Le bruit que faisaient mes pensées m'avait maintenue éveillée presque toute la nuit.
Mes paupières étaient encore collées, mais le soleil était trop haut pour que je l'ignore.
J'ouvris donc douloureusement mes paupières.
Les garçons étaient déjà levés, comment faisaient-ils pour être si productifs de bon matin ?
Ma langue était sèche, mais je ne pouvais pas boire d'eau, pas encore. En attendant d'arriver au prochain point d'eau, nous devions nous abstenir.
Je ne fus donc pas surprise quand une migraine me prit terriblement fort à la tête.
J'avais beau être réveillée, je me perdais dans mes souvenirs, aussi douloureux soient-ils.
Je me revoyais courir dans les rues qui avaient rempli mon enfance. Mais pas comme vous le pensez, je n'y courais pas avec mes amis sous un beau soleil d'été.
Non, je les observais à l'ombre de ma fenêtre en m'imaginant une vie peuplée de souvenirs heureux.
Sur ces pavés, j'avais passé de magnifiques après-midis accompagnée de tous mes compagnons à jouer aux billes, à imaginer des aventures à peine croyables pour des yeux dépourvus d'imagination. Nous étions heureux ensemble, nous n'étions rien de plus que des enfants insouciants.
Pourtant la réalité me rattrapait dès que je sortais de cette bulle. Jamais je n'aurais pu aller dehors sans risquer d'être brûlée par le soleil et c'était à peine si j'avais déjà entrevu mes voisins.
Nous étions terriblement seuls, enfants et adultes confondus.
Et revivre ça, même en rêve, m'avait enlevé mon peu de joie de vivre.
Comme si me replonger dans ma mémoire avait été trop douloureux pour mon cerveau, mon mal de crâne s'intensifia.
Je ne savais pas si l'état de ma blessure empirait, mais j'hésitais encore à faire confiance aux garçons. Si je laissais ma blessure à découvert, ils auraient tout loisir de me balafrer à nouveau.
C'était sans compter sur Siley qui remarqua mon besoin d'aide pour changer le pansement au niveau de ma tête et m'interpella :
- Elia !
Je fus prise d'un réflexe enfantin, j'espérais qu'en restant immobile, et en évitant ses yeux, il abandonnerait toute tentative, pour m'aider ou autre.
Malgré mon silence, il continua :
- Il faudra penser à changer ton pansement et voir comment évolue ta blessure.
Toujours assise, je détournais mon regard du sien. Je ne sais pas ce qui s'était passé par la tête pour que je pense qu'il ne me verrait pas.
Un léger rire échappa à Siley et il lança :
- Elia, je te vois.
J'aurais voulu m'enterrer sous terre à cet instant précis. Malgré tout et en rassemblant le peu de fierté qu'il me restait, je bredouillais :
- Tu... tu disais quoi ?
Je le vis retenir un fou rire face à cette situation absurde.
Je lui fis un sourire crispé par la gêne, Siley se retint encore d'exploser et dit :
- On doit changer ton pansement.
Je ne savais pas quoi dire, je ne pouvais pas lui avouer mon cruel manque de confiance en lui.
Pourtant, je n'avais pas le choix, ma survie dépendait d'eux.
- On pourra le faire à notre arrivée au point d'eau.
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Il a plu...
Science FictionDepuis plusieurs siècles, aucune goutte d'eau n'a touché le sol de la Terre. Dans ces terres brûlées par la sécheresse et les guerres, une fille décide de ne pas se laisser abattre. Saisie par les injustices d'un monde sans foi ni lois, elle va deve...