Chapitre 9

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          Assises sur le toit de la Casita, les deux jeunes femmes avaient les yeux rivés sur les feux d'artifices qui dessinaient des formes diverses aux couleurs lumineuses dans le ciel. La nuit illuminée de lumières éparses animait leurs cœurs d'un souffle de bonheur et de nostalgie :

-C'est vraiment beau, murmura Isabela impressionnée comme à chaque année.

          Lluvia eut une petite exclamation d'affirmation :

-Je suis contente de pouvoir partager ce moment avec toi, avoua-t-elle. Rien qu'avec toi.

          La faiseuse de plante fut légèrement surprise par sa déclaration et la sincérité qu'elle contenait. Elle jeta un coup d'œil à son amie à côté d'elle et hésita quelques instants avant de prendre la parole :

-Moi aussi ça me fait plaisir, affirma-t-elle en sentant son cœur s'emballer quelques peu.

          Le silence se réinstalla quelques instants, le temps de voir le bouquet final des feux d'artifice mais les deux jeunes adultes n'entendaient plus les bruits des explosions des fusées. Maintenant, seul résonnait le son de leurs cœurs un peu affolés à leurs oreilles.

           Le dernier feu d'artifice explosa dans le ciel et la membre de la famille Madrigal remonta ses genoux vers elle pour les entourer de ses bras. L'experte du papier remarqua son changement de position et lui lança un regard inquiet :

-Ça va ? J'ai... J'ai dit quelque chose de mal ? s'enquerra-t-elle embêtée.

          La fille de Julieta secoua légèrement la tête pour la rassurer :

-Non... Je pensais juste à quelque chose... Tu sais je crois que mes parents aimeraient vraiment que je me trouve un petit copain, lâcha-t-elle.

-Comme bon nombre de parents, la tempéra la professionnelle des origamis. Mais tu as tout ton temps, pas la peine de te mettre la pression.

          La brune posa son menton sur le haut de ses genoux, observant toujours la voute céleste maintenant étoilé :

-Je ne pense pas être capable un jour de tomber amoureuse d'un homme, se confia-t-elle avec honnêteté.

          La châtaine a senti son cœur accélérer à l'entente de cette révélation. Est-ce que cela voulait dire qu'elle était comme elle ? Ou peut-être se faisait-elle des illusions, après tout on peut aimer ni les hommes, ni les femmes, elle allait certainement trop vite en besogne...

-Moi non plus, la rassura la jeune adulte aux cheveux bouclés.

          Elle se laissa un instant pour peser le pour et le contre de ce qu'elle allait dire puis se décida à continuer un peu hésitante :

-Mais... Je pense quand même pouvoir tomber amoureuse, a-t-elle poursuivi en s'installant plus confortablement en tailleur. Je crois même... que je le suis déjà.

          Elle n'osait plus regarder son amie par peur de sa réaction. Est-ce qu'Isabela avait compris ? Est-ce qu'elle l'accepterait ? Et était-ce seulement réciproque ? Tout un coup elle regrettait presque d'avoir pris son courage à deux mains. Elle risquait juste de détruire leur amitié.

          Le ventre de la faiseuse de plante s'emplit d'une douce chaleur face à ces paroles. Elle aurait pu douter mais elle savait qu'elle signification portait ces mots, leurs sentiments respectifs étaient maintenant trop flagrants pour être questionnés.

          Elle prit une petite inspiration avant de parler, elle ne pouvait pas laisser Lluvia ainsi :

-Moi aussi... Je pense que je suis en train de tomber amoureuse, avoua-t-elle dans un murmure.

          Le silence s'installa cette fois-ci pour de bon même si les deux jeunes femmes avaient les oreilles emplies du bruits affolés de leurs cœurs.

          Elles regardèrent au loin sans oser franchir un pas de plus. Tout était si nouveau pour elles, si pesant par rapport aux regards des autres et elles avaient fait tellement de chemin aujourd'hui qu'elles n'eurent pas la force d'aller plus loin.

          L'experte du papier posa simplement sa tête sur l'épaule de son interlocutrice préférée et elles profitèrent dans un calme complet de la présence de l'autre et de la douceur que leurs amenaient leurs sentiments respectifs. Pas un mot, pas un geste, peut-être de peur de briser cette fragile émotion qui les reliaient avec leurs appréhensions, leurs angoisses ou leurs précipitations.

Isabela x (Fem) OC--AppréhensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant