Chapitre XIII : La Noyade

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PDV d'Elia :

Le liquide qui coulait le long de ma gorge arrivait à peine à me soulager. Évidemment, je n'en buvais pas beaucoup car il fallait que je l'économise le temps d'arriver au prochain point d'eau.

Je sais ce que vous pensez :

Mais pourquoi ne pas rester au même endroit une bonne fois pour toutes ?

En réalité, je n'arrivais à m'imaginer à nouveau vivre au même endroit, avoir mon foyer.

Tout ce qui me ramenait à ces moments passés avec ma famille m'empêchait d'avancer. Ils me manquaient terriblement, à chaque fois que je me perdais dans mes pensées, leurs visages me revenaient immédiatement.

Ils étaient et seront toujours les fantômes qui hanteront mes nuits.

Pourtant, mon frère était encore de ce monde, à l'époque j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps après son départ.

Je l'imaginais sur le front, luttant pour sa vie, mais ceux en face étaient trop forts pour lui!

D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment compris qui ils étaient, ceux d'en face. Étaient-ils vraiment les fautifs de cette guerre?

Qui avait tiré le premier coup de canon?

Je les avais craints, ils hantaient mes pires cauchemars, mais très tôt je m'étais posé cette question :

De qui devais-je avoir peur?

Des militaires sans âmes qui suivaient des ordres désespérés, quel intérêt de prendre des vies alors que nous allions droit vers l'extinction?

De nos supposés ennemis qui eux aussi ne faisaient que suivre les ordres de... je n'ai jamais vraiment su pour qui ils se battaient. Le savaient-ils eux-mêmes?

Des gouvernements qui nous avaient abandonnés, lutter pour que la population survive ne devait pas faire partie de leurs objectifs, seul la pluie les obsédait.

Ou bien d'elle, de la pluie ou plutôt de son absence. Depuis son départ, tout allait de pire en pire, elle ne nous laissait même pas espérer son retour.

Tous les jours j'avais peur, peur de ce que nous étions devenus.

J'avais peur de l'humanité, ironique hein.

Dans ce chaos ambiant qui était devenu le monde, personne ne pensait à elle, elle était la cause de tous nos problèmes.

Nous étions la cause de tous les problèmes que la Terre avait connus ces derniers siècles.

À chaque fois je revenais à ça.

Et à mon frère, il savait où j'étais mais il n'avait même pas pensé à venir me voir. Je n'arrivais pas à comprendre, m'avait-il abandonnée? Mais alors pourquoi avoir demandé aux garçons de me surveiller?

Le dernier mot m'arracha une larme.

Et avec la trahison encore fraîche de Siley et d'Aaron, il fallait que je marche pour ne pas m'effondrer.

Je me remis donc en marche, ressasser les événements passés n'était pas la solution.

Chaque pas que je faisais m'aidait à rester en vie, j'essayais de ne pas pleurer mais j'avais l'impression que dans ma vie, chaque moment de bonheur n'était qu'une pause entre deux tempêtes.

Un jour peut-être je trouverai de quoi ou avec qui être heureuse, mais pour l'instant j'essayais de rester la tête hors de l'eau, façon de parler évidemment.

Je me concentrais sur le bruit que faisaient mes chaussures sur le sol, du sable était projeté en arrière après chaque pas. De légères traces témoignaient de mon passage...

Il a plu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant