2

33 2 0
                                    

Deux semaines s'étaient écoulées depuis la dernière visite d'Akaashi, et à son grand désarroi, il se retrouvait sur le même chemin, sans but, vers le même hôpital tant redouté. Il ne pouvait pas supporter l'obstination de ses parents, mais il était pour le moins soulagé d'être hors de la maison.

C'est reparti.

Akaashi entra lentement dans le bâtiment et salua la femme à la réception, comme d'habitude. Il ne perdit pas de temps à gravir les marches nécessaires pour se rendre dans la partie de l'hôpital à laquelle il ne s'était finalement pas rendu la dernière fois. En quelques minutes, le bureau d'information était dans sa ligne de mire, et pour la première fois depuis toujours, il y est allé.

Il parla avec une petite femme, et après plusieurs minutes, Akaashi s'éloigna du bureau, quelques papiers à la main. Il commença à redescendre vers le hall, soupirant profondément, résolu à rentrer chez lui.

"Hey ! Hey ! C'est toi !"

La voix familière serra la gorge d'Akaashi. Il poussa un autre soupir, encore plus profond cette fois. Il se retourna.

"Bokuto."

"Apathie-kun." Il sourit d'une oreille à l'autre.

"Ne m'appelle pas comme ça." Akaashi fourra les feuilles dans son sac.

"Je croyais que tu avais dit que tu ne remettrais plus jamais les pieds ici." Il y avait quelque chose d'étrange dans le ton de sa voix, comme de la joie ou de l'excitation.

"Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit..."

"Mais c'était sous-entendu !"

Akaashi plissa les yeux.

"Oui, c'était sous-entendu."

Le sourire de Bokuto ne quittait pas son visage, et ses paupières fatiguées contredisaient son expression faciale.

Pourquoi dois-je toujours tomber sur des gens étranges ?

"Alors, qu'est-ce qui t'amène encore ici ?"

"Je pourrais te demander la même chose..." Les lèvres d'Akaashi se retroussèrent sur le côté.

Les sourcils blancs et épais de Bokuto se sont haussés au-dessus de ses yeux ambrés. "Je suis censé être ici, en fait."

Akaashi bailla. "Interne ?"

"Non, patient." Son sourire était déconcertant.

Silencieusement, le jeune homme aux cheveux noirs fronça les sourcils. "J'ai été insensible..."

Un rire émana de Bokuto. "Non, tu ne l'as pas été. T'inquiète pas pour ça."

Bien qu'il était habillé de vêtements normaux et décontractés, après un examen plus approfondi, il y avait en effet quelque chose chez lui qui montrait qu'il était malade. Il était plus pâle que les autres qui marchaient dans les couloirs, et de légères cernes se trouvaient sous ses yeux.

Akaashi s'assura de ne pas trop le dévisager.

"Je sais que tu ne vas pas me demander, alors je vais juste te le dire. D'après ce que j'ai entendu, les médecins disent que ce que j'ai s'appelle... IFF ?" Bokuto croisa les bras. Il avait l'air calme, comme s'il avait une conversation banale sur la météo. "Insomnie Familiale Fatale ? Si je me souviens bien."

Un frisson parcoura l'échine d'Akaashi. Il n'avait jamais entendu parler de cette maladie auparavant. Cela l'inquiétait suffisamment pour lui arracher quelques mots.

"Je pense pas vouloir poser de questions sur les symptômes de cette maladie."

"Eh bien, même si tu le voulais, je n'aurais pas de réponse à te donner." Un autre rire. "Tout ce que je peux dire, c'est que dormir n'est plus aussi simple qu'avant." Ce que n'importe qui aurait normalement eu du mal à dire, il l'avait dit avec facilité, et en souriant en prime.

Akaashi n'a pas pu s'empêcher d'essayer de sourire en retour, ses lèvres ont à peine tressailli. Il regarda dans la direction de Bokuto, vers lui cette fois. "Tu es là tous les jours ?"

"Bien sûr ! Je suis ici depuis environ... Quatre semaines maintenant." Il cligna des yeux de façon léthargique.

"Je vois..." Akaashi acquiesça. Aucun mot ne fut échangé pendant un moment, et soudainement, le court silence était devenu gênant. "Eh bien, je vais y aller maintenant."

Faites qu'il se taise, je ne dois pas le laisser entrer dans ma vie. Il est malade.

"Ah- euh, une seconde-."

La mâchoire d'Akaashi se contracta. "Je dois y aller, Bokuto." Il se mit en route.

S'il te plait, n'insiste pas.

"Écoute-moi." Les mains sur les hanches, Bokuto s'inclina. "S'il te plaît, ça ne prendra qu'une seconde."

Akaashi était honnête, mais il n'était pas sans cœur. Il soupira et se retourna. "Qu'est-ce qu'il y a ? Je dois vraiment y aller."

Ses yeux s'illuminant, Bokuto se redressa et plongea sa main dans sa poche. Il en sortit un téléphone et, à la plus grande peur d'Akaashi, il lui demanda son numéro.

Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Akaashi n'a littéralement rien trouvé de spécial chez Bokuto. Pourquoi le malade s'était-il soudainement pris d'affection pour lui ? Il ne voulait rien faire d'autre que le repousser, jeter les formulaires que la femme lui avait remis et ne plus jamais remettre les pieds dans cet hôpital, mais pour une raison étrange et irritante, Akaashi avait du mal à ignorer Bokuto. Il essayait, vraiment, mais il n'y arrivait tout simplement pas.

"Je...n'ai pas... D'habitude je n'envoie pas de SMS", murmura Akaashi. Il baissa les yeux sur le téléphone de Bokuto. Il ne pouvait pas regarder son visage. "Je suis plutôt occupé. Garder contact avec moi ne serait pas une bonne idée."

Il regarda les doigts de Bokuto s'enrouler autour du téléphone, et sa main recula lentement.

"Mais..." Akaashi s'est choqué lui-même avec ce seul mot. Il pouvait encore voir la main de Bokuto, et elle s'était figée sur place. "Je suppose que je pourrais trouver du temps pour parler de temps en temps." Il leva les yeux et son regard trouva celui de Bokuto. Ses yeux jaunes brillaient.

Il a rapidement entré son numéro, puis a tendu le téléphone à Bokuto, laissant la section du nom vide.

"Merci." Sa voix était pleine d'excitation alors qu'il procédait à la saisie du nom de son nouveau contact. Akaashi observa attentivement Bokuto tandis qu'il marmonnait et tapait le nom,

"A-p-a-t-h-i-e-k-u-n". Bokuto était sur le point d'enregistrer le contact quand Akaashi pris la parole.

"Tu n'as pas besoin de mettre ça." Il soupira. "C'est... Akaashi."

_________________

In Another Life | BokuAka (french version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant