Chapitre IV : La Lueur

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Un sourire n'avait pas cessé de barrer mon visage tout au long de la soirée.

Cette nuit, sans parler de nos passés, nous avions évoqué nos espoirs pour le futur.

Ils avaient un rêve fou, mais tellement essentiel. Celui d'un jour voir des nuages noirs gronder, qu'ils déversent sur nous les siècles d'eau qu'ils avaient gardés pour cet instant.

Qu'avec sa venue, nous puissions enfin espérer celle du bonheur, du vrai, pas celui que nous nous efforcions de simuler.

Comment être heureux dans un monde où la guerre fait rage?

Surtout sans elle.

La pluie.

Et pourtant, ils avaient la conviction qu'ils la verraient un jour.

Leurs yeux qui brillaient à chaque mention d'elle en témoignaient.

Malgré moi, l'espoir qui les traversait m'avait rejointe. Mais il était dangereux, car je ne verrais sûrement jamais la pluie de ma vie.

Pendant des centaines d'années, les gens l'avaient attendue. Alors pourquoi moi, j'aurais le privilège de voir les lits des rivières se remplir à nouveau?

De voir les océans reprendre leurs droits sur les terres brûlées qui les avaient remplacés trop longtemps?

De sentir l'ivresse provoquée par l'eau qui coule le long de votre colonne, de l'eau qui mouille vos cheveux, d'être trempée jusqu'aux os et pourtant d'avoir un immense sourire.

Pourquoi moi et pas d'autres?

Cet espoir risquait de me brûler les ailes avant même que j'aie pu m'envoler.

Ma tête qui me lançait terriblement fort coupa le fil de mes pensées.

J'avais beau m'efforcer de protéger ma blessure des dangers extérieurs, je redoutais toujours qu'une infection s'installe malgré tout.

La tache de sang, elle aussi, hantait mes souvenirs, mes certitudes sur son existence diminuaient à chaque fois que j'y repensais.

Cette simple hallucination, si c'en était une, m'effrayait. Je ne pouvais pas avoir déjà perdu la tête. Ou du moins je n'aurais jamais accepté si cela s'était révélé être vrai.

J'avais beau rassembler mes idées, elles se brouillaient dans mon esprit. J'allais vérifier dès demain si cette trace était encore présente.

Et puis, pendant la soirée, j'avais remarqué une lueur dans leurs yeux. Je l'avais reconnue immédiatement, et elle me mettait les larmes aux yeux.

C'était la lueur de l'espoir.

Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas revue, elle n'était juste pas sur ceux que j'aurais espérés.

Ou plutôt sur celui.

Mes pensées noires m'obscurcissaient la vision car je remarquai le regard d'Aaron posé sur moi qu'après les avoir éloignées.

Une larme avait coulé le long de ma joue.

Il était sur le trottoir en face de moi avec toutes ces affaires ainsi que celles de Siley éparpillées autour de lui.

L'endroit où nous avions trouvé refuge pour nous reposer était presque un miracle. L'absence de tout cadavres ou autre tache de sang paraissait irréelle après ces dernières heures.

- Ça va, Elia? avait-il demandé d'une voix peu assurée.

- Oui, oui... pardon.

Ma voix était presque inaudible, bloquée par le sanglot qui n'attendait qu'à exploser, dans ma gorge. Je m'efforçai de le retenir de toutes mes forces, je n'étais pas prête à lui dévoiler ma vulnérabilité.

Il a plu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant