1 juste de passage

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« Il faut savoir partir quand ça en devient impossible »


Mon cœur bat tellement vite que je n'entends même pas les gens qui m'insultent à travers la vitre de leur voiture. Les voix se perdent dans le tumulte de ma course effrénée. Mes pas martèlent le sol, et le paysage qui m'entoure devient flou, comme un tourbillon d'émotions et de sensations. Les gens se pressent autour de moi, certains me bousculent, d'autres je les bouscule peut-être, tout est confus. Mais, dans cet instant précis, tout ce qui compte, c'est de m'échapper de cette misérable ville, de fuir loin d'elle, de quitter cette maison qui m'a tant pesé.


Quand je suis parti, je n'ai emporté que l'argent que j'avais économisé pendant onze longues années. J'ai compté et recompté les billets dans cette enveloppe, croyant peut-être à tort qu'ils pourraient acheter ma liberté. Il y a peut-être 20 000 euros là-dedans, une somme colossale qui représente des années de sacrifices et de privations. J'ai aussi jeté quelques affaires de rechange dans un vieux sac à dos usé, mais au fond de moi, je savais que ce n'était pas le poids de ces objets qui comptait, mais plutôt le fardeau que je portais sur mes épaules, celui des souvenirs et des regrets.


Je ne savais pas vraiment où je me dirigeais, mais une chose était sûre, je devais partir. Le vent froid mordait ma peau, faisant frissonner mon corps, mais cela ne m'a pas dissuadé. J'ai continué à courir, chaque pas résonnant comme un battement de tambour dans ma poitrine. Mes pieds martelaient le sol, et le paysage qui défilait autour de moi semblait flou, comme si le monde lui-même se précipitait pour m'échapper. Les passants que je croisais semblaient indistincts, des ombres qui se perdaient dans l'obscurité de ma fuite. Parfois, je bousculais quelqu'un, ou peut-être que c'était moi qui étais bousculé, mais cela importait peu. Mon seul objectif était de m'éloigner de cette misérable ville, de cette prison mentale, et surtout, de cette maison qui avait été témoin de trop de douleurs.


La douleur dans mon genou blessé me lancinait, et je ne savais pas comment la soulager. J'ai ralenti ma course effrénée pour troter péniblement. Mes pensées sont revenues aux derniers mots de mon père lorsque je suis parti : 'Quand tu reviendras en pleurant, je serai là, et crois-moi, ce ne sera pas un soulagement pour toi.' Ces paroles résonnaient comme un avertissement dans ma tête, mais je n'avais pas d'autre choix que de continuer à avancer, même si cela signifiait affronter l'inconnu.


Une fois hors de la ville, j'ai décidé de me positionner sur le côté de la route par laquelle les voitures quittaient la cité. J'ai levé le pouce en l'air dans l'espoir d'attirer l'attention des automobilistes compatissants. Les voitures passaient, les minutes s'étiraient en une éternité, mais aucune d'entre elles ne daignait s'arrêter pour me venir en aide.


Au bout d'une heure, le désespoir commença à s'installer. Les conducteurs me faisaient des signes agressifs pour que je dégage de leur chemin, certains me klaxonnaient bruyamment, exprimant leur impatience. J'ai commencé à baisser la tête, découragé, pour observer mes lacets qui s'étaient défaits, comme une métaphore de ma propre vie qui se défaisait devant moi.

C'est alors qu'une voiture inattendue se gara brusquement à côté de moi, brisant le silence de mon désespoir.


Je me suis dirigé lentement vers la voiture, espérant de tout cœur que ce ne soit ni un imposteur ni un individu malveillant cherchant à m'enlever. La portière du côté conducteur s'est ouverte, et un homme à peine plus âgé que moi en est sorti. Ses cheveux d'un noir ténébreux encadraient un visage à la fois angélique et ombrageux, et sa silhouette dégageait une aura athlétique. Il m'a scruté du regard sans prononcer un mot, ce qui m'a poussé à briser le silence :

Les blessures qui ne cicatrisent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant