Chapitre 1 Les chasseurs

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Tout était silencieux en cette nuit d'automne au milieu des montagnes afghanes. Pas un son, pas un murmure ; juste le vent qui soufflait timidement sur la région. L'obscurité qui régnait sur les hauts reliefs ne se distinguait de celle du ciel uniquement de par la constellation d'étoile à moitié couverte par les nuages. La seule autre source de lumière présente dans ce décor si paisible était le petit village tout en bas. Minuit approchait et ce dernier commençait également à sombrer dans une profonde torpeur.

Ce fut peu avant cette heure que le Sergent Liam Sheperd et son équipe redescendirent des sommets afin d'observer les activités suspectes de plus près. Ils scrutaient chaque recoin depuis une heure, depuis une heure ils n'avaient vu aucun signe de la présence de la cible prioritaire. Sheperd craignait qu'il ne soit parti avec une des voitures pendant la journée, mais c'était peu probable. Même beaucoup plus loin, vers le sommet de la montagne, ils avaient une vue imprenable sur la zone ainsi que tous ses environs. Et puis il vouait à son second, Kenneth McTavish toute sa confiance pour rester aux aguets au moindre signe, encore plus la journée.

Ils étaient tireurs d'élite après tout, manquer quelque chose n'était pas dans leur sang.

Leur ADN rejetait l'idée de la moindre erreur, comme Liam se plaisait à le croire ; il savait d'expérience à quel point les conséquences pouvaient être désastreuses. Un tir parti trop tôt, trop tard, ou en évaluant mal le vent et tout pouvait s'effondrer tel un château de cartes. Là il était question d'un leader terroriste. Le genre de meneurs croisé seulement à deux reprises au long des huit années de carrière du sergent. Non. Il était toujours là. Il se dissimulait bien, voilà tout.

Son second McTavish brisa enfin le silence pour glisser à ses deux collègues ainsi qu'à son officier.

- Trois jours, les mecs. En trois jours ce gus n'a pas bougé de ce trou. Combien de gardes ? Juste cinq, pas un de plus et le vieux n'a pas ramené le moindre renfort, pas la parade de talibans habituelle. Il est malin. Il reste caché, entouré de boucliers humains dans le coin le plus paumé du monde à distribuer les ordres.

Une voix dans l'oreillette se fit entendre. C'était celle du Bleu en observation lui aussi depuis le bord d'une falaise.

- Il faut croire qu'ils n'ont pas de Pentagone en Afghanistan, Kenneth.

- Il n'a pas sa langue dans sa poche le petit, pensa Liam à voix haute avant de leur rappeler de respecter le protocole radio.

Au même moment le quatrième membre de l'escouade surnommé Wolvie ne put se retenir davantage de partager le fond de sa pensée comme à son habitude.

- T'as bien raison le Bleu ! Trois jours à attendre et regarder. Je commence déjà à me fossiliser moi au milieu de tous ces cailloux ! Je dis on descend les cinq qui nous barrent la route et on abat le vieux. Non mieux : on laisse le drone tout faire.

Les autres savaient bien qu'il plaisantait même si l'idée lui travaillait à l'évidence l'esprit. Il était le plus bourru mais aussi le plus caractériel de l'escouade. Une chose était sure : Liam Sheperd pouvait compter sur lui au cas où les choses tourneraient au vinaigre.

L'œil collé à la lunette à vision nocturne, son ami Kenneth continuait de pointer le viseur sur le vieil homme à première vue tout à fait lambda parcourant le chemin le long de l'allée qui séparait les petites habitations. Enfin le leader était en visuel. Le drone aérien survolant la zone le voyait également pourtant les ordres étaient clairs : attendre le lendemain quand le village sera moins peuplé. En trois minutes une troupe de Marines pouvait être déposée et s'en charger, bien sûr, cependant les villageois étaient clairement en possession de quelques armes. Et si les otages se mettaient à protéger la cible ? Le lynchage médiatique suivrait de près, pour sûr.

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