Chapitre 8

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Shaolin Mailly - 30 septembre


Des mains se referment sur mes épaules pour me forcer à me relever. Une fois sur mes deux pieds, je me frotte les yeux et m'essuie les joues mouillées. J'ai la tête qui tourne et qui me fait affreusement souffrir. Tous mes sens sont complètement engourdis. Lorsque je titube, je me cogne contre Aiden qui attrape ma taille pour être sûr que je ne tombe pas et m'attire contre lui. Je me laisse aller contre son torse. Sans le vouloir, je me remets à pleurer pour évacuer ma tristesse et tout mon stress.

Pourquoi ? Que peut donc avoir la vie contre moi ? Elle s'acharne encore et encore. Pourquoi, putain ? Putain ! Non... Je ne peux pas y croire. Je ne veux pas y croire.

Quand je lève la tête vers le visage de mon camarade, un peu calmée, je remarque qu'il a les yeux bouffis et rouges. Il a l'air tout aussi épuisé que moi et même s' il essaie de le cacher, je vois bien qu'il est inquiet. En essayant d'être le plus doux possible, Aiden essuie le sang qui a coulé le long de ma tempe à l'aide de sa manche. Je grimace. Il a beau en enlever, à peine quelques secondes plus tard, le sang recommence à glisser le long de mon visage beaucoup plus pâle que d'habitude à cause de la fatigue, de ma blessure et de ce que je viens de voir. Je ferme les yeux et me répète en boucle le mot stop dans ma tête pour éviter de trop penser à ce que je viens de voir. A ce que je vis. Après un certain temps, je finis par me calmer et remarque que la manche du pull blanc d'Aiden est devenu rouge quand il abandonne l'idée de nettoyer le liquide rouge qui coule toujours abondement.

Lorsqu'il met sa main de ses cheveux bruns, faisant glisser légèrement sa manche, je peux apercevoir d'énormes bleus et des griffures sur son avant bras. Je fronce les sourcils.

Je regarde autour de moi pour me forcer à penser à autre chose, presque tous les élèves du groupe nous ont rejoints. Étant à moitié dans les vapes, je ne sais même pas quand ils sont arrivés. Alors que certains pleurent de leur côté, d'autres essaient de trouver des explications, discutent entre eux, font les cents pas, ou encore, vomissent. Je suis certaine que des adolescents se sont barrés de peur de se faire prendre. Je fais tout pour ne pas regarder vers l'endroit où nous avons retrouvé Gwen. Je ne supporterais pas de la voir une nouvelle fois. Elle était si gentille, agréable. Elle était... Voilà pourquoi je déteste les verbes au passé !

Au début d'année, je ne voulais plus m'attacher à quelqu'un de peur de souffrir comme avec mes anciens amis mais passer du temps avec elle, Giorgia et même Will m'a fait tellement de bien que j'ai fini par développer un sentiment d'amitié sans m'en rendre compte.

Et comme d'habitude, ça s'est mal fini.

Stop, stop, stop...

Je cherche du regard les jumelles introuvables. J'aperçois néanmoins Stan avec Caleb et Lana qui discutent entre eux et paraissent inquiets. Ce qui est plutôt compréhensible au vu de ce qu'il se passe en ce moment. En tendant l'oreille, j'arrive à intercepter des morceaux de la discussion. Ils ont apparemment envoyé un élève aller chercher un surveillant.

Je me mets à rire, d'un rire froid et cynique, ce qui surprend Aiden qui me regarde comme si j'étais devenue folle. Il se pose sûrement beaucoup de questions : pourquoi suis-je dans cet état ? Pourquoi suis-je en train de rire ? Et bien, c'est très simple.

Cela aurait été une bonne idée si nous n'étions pas dehors avec des bouteilles d'alcool, des cigarettes et même de la drogue après le couvre feu. Nous risquons gros et j'ai souvent entendu dire depuis mon arrivée que les punitions ici sont sévères. De plus, la directrice a menacé de me sanctionner sévèrement si je commettais le moindre faux pas. Le problème, c'est que j'ai carrément enfreint la moitié du règlement pour venir à cette fête. Je suis donc dans la merde.

L'Institut StaffordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant