Chapitre 29 - Le réveil

49 5 0
                                    

Chapitre 29 – Le réveil

L'astre solaire dardait ses derniers rayons sur les bâtiments de Londres, enrobant de couleurs chaudes les toits de la ville. Les habitants, toujours trop pressés, n'y faisaient jamais attention. Pourtant, ce soir-là, le ciel était d'une beauté à couper le souffle. Quelques oiseaux, juchés au bord d'une fenêtre de Sainte-Mangouste, étaient témoins du camaïeu d'orange et rose qui incendiait les lambeaux de nuages flottant sur l'horizon.

Les lampadaires prirent le relais et s'allumèrent pour ne pas laisser les passants dans le noir d'une nuit sans lune. Celle-ci ne se lèverait qu'en fin de nuit et les quelques étoiles ne suffisaient pas à éclairer les trottoirs. De toute manière, plus personne ne pensait à lever les yeux vers le ciel pour observer les astres brillants.

Alors que la nature offrait un magnifique spectacle, ignorée par la fourmilière grouillante d'êtres humains se pressant pour rentrer du travail, l'hôpital de Sainte-Mangouste s'apaisait lentement. Les heures de visites étaient terminées et le personnel de nuit venait remplacer celui de la journée. Les couloirs étaient calmes, mais les salles de réunions grouillaient de vie, les médicomages et infirmières transmettant les dossiers à leurs remplaçants.

La chambre numéro 42 était tout aussi paisible que le couloir qui la desservait. Cette chambre était l'une des plus silencieuses de tout l'établissement, surtout la nuit, quand les visiteurs étaient rentrés chez eux. Ce soir-là, les apparences étaient pourtant trompeuses. Car si l'environnement de la pièce était aussi calme qu'un tombeau, le patient endormi vivait une impressionnante tempête sous son crâne. Quelques rares mouvements l'avaient trahi, mais personne n'en avait été témoin. Il s'agissait pourtant d'un évènement d'importance, car l'homme était resté parfaitement immobile depuis qu'il était tombé dans le coma plusieurs semaines auparavant.

Sous les paupières fermées, les globes oculaires s'agitaient, comme lors de la phase de sommeil paradoxal et que les songes nous envahissent. Drago Malefoy était en effet en proie à d'abominables cauchemars alors qu'une partie de lui cherchait à réveiller son corps et qu'une autre tentait de le conserver dans son état catatonique. Jusqu'à ce soir-là, la partie négative de lui-même avait eu le dessus et complètement oblitéré la seconde, qui cherchait à revenir vers le monde réel. Mais quelque chose de nouveau avait eu lieu et un infime contact contre la peau de l'homme endormi avait éveillé sa volonté de se battre. Pour se venger, son côté sombre avait alors plongé dans les peurs et les pires souvenirs de l'ancien Serpentard, les faisant ressortir sous forme de mauvais rêves. Cette partie de lui était tenace et rancunière, alors quitte à ce que le côté positif gagne la partie, autant qu'il emporte avec lui le plus de choses négatives possibles.

Le médicomage fit sa tournée de la nuit vers trois heures. Comme à son habitude, il vérifiait avec une grande attention que tous ses patients allaient bien. Le cas singulier de la chambre 42 l'obsédait particulièrement. De toute sa longue carrière, il n'avait jamais vu un sorcier refuser de se réveiller alors qu'il était physiquement guéri et n'avait pas subi de sortilèges. Chaque nuit où il était de garde, il passait beaucoup plus de temps que nécessaire auprès de ce patient à essayer de comprendre, dans cette chambre plus que silencieuse. Jamais un bruissement de draps, trahissant une personne se retournant dans son sommeil. Jamais de soupir ou grognement, témoins de rêves agités. Rien que le silence d'une tombe et le faible bruit d'une respiration calme et profonde. C'était la seule chose qui permettait au guérisseur d'être certain que son patient était encore vivant, car il respirait sans aide.

Ce soir-là, alors qu'il observait les graphiques obtenus suite à une série de sorts de diagnostics, toujours les mêmes, un pressentiment lui fit tourner la tête vers l'homme endormi au moment même où ce dernier ouvrait lentement les yeux. Il crut tout d'abord à une hallucination due à la fatigue et ne prit pas la peine de s'y attarder. Un millième de seconde plus tard, son regard était pourtant revenu sur le visage de son patient. Il n'avait pas rêvé ! Le jeune homme avait les yeux ouverts et grimaçait !

Une raison de vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant