Predator 3

Chapitre 12 Peur Primale

A trente-six ans, Liam Sheperd se surprit à revivre une de ses anciennes peurs d'enfance, la peur du noir. Peut-être était-ce dû aux souvenirs de sa dernière rencontre nocturne avec la créature, peut-être ces bois dégageaient une ambiance particulièrement malsaine, quoiqu'il en fût il avait de nouveau huit ans et craignait à nouveau ce qui se dissimulait dans l'obscurité. Avant cette simple peur de l'inconnu le tétanisait, non pas la crainte de voir surgir un loup-garou, un mort-vivant ou n'importe quel croque-mitaine mais simplement cette absence de visibilité, ce sentiment d'être à la merci du moindre danger quel que soit sa forme.

Et maintenant voilà qu'elle se trouvait décuplée par les choses dont il avait été témoin.

Bien qu'ils étaient tous les cinq les meneurs de la traque le terrain du chasseur les ramenaient inexorablement à cette position de proies faciles.

Ce n'était pas comme si les autres ne ressentaient la même angoisse. Même Lex, pourtant plus habituée à ce genre de situation n'était en rien sereine.

L'aurore approchait en effet mais cela ne leur serait que d'un bien maigre réconfort si tenté qu'ils tiennent jusque-là.

Wendy de son coté, passait tellement de temps à scruter le moindre mouvement dans les branches qu'elle glissa dans de la vase pour finir dans une mare. Les autres aspirant à un minimum de discrétion ne cachèrent pas leur agacement devant la jeune femme à moitié immergée. Puis une idée traversa l'esprit d'Alexa, elle s'étonnait même de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Certes l'équipe de Dutch dont elle avait entendu parler portait des protections dissimulant leur chaleur aux yeux des chasseurs mais un moyen plus simple se présentait à eux

- Si vous tenez à la vie, faîtes-moi confiance et recouvrez votre peau tout de suite.

Eventuellement, le Berserker les repèrerait par le biais d'un autre spectre, c'était même probable, si en revanche ce camouflage permettait d'atténuer cette frayeur pesante en équilibrant un peu le rapport de force ils se devaient de suivre ses ordres. Tous prirent le temps de s'enduire chaque partie du corps à nue avant de reprendre la marche dans ce qui constituait le terrain de chasse du monstre. Cet être définit comme tel par sa propre espèce.

Sous le coup de l'impulsion, la créature n'avait à l'évidence fait preuve d'aucune retenue envers ses premières victimes découvertes par le groupe. De la douzaine cinq étaient éparpillés autour d'eux dans des positions et état tous sauf naturels. Le seul encore entier gisait littéralement plié en deux au pied d'un des pins, le pauvre soldat dans la vingtaine avait essuyé un coup de pied au plexus sans comprendre d'où il était venu.

Wendy tâchait de s'accrocher au bras de Kenneth afin de garder autant de sang-froid que possible malgré le fait que lui aussi serrait son fusil, la peur au ventre.

Une autre proie fut retrouvée, cette fois-ci dans une position étrange ; le Berserker s'était visiblement amusé à faire s'asseoir sa victime contre un arbre, jambes écartées, pour lui faire tenir entre ses mains sa tête décapitée.

Si il était encore en vie, Sean Keyes aurait été le seul à ne pas être choqué par ce comportement car lui avait bien vu à quel point ce spécimen de Yautja était dérangé. Pour le groupe cependant, les découvertes suivantes les perturbaient de plus en plus

Des dépouilles démembrées puis disposées en étoiles à celles raclées contre les écorces à plusieurs mètres de hauteur, le rituel de la chasse venait une nouvelle fois d'être souillé pour ne faire place qu'à une joyeuse boucherie.

Leurs lampes torches leur révélait, tour à tour, des images qui leur resteraient gravées. Soudain il y eut du mouvement. Tous les quatre furent parés à tirer en direction d'un homme suspendu par la jambe. Malgré le sang qui coulait du harpon planté en travers de son molet, Carl Tregger respirait toujours. Plongé dans l'inconscience, son râle guttural fut interrompu par la lumière projetée sur lui. La douleur revint le tirer de son inconscience.