Chapitre I : Le Village

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Je contemplai le ciel, comme chaque jour de mon existence, je le cherchai.

Le nuage qui serait porteur de pluie.

Rares étaient ceux qui survivaient à la chaleur, et tous étaient blancs comme neige. Enfin, je suppose, seuls quelques livres anciens prouvaient l'existence de ces flocons.

J'espérai qu'un d'eux soit gris, presque noir. Il serait de la couleur de la fin, mais il serait le début.

Le début d'un avenir où l'eau serait une ressource accessible, où les humains (je l'espère) ne feront pas les mêmes erreurs que ceux de l'ancien temps.

Ils se croyaient supérieurs à la nature, mais en se prenant pour des dieux, ils ont fini comme des animaux.

Au fond, les humains ne sont rien de plus que des animaux.

Quand mère nature s'est mise en colère, elle nous a punis en nous privant d'une ressource essentielle : l'eau.

Elle leur était devenue accessible pour la plupart et ils en avaient oublié sa valeur.

Mes ancêtres ont d'abord cru à une sécheresse, mais elle a duré des jours, des mois, des années, des siècles.

Et me voilà, moi, qui contre toute attente, suis née un bon jour de soleil, ou plutôt un jour un peu moins chaud que les autres.

Et oui, car sans eau, les plantes ont peu à peu disparu.

Évidemment quelques plantes sèches et autres cactus vivent encore dans ces terres brûlées. Mais quand les animaux herbivores qui vivaient dans les forêts n'ont plus eu que des troncs d'arbres asséchés pour se nourrir. Et quand à leur tour leurs prédateurs ont dû se contenter de carcasses...

Vous avez donc compris, ce cercle vicieux aurait dû nous mener à une fin certaine.

Il faut croire que quelques personnes refusaient de mourir sans se battre, alors ils se sont déclarés la guerre, et de guerre en guerre... La grande guerre de l'eau a débuté. Cependant, les humains ne sont pas éternels.

Alors ils ont commencé à recruter de plus en plus de jeunes.

Et un jour, ils ont frappé à notre porte pour l'emmener.

Mon frère.

***

Mon père travaillait au Château d'Eau, c'était grâce à cela que nous avions été relativement préservés de l'horreur de la guerre, mon frère et moi.

Notre village était l'un des derniers à avoir une nappe phréatique car quand il a arrêté de pleuvoir, elles se sont asséchées.

Je ne connaissais pas exactement les anciennes cartes mais là où nous vivions était une ancienne zone tropicale. Les livres m'avaient appris qu'il y régnait une humidité rare, ce qui expliquait peut-être sa survie.

Mais tellement d'autres théories, plus ou moins crédibles, se bousculaient dans ma tête que je n'avais aucune certitude.

Donc revenons à mon frère, il avait seize ans et moi treize, j'étais beaucoup trop jeune mais je n'aurais pas hésité à l'accompagner quand ils sont venus le chercher.

Un homme et une femme se tenaient devant la porte, ils étaient en uniforme mais ils dégageaient une aura étrange, je n'aurais pas su la décrire mais c'était... effrayant ?

Ils étaient en garde-à-vous au pas de notre porte, leurs visages ne laissaient transparaître aucune émotion.

Comme des automates, c'était la meilleure description que j'avais trouvée pour eux. Les muscles raides, le regard droit, c'était à peine s'ils nous jetaient des coups d'œil.

Il a plu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant