WEEPING [ RÉÉCRITURE ]

[ 08 ] Chance and probability

TW : MENTIONS DE MUT*LAT*ON, DÉPRESSION.

- O-oui. Vraiment désolée... Je suis vraiment désolé. J'ai pas vu que nous étions arrivés au terminus... Je suis bête, j'aurais dû faire attention.

L'humidité envahit mes pupilles douloureusement irritées, persuadées qu'il allait se mettre à me crier dessus, ou à rire de moi et de mon ridicule infini, amoureux et obsédé.

Mes tremblements s'accentuent et je déplace ma main contre mon bras, serrant mes plaies encore douloureuses.

Mais rapidement, je sens le bus ralentir et d'une voix au timbre doux et tendre, il dit.

- Oh, ne t'en fais pas ! Ça arrive à tout le monde ! La prochaine fois, fais juste attention, ce bus ne revient jamais à Batavia !

Mon cœur se desserre, je lève les yeux vers lui, voulant voir un homme qui pour la première fois n'a pas haussé la voix, un homme au sourire angélique, le visage rond, une barbe épaisse et grisâtre et des petites lunettes posées sur son nez en trompette.

Je me sens rougir par sa gentillesse et j'entends les portes du bus s'ouvrir.

- Merci... Beaucoup.. Dis-je d'une petite voix.

- Mais non, jeune fille, c'est normal ! J'aurais préféré te raccompagner ! Mais je ne peux pas me permettre d'être en retard, alors fais attention en rentrant ! Dit-il en plissant les yeux dans un sourire qui lui donne des fossettes.

Je suis comme ébahi par la gentillesse qu'il me propose, je n'avais encore jamais rencontré un quarentenaire aussi bienvaillant.

J'hoche la tête et le remercie avant de sortir du bus qui s'était arrêté. Mon cœur est presque léger.

Et une fois que je touche le sol, les portes se ferment et il part.

Un léger sourire aux lèvres, j'observe autour de moi. Je me rends rapidement compte que je suis sur une route complètement vide.

Ce n'est pas possible, comment j'ai fait pour arriver si loin sans remarquer ?

Je reste un instant complètement figé, bordel de merde.

Le bus est déjà passé par là ?

Ou bien c'est mon cerveau qui me joue des tours ?

Je ne suis jamais concentré dans les trajets, trop occupé à fixer le ciel, ou à prier pour qu'aucun journaliste ne vienne me voir.

À regretter de ne pas avoir l'argent pour des masques chirurgicaux, ou simplement une chirurgie.

Mais cet endroit m'avait l'air inconnu, c'était une simple route en goudron, assez droite, la pluie des jours passés ainsi que celle d'aujourd'hui avait laissé des traces foncées qui suivaient les traces des pneus de transport qui étaient passés par là.