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Akaashi était assis au bord du lit de Kuroo et regardait par la fenêtre sans se concentrer. Kuroo lui parlait, Akaashi écoutait et répondait parfois. Mais la plupart du temps, il restait assis et continuait à regarder dans le vide.

Kuroo aurait été inquiet s'il n'avait pas découvert ce qui s'était passé plus tôt dans la journée. Il ressentait la même chose qu'Akaashi, assis du même côté du lit, à une bonne distance de son visiteur. Ses yeux jaunes se tournaient souvent vers le sol, puis vers le plafond, faisaient le tour de la pièce et revenaient à nouveau vers le sol, mais il ne regardait jamais Akaashi.

Il craignait que s'il le faisait, il ne parviendrait pas à contenir ses émotions.

"De quoi avait-il l'air ?" demanda Kuroo à voix basse.

Akaashi mit un certain temps à répondre.

"Quand je me suis réveillé ?"

"Oui..." Kuroo baissa les yeux.

Akaashi laissa échapper un grognement à demi-mot et continua à regarder devant lui.

"Pâle. Malade. Mort."

"Comment as-tu découvert qu'il n'était... plus là ?"

"Tout son corps était détendu. Sa tête reposait sur la mienne avec le poids de quelqu'un qui est inconscient."

Cette fois, c'est Kuroo qui grogna, le son venant du plus profond de sa poitrine. Il tarda à reprendre la parole, mais le fit quand même.

"Tu comptes aller à ses funérailles ?"

"Non."

La réponse vint bien plus vite que ce à quoi Kuroo s'attendait. Il en fut choqué alors qu'Akaashi continua.

"Je refuse d'y aller. Mon dernier souvenir de Bokuto ne sera pas celui d'un homme bien habillé, pâle, raide et enfermé dans un cercueil, entouré d'un nombre incalculable de personnes qui ne se souciaient pas du tout de lui jusqu'au jour où ils ont appris sa mort. Mon dernier souvenir de Koutaro est déjà en moi, et il mourra avec moi."

Le ton d'Akaashi était monotone, mais Kuroo ne manqua pas de déceler le venin qui remplissait chaque mot avant sa dernière phrase. Il comprenait où Akaashi voulait en venir et ne pensait même pas à lui tenir rigueur de son ton glacial. Kuroo était tout aussi amer. Lui non plus n'avait pas l'intention de se présenter à un quelconque enterrement. Il serait furieux contre tous ceux qui s'y trouveraient, et il savait que la même douleur brûlait en Akaashi.

Kuroo se pencha en avant et joignit ses mains. Il fixa le mur et fit balancer sa jambe de haut en bas alors que ses émotions commençaient lentement à le dépasser.

"Tu sais... Hum..." Il baissa les yeux et se frotta brutalement le cou, laissant derrière lui de profondes marques rouges. "Bokuto, il... Il t'aimait vraiment... euh- il tenait à toi... Il parlait tout le temps de toi quand il t'a rencontré pour la première fo-"

"Ne dis rien."

Kuroo se figea. La main accrochée à son cou, il leva lentement les yeux pour constater qu'Akaashi le regardait avec des yeux vides, sans aucune émotion.

"Non, Kuroo. Juste... Non."

Il déglutit bruyamment et tourna la tête pour regarder à nouveau par la fenêtre. Akaashi entrelaça ses doigts et enfonça ses ongles dans le dos de ses mains. Il tentait de rediriger la douleur.

"Désolé." Ce fut le dernier mot que Kuroo murmura avant de regarder devant lui à son tour, n'ayant plus rien à dire.

Ils se côtoyèrent en silence pendant ce qui semblait durer cinq minutes, et pendant tout ce temps, Akaashi ne regarda pas une seule fois sur le côté pour apercevoir Kuroo. Ce n'est que lorsqu'il vit la forme de Kuroo se dédoubler dans son champ de vision qu'Akaashi jeta un coup d'œil dans sa direction, et il fut accueilli par un Kuroo qui sanglotait doucement, le visage enfoui dans la paume de ses mains. Bien qu'il ait été lent, Akaashi agissa instinctivement et s'assit près de Kuroo. Il posa une main sur son large dos et le frotta doucement, espérant le réconforter et être le plus fort des deux. Mais à chaque seconde qui passait, Akaashi sentait sa propre douleur monter de plus en plus en lui. Il aurait aimé pouvoir la combattre, mais il savait qu'il n'y avait aucun moyen de le faire.

Il ne fallut pas longtemps avant qu'Akaashi appuie sa tête sur l'épaule de Kuroo, car lui aussi était victime du chagrin qui le rongeait lentement.

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In Another Life | BokuAka (french version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant