Chapitre 9

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Aiden Hanna - 01 octobre


Je saute et lance le ballon orange à rayures dans le panier avant de le rattraper en retombant sur mes pieds. Je me mets à courir, lançant la balle devant moi pour rejoindre le deuxième panier au bout du petit terrain. Je marque une seconde fois.

Je bascule la tête en arrière et ferme les yeux tandis que l'air frais me fouette le visage. Je respire calmement et me concentre sur cette dernière pour ne penser à rien d'autre. Puis, je récupère le ballon toujours au sol et le pose à côté de mes affaires. Je fouille dans mon sac à dos posé sur le béton près des lignes jaunes délimitant la zone de jeu et sors un paquet de cigarette et un briquet. J'en tire une, la mets dans ma bouche et l'allume avant de ranger tout le reste. J'inspire la fumée qui me brûle agréablement la gorge avant de souffler la faisant sortir en nuée grise devant mon visage.

De temps à autre, je jette un coup d'œil aux alentours pour vérifier que je suis bien seul. Avec ce qu'il s'est passé hier, plus personne n'a le droit de dépasser une certaine limite qui est surveillée par des agents, j'ai donc été obligé de venir faire du basket sur ce terrain-là, beaucoup plus petit que le second à côté du gymnase. Comme celui-ci est plus proche des bâtiments, il faut que je fasse attention à ne pas me faire prendre en train de fumer une clope, particulièrement avec la police qui ne traîne pas loin.

Cette dernière interroge tous les élèves un par un depuis sept heures ce matin. Je vais y passer également dans une heure et demie, à dix heures trente. Will y est déjà passé tout à l'heure mais je n'ai pas osé aller le voir. Il est dans un mauvais état. Je ne l'ai jamais vu ainsi avant. Dit le mec qui n'a pas réussi à dormir de la nuit, qui a bu tout ce qu'il lui passait sous la main et qui a passé toute sa matinée dehors avec des cigarettes et un ballon à essayer d'oublier.

Pathétique.

Je sais.

Je sors mon téléphone pour couper la musique qui se diffuse dans mes oreilles et range mes écouteurs. Je laisse tomber le bâtonnet toxique par terre et l'écrase avec ma chaussure noire. J'attrape le ballon de basket quand je passe à côté et me dirige vers l'un des deux bâtiments.

Il faut que je vois les filles. Je ne sais pas ce que je ferais une fois que je les aurais trouvées mais il faut que je les vois. Je vérifie qu'aucune d'elles ne sont au réfectoire, ni dans la salle de repos et monte à l'étage. Comme les surveillants sont tous occupés à tourner autour des bâtiments pour ne pas qu'on puisse s'enfuir, l'accès aux dortoirs des filles n'est pas surveillé, ce qui m'arrange. J'essaie quand même de me cacher le visage pour ne pas que des élèves rapportent que j'étais dans un endroit où je ne devrais pas être. J'arrive devant la porte de la chambre du numéro quarante cinq et toque. Après avoir attendu quelques secondes la porte s'ouvre enfin, laissant place à Giulia. Cette dernière a des gros cernes qui entourent ses yeux, ses cheveux mi-courts habituellement soigneusement lissés sont en désordre sur sa tête. Elle porte son sweat noir des jours gris. Elle s'efface pour me laisser entrer et ferme derrière moi.

Les deux autres adolescentes sont dans le même état, voire pire. Giorgia est avachie sur la chaise du bureau, la bouche pleine et les yeux à moitié fermés. En dessous de grosse larmes noires séchées qui proviennent de son mascara qui a coulé marquent sa peau. Sa main disparaît dans un sachet de bonbons format familial qu'elle a eu je ne sais où.

Shaolin, elle, est allongée sur le lit, la tête posée sur une pile d'oreillers. Les paupières closent, elle se repose. Elle a dû aller à l'infirmerie car des bandages font le tour de tout son crâne. Sur sa peau livide, je peux apercevoir des dizaines de petites coupures et d'égratignures sur son visage tiré et le long de ses bras.

L'Institut StaffordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant