L'Institut Stafford

Chapitre 12

Shaolin Mailly - 09 novembre

Il fait beau. Ça change des dernières semaines de pluies et de tempêtes. Le ciel bleu est parsemé de petits nuages blancs. La température froide ne se ressent pas grâce au manque de vent.

Les doux cheveux de Giorgia me chatouillent la cuisse tandis que je griffonne quelques mots sur mon carnet. Elle s'est assoupie quelques minutes plus tôt dans les grandes herbes à l'entrée du domaine que possède le pensionnat. Son visage installé sur mes jambes est paisible. La jeune fille dort mal en ce moment et est épuisée. Lorsqu'elle arrive enfin à trouver le sommeil, elle se réveille peu de temps après en sueur et les larmes aux yeux.

Depuis que je suis petite, j'adore écrire. Je rédige surtout des nouvelles, parfois quelques poèmes mais je n'ai jamais été très douée pour la poésie. Ma grand-mère paternelle avait une ancienne machine à écrire. Elle s'en servait pour faire les copies des élèves. Cet objet me fascinait. J'avais l'impression d'être une vraie écrivaine quand je m'en servais. Je ne suis jamais passée à l'écriture sur ordinateur. Ce n'est pas pareil. J'ai besoin d'inscrire les mots sur papier. C'est plus apaisant.

Aujourd'hui, j'ai la tête remplie de pensées, de souvenirs, d'images mais je n'arrive à en transposer aucune. Rien ne veut sortir. Je soupire et ferme mon carnet. Je caresse les cheveux longs de mon amie avant de boire une gorgée d'alcool que j'ai transféré dans une gourde.

Nous avons eu des nouvelles de l'hôpital il y a deux jours. De bonnes nouvelles. Will a été pris en charge juste à temps, quelques minutes de plus et il n'aurait pas survécu. Il va rester là-bas encore quelques jours mais il ne reviendra pas avant plusieurs semaines voire plusieurs mois. On va l'interner dans un centre spécialisé. Nous avons tous été soulagés. Surtout Aiden, il ne sortait pratiquement plus de sa chambre.

— Shaolin !

Je me retourne vivement en entendant la voix d'Aiden, coupant court à mes pensées. Celui-ci court vers nous avant de s'arrêter, essoufflé.

— Eh bien, il va falloir te remettre au sport mon vieux !

Il me lance un regard noir et m'annonce :

— Les parents de Gwen ont enfin eu la permission d'aller chercher les affaires de Gwen. Ils viennent d'arriver et veulent nous voir.

— Nous voir... tous ?

— Oui, tous ses amis.

Je fronce les sourcils. Pourquoi veulent-ils nous voir ? Je ne les connais même pas !

Je secoue doucement Giorgia. Cette dernière se redresse péniblement et marmonne des choses inintelligibles en se frottant les yeux.

— Les parents de Gwen sont ici. Ils veulent nous voir, je lui explique.

Elle saute sur ses pieds à toute vitesse et demande :

— Ils sont où ?

— Dans un bureau de l'administration, répond Aiden en commençant à rebrousser le chemin.

Nous le suivons en silence. Je me demande à quoi la famille de Gwen ressemble. En chemin, nous croisons Zohra à qui nous expliquons ce qu'il se passe. Arrivés dans le couloirs des bureaux de l'administration, un surveillant nous attend devant l'une des salles. A l'intérieur, une petite femme un peu ronde s'essuit les yeux avec un mouchoir en tissu. Ses cheveux blond platine sont tirés en un chignon mal coiffé. Son conjoint assit près d'elle dans un fauteuil rouge se lève à notre venue. Il nous sourit affectueusement et s'approche.

— Je suis heureux de faire votre connaissance. Nous sommes les parents de Gwendoline. Nous voulions vous voir car c'est important pour nous de savoir avec qui notre fille a partagé ces années dans ce pensionnat. Il y a...