La Fille du Loup

Chapitre 3

Le récit que ma mère m'a raconté m'a appris bien des choses que j'ignorais.

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« Quand j'avais votre âge, peut être un peu plus, j'ai rencontré un garçon. C'était la première fois que je ressentais une émotion plus forte que l'amitié pour un homme et j'ai mis du temps à comprendre que j'étais amoureuse. Follement amoureuse, même.

C'était un jour de printemps, lors de la fête du solstice. J'attendais mes amies, assises sur une pierre haute un peu à l'écart de la fête. Je lisais un livre qui m'avait tellement absorbée que je ne l'ai pas entendu arriver.

Quand je me suis enfin rendu compte de sa présence, il s'était assis sur le sol, le dos appuyé contre le rocher. Le vent jouait avec ses cheveux bruns bouclés et je ne pus m'empêcher de le trouver particulièrement beau.

– Bonjour, Princesse, sourit-il en me voyant pencher au-dessus de lui.

Ses yeux dorés étaient si attirants, si magnifiques que je mis quelques secondes à reprendre mes esprits.

– Je ne suis pas Princesse, mais Reine, lui répondis-je d'un air hautain en lissant ma robe.

– Excusez-moi, noble Reine, s'excusa-t-il avec une révérence si exagérée que je ne pus m'empêcher de pouffer.

Il se releva et me tendit une main secourable que j'ignorai superbement. Je sautai au sol avec souplesse pour lui montrer que je pouvais me débrouiller toute seule.

Malheureusement, la chance n'était pas de mon côté. Obnubilée par lui sans vouloir me l'avouer, je ne fis pas attention où je mettais les pieds et trébuchai... Avant de m'étaler de tout mon long sur le sol dans une position des plus ridicules.

Je sentis des bras puissants me saisir la taille et me relever sans effort.

Je lui lançais un regard noir et rajustais avec une dignité feinte ma jupe froissée.

– Oh non ! gémis-je d'une voix qui se voulait celle d'une dame de la cour. Regardez ma robe, elle est toute crottée maintenant !

– Permettez-moi de vous aider, ma Reine,  proposa-t-il d'une voix qui était entrecoupée par le rire.

– Mon cher Monsieur, répliquai-je, me serait-il possible de connaître votre identité au préalable ?

– Je me nomme Elendril, noble Dame, dit-il en s'inclinant jusqu'à sol.

– Elendril... ?

– Je ne vous dirais pas mon nom, noble Reine, me taquina-t-il.

– Je le trouverai bien !

Le prenant à l'improviste, je m'élançai vers lui, passai sous son nez et saisit dans la poche de sa chemise l'étui de cuir contenant ses papiers.

– Voyons voir... dis-je d'un air espiègle en lui jettant un coup d'œil.

Il me regardait, un grand sourire aux lèvres. Son regard doré était si déconcertant que j'en oubliais ces histoires de noms et lui demandais d'une voix timide :

– Veux-tu venir te promener avec moi ?

La requête était si étrange et mal placée qu'il ouvrit des yeux ahuris.