Une raison de vivre

Chapitre 23 - Échanges épistolaires

Chapitre 23 — Échanges épistolaires

Début février, Drago eut enfin le courage d'écrire un courrier à sa mère. Cela faisait quatre semaines qu'il tergiversait, hésitant à se confier à celle-ci.

Ils n'avaient jamais été très proches, l'éducation que Drago avait reçue empêchait ce fait. De plus, les relations avec ses parents s'étaient détériorées au moment de la bataille finale de Poudlard l'année précédente. Il leur avait tourné le dos et son père ne lui avait pas pardonné cet acte. Sa mère ne lui avait fait aucun reproche, mais il avait pu deviner sa peine en voyant son fils s'éloigner d'elle. Dans les heures qui avaient suivi l'affrontement entre Harry et Voldemort, tous les Mangemorts et leurs proches présents sur le lieu de la bataille avaient été enfermés au Ministère, pour éviter tout risque de fuite. Ils n'avaient pas été maltraités et Drago s'était retrouvé libéré après quelques jours, après avoir été jugé et innocenté. Il était retourné vivre dans l'abominable manoir familial, seul.

Narcissa Malefoy avait été jugée deux semaines plus tard, le Magenmagot imposant une assignation à résidence pour trente ans, dont dix sans baguette. Sa peine était assujettie de rendez-vous mensuels obligatoires avec un psychomage et un Auror, pour sa propre sécurité et sa santé mentale. Cela permettrait également de réévaluer sa peine à la baisse en fonction de son évolution personnelle.

Lucius Malefoy avait été jugé coupable, d'être un Mangemort et de multiples crimes, et envoyé à Azkaban un mois après la bataille, pour une durée illimitée. La prison avait été remaniée, et les détraqueurs congédiés, mais cela n'en restait pas moins une prison.

Après le verdict d'assignation à résidence, Drago avait vu sa mère s'enfoncer dans une profonde dépression. Il avait donc passé l'été seul dans sa chambre ou dans le parc, à tenter d'apprivoiser la baguette qu'on l'avait autorisé à conserver, celle de Narcissa. Il était revenu à Poudlard pour s'échapper de l'angoissante ambiance régnant dans la demeure, tout en espérant pouvoir réussir ses examens et changer de vie. Il n'avait pas revu sa mère depuis le mois de septembre et lui avait à peine écrit, sauf à Noël. Il était temps que ça change.

Drago profita du premier samedi de février pour écrire un long courrier à Narcissa. Il avait décidé qu'il devait lui pardonner de ne pas avoir été la mère qu'il aurait aimé avoir, car elle n'en était pas entièrement responsable. Par ailleurs, il savait bien au fond de lui qu'elle l'aimait et il pouvait toujours essayer de rattraper le temps perdu.

Il lui raconta les principaux évènements qui s'étaient déroulés à Poudlard depuis la rentrée de septembre. Sa difficile tâche de Préfet-en-chef, les nombreuses attaques contre les élèves de sa Maison, son amitié avec Théodore Nott, son rapprochement avec Hermione Granger, les catastrophiques résultats de son équipe de Quidditch, la trêve avec Potter, sa main cassée, les grandes lignes de ses cours préférés — les potions et la botanique —, le jour de Noël sur le lac gelé et son séjour à l'infirmerie qui en avait découlé, la solidarité inter-Maisons qui se mettait en place...

Il termina en racontant dans le détail comment Harry Potter lui avait rendu sa baguette d'aubépine et le bien-être que cela lui avait procuré. Il lui demanda ce qu'il devait faire de sa baguette à elle, puisqu'il en avait plus besoin, mais qu'elle n'était pas censée l'utiliser.

Il avait mis un temps fou à rédiger ce très long courrier, de la pointe de sa belle plume, qu'il abima suffisamment pour devoir la changer deux fois en cours de rédaction. Il avait récemment développé la mauvaise habitude de la triturer inlassablement quand il réfléchissait, la faisant rouler entre ses doigts et la tapotant contre le bois de son bureau.