Chapitre 19 : Un triste jour

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Le réveil sonna, perçant l'air silencieux d'un matin qui se présentait bien différemment de tous les autres. Chaque son du réveil semblait une invitation à plonger dans un sommeil éternel, à fuir les tourments de la réalité. Les draps doux et réconfortants semblaient offrir un refuge bienvenu, mais le devoir impérieux de me lever pour l'université pesait sur moi. Malgré ma liberté en tant qu'étudiante universitaire, la pression de ne pas répéter les schémas destructeurs de mes parents me tourmentait.

Les souvenirs douloureux de l'agression, la sensation de mains indésirables sur moi, étaient toujours frais dans mon esprit. Ils tournoyaient sans fin, comme un film cauchemardesque. Les marques de ces atrocités parsemaient mon corps, des cicatrices ouvertes témoins de ma souffrance. Même les draps étaient souillés de mon propre sang, résultat de mon besoin désespéré de soulager ma douleur. D'une manière étrange, je ne ressentais aucun regret à ce sujet. Au contraire, une tentation grandissante me poussait à répéter ces actes autodestructeurs, un désir que j'étais presque certaine de satisfaire, même si je reconnaissais que c'était moralement condamnable.

Se lever de mon lit était un combat intérieur, une lutte acharnée contre le désir de m'abandonner dans les ténèbres de la dépression. Mes pas me menèrent à la salle de bain, une routine devenue presque insupportable. La douleur lancinante que je ressentis en urinant ne provoqua qu'une vague de détachement. Je me coiffai mécaniquement, sans la moindre passion, puis enfilai un Sweat et un jogging, n'ayant aucune motivation à faire preuve d'effort ce jour-là.

Les pensées tourbillonnaient dans ma tête, se mélangeant au souvenir douloureux de Kaïs, de la manière dont il m'avait rejetée la veille, m'abandonnant alors que j'étais au plus bas. Mes sentiments pour lui ajoutaient une couche de vulnérabilité à ma détresse. La colère envers lui était palpable, mais je m'en voulais encore plus d'être si aveugle face à sa méchanceté soudaine.

Avant de quitter mon appartement, j'évitai soigneusement de passer devant la ruelle qui hantait mes cauchemars, optant pour un détour pour éviter ce supplice. Le temps s'égrenait, et j'arrivai à l'université en retard, le son strident de la sonnerie résonnant au loin. Je courus pour échapper aux regards insistants, mais je ne pus échapper à leur attention une fois à l'intérieur de la salle de cours. J'espérais que Kaïs n'y serait pas, mais la réalité était cruelle.

Je me trouvais en cours de commerce, et je me rendis compte que je n'avais même pas réfléchi à ce choix, perdue dans mes pensées. Le professeur m'observa brièvement, mais poursuivit son introduction sans insister. Je pris place, les yeux rivés sur le sol, évitant soigneusement tout contact visuel. Ma détresse était palpable pour ceux qui se souciaient de la remarquer, mais ils étaient rares.

Je sortis mon carnet et mon stylo, laissant les mots du professeur se perdre dans le bruit de fond. Je me demandais pourquoi j'avais fait l'effort de venir en cours ce jour-là, m'autoqualifiant d'idiote à plusieurs reprises. La solitude semblait m'entourer, même parmi mes camarades.

Soudain, la chaise à ma gauche bougea, et je tournai la tête pour découvrir Kais, arborant un T-shirt noir. Une vague de colère déferla en moi. Comment osait-il se présenter ici après m'avoir repoussée si cruellement la veille ? Les questions se bousculaient dans mon esprit, les larmes menaçaient de déborder alors que je plongeais mon regard dans les yeux de kais.

Je baisse la tête, sentant les larmes menacer de déborder à tout moment. Je ne veux pas qu'il les voie, qu'il comprenne à quel point je suis vulnérable. Cependant, il semble percevoir ma détresse. Avec douceur, il saisit mon menton entre ses doigts et me force à relever le visage.

Un frisson de colère me traverse, et je réagis brusquement en secouant la tête pour lui signifier que je ne veux pas de son contact. Comment ose-t-il me toucher maintenant, après m'avoir abandonnée la veille lorsque j'avais tant besoin de réconfort ?

Les blessures qui ne cicatrisent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant