Il s'était écoulé précisément une semaine depuis ce message salvateur, une semaine où je m'étais accrochée aux bras de Kaïs pour échapper au gouffre de désespoir dans lequel je m'étais enfoncée. Depuis ce jour, j'avais pris la décision de couper court à toutes ces menaces qui me harcelaient, éteignant mon téléphone pour me protéger de ces voix qui cherchaient à me faire du mal.Mon premier jour de travail avait été surprenamment positif. Je m'étais rapidement intégrée, établissant de bons rapports avec mes collègues, et tout le monde s'était montré incroyablement poli. Le chef m'avait consacré un briefing détaillé pour m'expliquer mon rôle au supermarché : j'étais une employée simple, chargée de vider et remplir les rayons. Une tâche modeste, mais je l'avais accueillie avec gratitude, car elle m'offrait un semblant de stabilité.
Ce matin-là, je devais retourner à l'université pour assister à un cours de commerce, une matière que je n'avais pas réellement choisie, mais qui me semblait être la voie de moindre résistance. Je m'habillai avec un sweat épais pour me protéger du froid de novembre qui s'installait peu à peu, et je revêtis un jogging pour plus de confort. Je pris le temps de me brosser les dents et de démêler mes cheveux emmêlés. Une fois prête, je quittai mon appartement, dont la porte avait récemment été réparée grâce aux dernières économies que j'avais emportées avec moi en quittant ma précédente vie.
Mes pieds traînaient sur le sol alors que je me dirigeais vers l'université. Mon enthousiasme n'était pas au rendez-vous, et l'idée de retourner à l'école ne me réjouissait guère.
Une fois à l'université, j'inspirai profondément pour rassembler mon courage avant d'entrer. Je me dirigeai vers l'amphithéâtre le plus éloigné, espérant secrètement y retrouver Emma, une camarade avec qui j'avais développé une amitié fragile. Une fois à l'intérieur, je montai les marches pour m'installer à la même place habituelle, celle qui était devenue mienne. La chaise de Kaïs restait inexplicablement vide depuis ce jour où il m'avait sauvée du pire. Je me demandais ce qui avait bien pu arriver à Kaïs, où il pouvait être. Ses agissements suscitaient mon intrigue et mon inquiétude. Cette nuit-là, il m'avait consolée comme personne ne l'avait jamais fait, à l'exception d'un petit garçon lors d'une nuit lointaine, quand j'avais 11 ans.
Les souvenirs d'Athena, à l'âge de 11 ans :
Cette nuit-là, mon père avait de nouveau cédé à ses accès de colère destructrice, nous infligeant des coups violents. Comme d'habitude, j'avais pris la défense du petit garçon. Alors que j'étais allongée au sol, je l'observais depuis ma position vulnérable. Il était assis, me fixant de ses yeux emplis d'inquiétude. La douleur et le désespoir me submergèrent, et je fondis en larmes.
Sa silhouette floue se rapprocha de moi, et il me prit doucement dans ses bras. D'une voix douce, il murmura :
-Ça va aller. Un jour, tous les deux, nous partirons vers une île de rêve, et là, nous jouerons à devenir les super héros Barbie.
Un rire s'échappa de ma gorge, et je lui demandai, la voix tremblante de larmes :
-Je ne connais même pas ton prénom.
Il réfléchit un instant, puis sourit.
-Et si nous choisissons les prénoms que nous voulons porter ?
Hochant la tête, je me mis à imaginer un prénom qui m'inspirait confiance et légèreté, et finis par annoncer :
-Je m'appelle Barbie.
Il se mit à réfléchir à son tour, puis un sourire éclaira son visage, et il répondit avec enthousiasme :
-Je m'appelle Ken.
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Les blessures qui ne cicatrisent jamais
RomanceAprès avoir fui sa maison qui la terrifiait depuis de nombreuses années, Athena tente désespérément de trouver une âme charitable pour l'emmener loin de sa ville natale. Après quelques heures à lever le pouce au bord de la route, un homme mystérieux...