Chapitre 15

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            Tous les membres de la famille Madrigal venaient de s'installer autour de la table pour le diner quand Abuela prit la parole :

-Je crois que les préparatifs pour l'anniversaire de notre chère Isabela sont presque finit, déclara-t-elle avec satisfaction. J'espère que ça te plaira.

          Isabela esquissa un sourire reconnaissant malgré le stress qui lui tordait l'estomac et dû se faire violence pour prendre la parole, se répétant en boucle que c'était l'occasion ou jamais. Toutes sa famille était là et attentive à ses paroles mais c'était précisément cela qui lui faisait peur.

          Cependant, elle ne pouvait pas retarder à chaque son échéance et c'est ce qui la décida à parler :

-Je suis certaine que ça me plaira, acquiesça-t-elle en essayant de camoufler son angoisse. Mais j'aimerais pouvoir inviter une personne qui ne fait pas partie de la famille à mon anniversaire. Je... Je crois de toute façon que cette personne finira par intégrer la famille...

          Le silence s'installa autour de la table. Tout le monde avait saisi le sous-entendu, la faiseuse de plante avait trouvé quelqu'un et souhaitait le faire rencontrer à sa famille. Un léger étonnement plana dans la pièce, très vite remplacé par l'enthousiasme.

          Abuela esquissa un grand sourire avant de répondre à la demande :

-Bien sûr, accepta-t-elle avec joie. Nous serions ravis de connaitre l'heureux élu qu'à choisi ton cœur ! Pouvons-nous savoir qui c'est ?

          L'appréhension de l'ainée des enfants de Julieta monta encore d'un cran. Elle y était, elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant.

          Son ventre se tordait tellement que cela lui faisait presque mal et la brune douta tout d'un coup de réussir à continuer.

          Mais Mirabel lui prit doucement la main sous la table pour la rassurer. Leurs regards se croisèrent et Isabela pu y lire un soutien indéfectible qui la toucha profondément.

          La faiseuse de plante tourna ensuite ses yeux vers Dolores qui lui adressa un petit pouce levé encourageant et un mouvement de tête pour lui signifier de continuer sur sa lancée.

          Isabela prit une grande inspiration pour se donner du courage et se lança enfin :

-Ce... Ce n'est pas un heureux élu mais... Plutôt une heureuse élue, avoua-t-elle difficilement en serrant un peu plus fort la main de sa petite sœur. Et elle s'appelle Lluvia.

          Un petit blanc s'installa, certainement pendant lequel les membres de la famille digérèrent l'information mais la faiseuse de plante n'osa pas observer leurs réactions et se contenta de regarder le sol, la gorge nouée.

          Antonio fut le premier à prendre la parole, abandonnant sa mine concentrée :

-Lluvia... C'est celle qui fait des origamis trop beaux non ? l'interrogea-t-il avec insouciance. C'est trop bien !

           Bruno fut le deuxième à prendre la parole, lui aussi ne prenant pas trop conscience de la hauteur de l'aveu :

-C'est génial ça ! s'exclama-t-il. J'ai hâte de la rencontrer alors !

          Ces deux réactions détendirent un peu la faiseuse de plante qui senti déjà un petit bout du poids qu'elle portait sur ses épaules s'évaporer. Mais le plus dur restait à venir et elle se tourna avec appréhension vers ses parents.

          L'ainée pouvait clairement lire la surprise sur les visages de ses parents mais néanmoins ne décela aucune marque d'animosité ou de dégouts. Julieta pris la parole en voyant que sa fille attendait une réaction de leurs parts :

-Si tu es heureuse comme ça, c'est tout que nous demandons, la rassura sa mère avec un sourire doux.

          Son père hocha la tête pour rejoindre l'avis de sa femme avec la même expression de bienveillance.

          Isabela se tourna ensuite vers Luisa pour l'interroger du regard mais sa sœur semblait en pleine réflexion :

-Donc l'autre jour, dans le placard à balai, vous étiez bien en train de vous e... commença-t-elle.

          Mais Mirabel la coupa d'un coup de coude dans les côtes, ce qui donna d'ailleurs plus l'impression d'une pichenette pour la jeune femme à la force surhumaine, et elle se stoppa nette.

          Pepa prit la parole tandis qu'une légère brise l'accompagnait, sûrement dû à son étonnement :

-Dis-moi Isabela, est-ce que cette jeune femme sait t'apaiser et t'aime avec tes défauts ? l'interrogea-t-elle calmement.

          La faiseuse de plante acquiesça sans hésiter, néanmoins un peu surprise par la question. Un sourire se dessina sur le visage de sa tante tandis que Felix finissait sa pensée entamée :

-Alors c'est parfait ! déclara-t-il avec enthousiasme.

          Isabela n'attendait plus que l'avis d'Abuela et c'était de loin celui qui lui faisait le plus peur. Sa grand-mère avait tellement donné pour sa famille, elle ne voulait surtout pas la décevoir. La faiseuse de plante posa son regard sur la doyenne des Madrigal qui semblait un peu perplexe :

-Ma foi... Si tu es heureuse ainsi. Je finirai bien par m'y habituer, lâcha-t-elle finalement.

           Le poids que portait Isabela depuis déjà trop longtemps a fini de disparaitre. Elle se sentait enfin légère, délivrée de ses peurs et appréhensions qui la collait jusqu'à maintenant. La faiseuse de plante pouvait enfin s'autoriser à être telle qu'elle était sans avoir l'angoisse de décevoir les êtres qu'elle aimait. Et cela lui fit un bien fou.

-Merci, déclara-t-elle profondément touchée. Merci beaucoup...

          Sa mère se leva, émue par l'émotion de sa fille, pour déposer un baiser sur son front mais avant d'avoir eu le temps de s'exécuter, Luisa les prit toutes les deux dans ses bras, les yeux en larmes. Elles furent rapidement rejointes par Mirabel, Antonio et Bruno puis finalement toute la famille se regroupa autour d'Isabela dans une étreinte réconfortante.

          La faiseuse de plante se laissa faire, profitant de ce moment plein d'affection et senti ses joues s'humidifier d'un peu d'eau salée.

           Après quelques instants, tout le monde s'écarta un peu et Julieta dû convaincre Luisa de relâcher sa grande sœur.

           Mais cela faisait trop longtemps que Camillo n'avait pas fait de blague et il décida donc que c'était le bon moment pour prendre la forme de Lluvia et d'envoyer un baiser imaginaire à Isabela.

          Celle-ci le regarda faire consternée et secoua légèrement la tête :

-Tu ne me laissera jamais tranquille avec ça, hein ? lui demanda-t-elle-même si elle connaissait déjà la réponse.

          Camillo émit un petit rire avant de lui adresser (toujours sous la forme de Lluvia) un regard aguicheur.

-Arrête ça ou cette fois c'est des orties que je t'envoie en pleine bouche, le menaça-t-elle agacée.

          Le jeune homme reprit sa forme originelle en levant les mains en signe d'innocence :

-Désolé, s'excusa-t-il avec un petit sourire.

Isabela x (Fem) OC--AppréhensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant